Forum Horizon
Pour le géopolitologue français, qui a inauguré le Forum Horizon, les craintes des Américains de se voir dépassés par la Chine exacerbent les tensions

Ce mardi 29 janvier a lieu le Forum Horizon, au Campus Biotech à Genève. Retrouvez au long de la journée des résumés des interventions de nos experts. Nous commençons avec Pascal Boniface, de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
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Washington et Pékin, c’est Sparte et Athènes. La puissance dominante se sent menacée par celle émergente et de cette peur éclatera la guerre du Péloponnèse. C’est avec cette analogie historique peu rassurante que Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), dresse un état des lieux géopolitique du monde. Il s’exprimait mardi en ouverture de la quatrième édition du Forum Horizon, organisé par Le Temps, au Campus Biotech à Genève.
Pour l’heure, une bataille commerciale
Cette situation historique, dite piège de Thucydide, est sur le point de se reproduire, selon le géopolitologue, qui cite le politologue Graham Allison. «L’affrontement commercial et politique auquel se livrent ces deux puissances laisse des traces», relève-t-il, en citant les répercussions négatives déjà constatées sur l’économie mondiale. Cette guerre, qu’elles ne se livrent pour l’heure qu’au niveau commercial, sera le fait à retenir pour appréhender les défis géostratégiques pour 2019, selon lui.
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Le scénario du pire pour l’éviter
«La dissuasion qui émerge du scénario du pire permet d’éviter le conflit armé.» Mais la rivalité entre les deux adversaires est loin de s’apaiser. «En voulant restaurer la grandeur des Etats-Unis, comme il le clame dans sa devise, Donald Trump admet que Washington a déjà perdu le leadership.»
D’un autre côté, la Chine revendique le statut de première puissance qui, selon elle, lui revient de droit. «Pour qu’il y ait une issue, les deux géants doivent y trouver leur compte. Aucun des deux ne peut perdre la face», poursuit Pascal Boniface.
Quant à l’Europe, elle aurait tort de croire que le moment Trump n’est que passager: «Son élection traduit un phénomène beaucoup plus profond, d’ordre structurel.» Et de plaider pour une Europe autonome, qui ne ferait pas son agenda seulement en fonction de la peur de la Russie et sous la protection exclusive des Etats-Unis. Cela implique de quitter la vision aujourd’hui dépassée du «monde occidental».
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