Vous avez de l’argent bloqué sur une plateforme de cryptomonnaies? Les fondateurs du hedge fund Three Arrows Capital, qui a implosé l’été dernier après avoir investi dans des cryptos, pensent avoir trouvé la solution. Lorsqu’un acteur des cryptos fait faillite, ses clients détiennent une créance équivalant au montant des avoirs auxquels ils ne peuvent plus accéder. L’idée des patrons de Three Arrows Capital: lancer une plateforme, basée à Dubaï, pour permettre aux détenteurs de ces créances de les échanger. Vu le nombre d’accidents qui ont agité la cryptosphère en 2022, cette place de marché, nommée Open Exchange, ou OPNX, estime qu’environ 20 millions d’utilisateurs de cryptos auraient des fonds bloqués dans le monde, ce qui représente 20 milliards de dollars au total.

Parmi eux se trouvent les ex-clients de Three Arrows Capital – qui était l’un des plus importants hedge funds dans le monde crypto jusqu’à ce qu’il parie massivement sur des jetons numériques dont la valeur a chuté. «Après avoir discuté avec nos créanciers, le concept d’OPNX nous est apparu comme la meilleure façon d’avancer», a expliqué sur Twitter Su Zhu, l’un des fondateurs de Three Arrows Capital, dont la faillite est actuellement examinée par un tribunal des îles Vierges britanniques.

Dans un premier temps, Open Exchange permettra à des clients de convertir leurs créances en actifs numériques, qui seront apportés en garantie pour investir par la suite dans des produits sophistiqués sur les cryptos.

Attendre et espérer ou encaisser maintenant

«Plutôt qu’attendre la résolution de la faillite concernée et recevoir un remboursement très partiel des années plus tard, le détenteur d’une créance peut préférer céder son droit à récupérer cet argent à un autre investisseur, à un prix inférieur à la valeur de la créance. Le détenteur initial récupère une partie de son investissement et l’acheteur attendra la fin de la procédure avec l’espoir de récupérer davantage que ce qu’il a payé», détaille Jérôme Trotignon, d’ITERAM, une société genevoise spécialisée dans la gestion alternative.

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Un tel mécanisme a été utilisé par des clients de Madoff, qui ont préféré vendre avec une décote leur droit à récupérer des fonds, par exemple à 60 ou 80% de sa valeur. Plus de 14 ans après la révélation de l’escroquerie du financier new-yorkais, un avocat continue à recouvrer des capitaux, qu’il distribue entre les victimes. Côté acheteurs, des fonds alternatifs sont spécialisés dans l’achat de telles créances ou d’autres titres de dette problématique, à travers des stratégies appelées distressed debt.

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Plusieurs grands acteurs du monde des cryptos ont explosé en 2022, comme Celsius ou Voyager Digital, qui effectuaient des prêts en actifs numériques, et FTX, la plateforme de Sam Bankman-Fried. Lors de sa faillite le 11 novembre 2022, cette dernière était soupçonnée d’avoir perdu 8 milliards de dollars appartenant à ses clients. Le 12 janvier, les liquidateurs de l’entreprise ont indiqué avoir récupéré des actifs valant 5 milliards.

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«Perpétuel optimiste»

Quelque 3600 personnes se seraient préinscrites sur la plateforme Open Exchange, qui n’est pas ouverte aux Américains, toujours selon Su Zhu – que son profil Twitter décrit comme un «perpétuel optimiste». Cette place de marché, qui aura son propre jeton numérique (le FLEX), est mise sur pied avec la participation des dirigeants de CoinFlex, une plateforme d’échange actuellement en phase de restructuration aux Seychelles.

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A terme, Open Exchange prévoit d’assurer le dépôt décentralisé d’actifs numériques et de fournir un service de compensation, mais aussi des produits d’investissements liés aux actions et aux devises, selon le Wall Street Journal. Dernier point, ses patrons se sont engagés à une transparence totale qui permettra de savoir en tout temps où se trouvent les fonds des clients. Exactement l’inverse des «boîtes noires» qu’étaient les entreprises qui ont explosé en vol.