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Novartis revend sa participation dans Roche

Le premier groupe bâlois détenait un tiers des titres au porteur du second depuis une vingtaine d’années. Il veut désormais s’en séparer pour des questions «stratégiques». L’opération doit lui rapporter 14 milliards de francs

Le quartier général de Roche à Bâle. Celui de Novartis est situé à trois kilomètres en aval, également le long du Rhin. — © Richard Etienne/ Le Temps
Le quartier général de Roche à Bâle. Celui de Novartis est situé à trois kilomètres en aval, également le long du Rhin. — © Richard Etienne/ Le Temps

Grosse opération financière entre les deux principales firmes pharmaceutiques de Suisse. Novartis va vendre ses actions au porteur de Roche, que ce dernier va lui racheter, ont annoncé les deux firmes rhénanes jeudi. La première détenait depuis vingt ans un tiers des actions au porteur de Roche, soit plus de 53 millions de titres.

Ce rachat d’actions est devisé à 19 milliards de francs selon Roche (Novartis évoque 20,7 milliards de dollars). Il doit être financé par emprunt par Roche, qui entraînera une compression des bénéfices pour ses actionnaires. Pour Novartis, la vente doit lui permettre d’engranger un bénéfice comptable de 14 milliards de francs.

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Novartis est actionnaire de Roche depuis plus de vingt ans. En mai 2001, Novartis a racheté à un homme d'affaires, Martin Ebner, une participation de 20% dans son concurrent bâlois, qu'il a ensuite portée à 33,3%. Il s'agissait du quota le plus élevé possible pour ne pas avoir à lancer une offre publique d'achat sur le reste de Roche. L'opération avait fait croire, à tort, que les poids lourds allaient fusionner. L'investissement a apporté une contribution importante de Novartis, des dividendes dépassant les 6 milliards de dollars.

«Après plus de 20 ans en tant qu’actionnaire de Roche, nous avons conclu que le moment était venu de monétiser notre investissement. Nous allons déployer le produit de la transaction conformément à nos priorités en matière d’allocation de capital afin de maximiser la valeur pour les actionnaires et de continuer à réimaginer la médecine», a déclaré Vas Narasimhan, le directeur général de Novartis.

Prix historiquement élevé

«Je suis convaincu que la transaction envisagée est dans le meilleur intérêt de Roche et des détenteurs de titres de participation de Roche. Roche sera encore mieux positionnée à l’avenir pour fournir des médicaments et des diagnostics dans le monde», indique de son côté Christoph Franz, président du conseil d’administration de Roche.

Ce rachat d’actions est une «grande surprise», selon le Tages-Anzeiger. Le journal alémanique relève tout de même que le prix des actions au porteur avait atteint des sommets historiques, donnant ainsi une occasion favorable de se retirer. Le titre doit s’échanger à près de 360 francs. La NZZ y voit une bonne nouvelle tant la détention de ces parts par Novartis lui paraissait incongrue.

Novartis peut utiliser l'argent de cette opération pour offrir un important dividende à ses actionnaires cette année, réduire sa dette ou notamment pour financer des acquisitions. Le groupe a acquis dans le passé de nombreuses entreprises, et notamment, en 2018, la société de biotechnologie Avexis, qui a développé la thérapie génique Zolgensma, pour 8,7 milliards de dollars.

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La transaction n’entraîne pas de changement de contrôle, car le pool formé par les actionnaires des familles fondatrices de Roche détenait auparavant la majorité des voix représentées aux assemblées générales de la multinationale. Le pourcentage d’actions de Roche détenues par le public (appelé «flottant») passera de 16,6% actuellement à 24,9% avec l’annulation de la participation détenue par Novartis. La transaction doit être soumise à l’approbation des actionnaires de Roche lors d’une assemblée générale extraordinaire le 26 novembre.

L’an dernier, Roche a publié un chiffre d’affaires de 58,3 milliards de francs et Novartis de 48,7 milliards de dollars. Les deux groupes, qui collaborent sur de nombreux fronts scientifiques, emploient chacun plus de 100 000 personnes dans le monde et sont cotés à la bourse suisse.