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La pandémie et la vague verte font flamber le cours de l’argent

L’once de métal blanc s’échange à près de 26 dollars, deux fois plus qu’il y a six mois. La valeur refuge attire les investisseurs. Elle est aussi prisée de l’industrie, des antennes 5G aux panneaux photovoltaïques

Des lingots d’un kilogramme d’argent. Ceux-ci ont été raffinés par le groupe neuchâtelois Metalor Technologies. — © Matthieu Spohn pour Le Temps
Des lingots d’un kilogramme d’argent. Ceux-ci ont été raffinés par le groupe neuchâtelois Metalor Technologies. — © Matthieu Spohn pour Le Temps

Après l’or, l’argent. Le cours du métal blanc s’est envolé depuis le mois de mars, passant de moins de 12 dollars l’once à plus de 25 dollars ce lundi, après un pic à 29 dollars la semaine dernière. Ce prix est le plus élevé depuis six ans et cette hausse (de plus de moitié en six mois), la plus significative depuis 1979.

La demande est forte en ces temps de pandémie, notamment parce que ledit «or du pauvre» demeure une valeur refuge et que les taux d’intérêt sont négatifs, selon les analystes. Les avoirs dans des fonds négociés en bourse adossés à l’argent ont d’ailleurs atteint la bagatelle de 8445 tonnes cette année, presque le double du record précédent de 2009.

Faible résistance électrique

L’argent est également prisé des industriels, beaucoup plus que l’or. Les technologies durables, notamment les équipements électroniques et les panneaux solaires, sont en verve et elles représenteraient les trois quarts de la demande. Des mesures gouvernementales en faveur de l’environnement, à hauteur de 50 millions de dollars, ont été prises cette année à travers le globe, soulignent les experts du groupe BMO Capital Markets, alors que l’électricité des panneaux photovoltaïques est toujours plus compétitive. Joe Biden, le candidat démocrate aux Etats-Unis, place notamment les énergies vertes au centre de son plan de relance de l’économie américaine.

L’argent est aussi utilisé comme catalyseur dans la fabrication d’oxyde d’éthylène que l’on trouve dans les plastiques pour les masques faciaux et les gants, très demandés cette année. Les antennes 5G et les éoliennes, qui poussent un peu partout, en dépendent également, tout comme les véhicules électriques. L’argent possède la résistance électrique la plus faible parmi tous les métaux à des températures standards, et il n’existe pas de métaux de substitution, relève The Silver Institute, une organisation américaine.

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«Le rythme d’achat a été incroyable pour les produits en argent, alors que vous attendez cela de l’or, selon Suki Cooper, une analyste de Standard Chartered citée par le Financial Times. Mais une fois que les investisseurs considèrent que le prix de l’or est trop élevé, ils tendent à se tourner vers l’argent, ou à regarder le ratio or/argent et estimer qu’il est sous-évalué.» L’once du métal jaune s’est échangée à un record de 2060 dollars le 8 août, contre 1500 dollars en début d’année.

Les prix grimpent aussi parce que l’offre s’étiole. La pandémie a contraint les mines péruviennes et mexicaines, qui représentent près de 40% de l’approvisionnement mondial, à tourner au ralenti. Certaines pourraient même fermer temporairement, estime The Silver Institute. Les analystes de CRU Group, cités par Bloomberg, qui anticipaient en début d’année une hausse de la production d’argent de 4,5% en 2020, misent désormais sur une baisse de 4%. L’argent est souvent un produit dérivé dans des mines de cuivre, de zinc ou de plomb, des métaux qui s’échangent à bas prix, ce qui n’incite guère à une accélération des activités.