Deux ou trois géants
Au moment où les grands transporteurs réduisent leur offre et cherchent désespérément des partages de code avec des compagnies plus petites pour remplir leurs long-courriers (à l'image des couples Air France-Alitalia ou British Airways-KLM), les «low cost» font feu de tout bois: EasyJet investit Gatwick sur les cendres des slots abandonnés par BA, négocie l'acquisition de 75 appareils avec Boeing et Airbus, et attend le feu vert des autorités françaises pour s'installer à Paris-Orly; Buzz (filiale déficitaire de KLM) augmente son offre de 40% vers la France (neuf destinations de plus) et introduit quatre vols internes dans l'Hexagone; et Go met sur pied une troisième base, à East Midlands (après Stansted et Bristol), pour contrer bmi Baby…
Cette effervescence confirme le scénario à trois vitesses vers lequel s'oriente le transport aérien en Europe: deux ou trois géants (Air France, dont le bilan est le plus sain, Lufthansa et British Airways, si le pire n'arrive pas) abandonnant pratiquement le trafic intra-européen pour se concentrer sur le long-courrier; des compagnies nationales traditionnelles (desquelles certaines, comme Aer Lingus, pourraient disparaître) réduites au rôle de super-régionaux et de pourvoyeurs de passagers long-courriers en vertu d'accords de code-sharing; et un marché du «low cost» indépendant, à croissance à deux chiffres sur dix, voire vingt ans. Dans ce cas de figure, l'option d'une alliance de la nouvelle «Swiss Airlines» avec Lufthansa, la plus plausible, réduirait les efforts suisses à créer une «Super Crossair»…