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On se bouscule sur le marché des prix cassés

Dès aujourd'hui, une nouvelle compagnie, bmi Baby, se lance contre Ryan Air, EasyJet, Go et Buzz. A quand la pléthore?

Bmi Baby (prononcé en anglais, be my baby, sois ma chérie…). C'est avec ce nom légèrement infantile que British Midland, la deuxième compagnie «conventionnelle» de Grande-Bretagne derrière British Airways, compte faire sa place au soleil des coûts cassés. Dès aujourd'hui, de sa base d'East Midlands, la cinquième émanation du genre en Europe, une nouvelle fois britannique, enregistre sur Internet ou par téléphone les réservations pour ses vols à destination de Palma, Malaga, Nice, Barcelone (tous les jours), Faro (trois fois par semaine) et Murcie (deux fois), qui démarreront le 23 mars, à un prix compétitif (dès 25 livres l'aller simple). Juste après l'annonce par Ryan Air, leader du secteur, de l'acquisition de 100 Boeing 737-800, avec une option sur 50 autres, pour un contrat à la valeur catalogue de près de 15 milliards de francs, ce nouvel élément vient confirmer l'attrait d'une formule qui conserve une marge importante de progression.

Même si les prévisions de croissance de Ryan Air, qui vise 25% par an sur dix ans, paraissent exagérées aux yeux de plusieurs analystes, même si les actions des compagnies cotées du secteur semblent en regard plutôt chères (Morgan Stanley vient de passer en négatif sur Ryan Air), la part du «low cost» en Europe n'est encore que de 4%. Aux Etats-Unis, le pionnier South West et ses disciples atteignent 16%. Et rien, pas même le train à grande vitesse (beaucoup plus cher), ne permet de prédire que l'Europe a un potentiel moins élevé que l'Amérique.

Deux ou trois géants

Au moment où les grands transporteurs réduisent leur offre et cherchent désespérément des partages de code avec des compagnies plus petites pour remplir leurs long-courriers (à l'image des couples Air France-Alitalia ou British Airways-KLM), les «low cost» font feu de tout bois: EasyJet investit Gatwick sur les cendres des slots abandonnés par BA, négocie l'acquisition de 75 appareils avec Boeing et Airbus, et attend le feu vert des autorités françaises pour s'installer à Paris-Orly; Buzz (filiale déficitaire de KLM) augmente son offre de 40% vers la France (neuf destinations de plus) et introduit quatre vols internes dans l'Hexagone; et Go met sur pied une troisième base, à East Midlands (après Stansted et Bristol), pour contrer bmi Baby…

Cette effervescence confirme le scénario à trois vitesses vers lequel s'oriente le transport aérien en Europe: deux ou trois géants (Air France, dont le bilan est le plus sain, Lufthansa et British Airways, si le pire n'arrive pas) abandonnant pratiquement le trafic intra-européen pour se concentrer sur le long-courrier; des compagnies nationales traditionnelles (desquelles certaines, comme Aer Lingus, pourraient disparaître) réduites au rôle de super-régionaux et de pourvoyeurs de passagers long-courriers en vertu d'accords de code-sharing; et un marché du «low cost» indépendant, à croissance à deux chiffres sur dix, voire vingt ans. Dans ce cas de figure, l'option d'une alliance de la nouvelle «Swiss Airlines» avec Lufthansa, la plus plausible, réduirait les efforts suisses à créer une «Super Crossair»…