Le parcours d’un jeune couple qui innove autour du café
Boisson
La start-up Direct Coffee, sélectionnée par MassChallenge, vend du café torréfié en capsules, grains ou moulu et propose à ses clients une télécommande connectée pour passer commande. Le tout avec éthique

Parmi les 72 start-up sélectionnées par MassChallenge qui viennent d’élire domicile pour quatre mois à Renens (VD), l’une d’entre elles, Direct Coffee, a choisi de se lancer dans le marché concurrentiel du café. Mais pas comme tout le monde.
La start-up, qui retournera à Bâle après son séjour dans le canton de Vaud, a, par exemple, développé une sorte de petit boîtier connecté qui pourrait faire penser au dash button d’Amazon. Cette télécommande, à aimanter sur sa machine, permet d’acheter du café à la demande en appuyant sur un simple et unique bouton. «Il n’est ainsi plus nécessaire d’allumer son ordinateur ou d’ouvrir une application», précise Michaël Tuil, cofondateur avec sa femme Marie, de Direct Coffee.
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La start-up propose aussi des cold brew, une nouvelle manière de boire du café froid, souvent agrémenté de lait et de glaçons. Celui-ci a été infusé à froid durant 24 heures, puis filtré et pasteurisé. «Pour lancer cette boisson, désormais disponible sur notre site, on a effectué une campagne de financement participatif qui nous a permis de récolter près de 9000 francs. Nous travaillons aussi avec un producteur de sachets de thé en Appenzell. Ces sachets, commercialisés dès la fin de juillet, contiendront non pas du thé mais du café pour préparer le cold brew», note Marie Tuil.
Capsules compatibles Nespresso
Qu’est-ce qui a poussé ce jeune couple à se lancer dans le marché saturé du café? Marie Tuil était auparavant journaliste en Allemagne alors que Michaël travaillait comme conseiller en stratégie chez Boston Consulting Group. Globe-trotters, ils ont découvert l’Ethiopie durant leur voyage de noces.
C’est en rencontrant différents producteurs et coopératives du pays qu’ils ont décidé de fonder une start-up. «Chaque coopérative regroupe plusieurs centaines de petits producteurs et est liée à un village spécifique, avec généralement une ou deux écoles, explique Michaël Tuil. Dès le départ, nous avions choisi de reverser une partie des revenus de notre start-up aux coopératives pour des projets sociaux qui répondent aux besoins des producteurs et de leur famille.»
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Le couple rentre en Suisse avec un premier accord de la coopérative de Bufeta Gibe où le café est récolté à la main dans les forêts. Puis, il trouve d’autres importateurs pour se partager et importer les 18 tonnes de grains de café vert que contient un seul container. Les deux jeunes entrepreneurs sélectionnent un torréfacteur à Genève, ainsi qu’un producteur de capsules biodégradables. Puis, ils lancent leur site de vente en ligne proposant du café fraîchement torréfié en capsules – compatibles Nespresso –, en grains ou moulu. «Nous avons appris sur le tas», précise Michaël Tuil, qui se rend régulièrement en Ethiopie pour tester, goûter et vérifier la mise en place des projets sociaux.
Les premières ventes ont démarré en juin 2016. Lorsqu’un internaute choisit de passer commande auprès de Direct Coffee, il sélectionne le projet qui permet de soutenir un enfant, à savoir un test de vue et des lunettes pour les enfants de l’école de Qottaa, un repas pour les écoliers de Bufeta Gibe ou un traitement vermifuge pour compléter le programme du gouvernement.
Un quart des revenus reversés en Ethiopie
Actuellement, la start-up propose trois torréfactions différentes. «Nous proposons un abonnement flexible où l’on peut choisir la fréquence de livraison, avec la possibilité d’annuler à tout moment. Le paquet de café en grains ou moulu coûte 15,50 francs et la capsule compatible coûte 69 centimes frais de port inclus. Nos prix sont concurrentiels avec ceux de Nespresso pure origine, affirme Michaël Tuil. 25% des revenus sont reversés aux producteurs, coopératives et projets sociaux en Ethiopie, 25% sont destinés aux partenaires pour l’importation, la torréfaction, l’envoi, l’empaquetage, 25% sont réinvestis dans l’entreprise pour de nouveaux produits et 25% constituent nos salaires.»
Quelques entreprises sont déjà clientes, à l’exemple des incubateurs Impact Hub à Genève et Zurich, un bureau à Saint-Gall, une succursale de la Banque Cler à Bâle. La start-up, qui espère réaliser cette année un chiffre d’affaires de 300 000 francs, compte actuellement 200 clients privés.