Cryptomonnaies
Le stablecoin basé sur le dollar est-il une chaîne de Ponzi géante? Une enquête de Bloomberg ranime les soupçons mais les promoteurs du tether se défendent

Ce n’est pas la première fois que le tether alimente une controverse. Depuis des années, cette cryptomonnaie adossée au dollar est régulièrement soupçonnée d’être basée sur du vent, au moins en partie. Des critiques répètent que ce stablecoin (sa valeur est liée de manière fixe à celle du dollar) ne possède pas assez de réserves pour maintenir son taux de change de 1 pour 1 avec le dollar. Un nouveau cycle de doutes–dénégations–doutes a été lancé par un article de Businessweek publié vendredi 7 octobre.
De «vieilles histoires anecdotiques»
Si les choses étaient simples, la société qui a émis les tethers, Tether Hodlings, détiendrait un peu plus de 68 milliards de dollars en liquide, dans un coffre (ou peut-être plusieurs) et aurait apporté des preuves incontestables que cet argent lui appartient. Cette respectable somme correspond au total de la valeur de tous les tethers en circulation (on parle de capitalisation boursière). Mais rien n’est jamais aussi limpide en matière de cryptomonnaie.
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L’enquête de Businessweek montre que les réserves censées soutenir le tether incluent des milliards de dollars en prêts à court terme consentis à de grands groupes chinois. Ce qui est plus risqué que de bons vieux billets. Le magazine de l’agence Bloomberg avance également que Tether Holdings a aussi prêté des milliards à d’autres sociétés actives dans les cryptos, qui ont déposé des bitcoins en garantie. On passe encore un cran ou deux dans le niveau de risque.
Habitués à répondre aux critiques, les patrons de Tether ont répété durant le week-end que les réserves permettent d’assurer la parité avec le dollar et que les prêts qu’ils ont accordés sont à la fois bien notés par les agences de notation et peu risqués car les emprunteurs ont dû déposer des bitcoins valant davantage que ce qu’ils ont emprunté. Et surtout que Bloomberg cherchait à nuire au tether en ressortant de vieilles histoires anecdotiques.
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Pour y voir plus clair, il faudra peut-être attendre qu’entre en vigueur la loi sur les stablecoins réclamée par les autorités américaines. Ou que l’enquête menée contre des cadres de Tether Holding détermine s’ils ont commis des fraudes bancaires.