A première vue, le marché européen des actions paraît peu attrayant. La crise de la dette souveraine s’éternise, le risque d’un éclatement de la zone euro demeure et les mesures d’austérité ne laissent guère augurer l’espoir d’une reprise rapide de l’économie. L’OCDE vient d’ailleurs de revoir à la baisse ses perspectives. Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro devrait ainsi baisser de 0,4% cette année et de 0,1% en 2013. Selon l’organisation, il faudra attendre 2014 pour que la zone euro renoue avec la croissance (+1,3%).
Face aux journalistes invités vendredi dans les bureaux londoniens de GAM, géant zurichois de la gestion de fortune, Niall Gallagher a partagé ces inquiétudes. Pourtant, en tant que responsable des investissements pour le marché actions en Europe, il croit fermement aux opportunités qu’offre actuellement le Vieux Continent aux investisseurs. Pour les convaincre, il souligne que son fonds GAM Star Continental European – qui pèse 265,5 millions d’euros – affichait une performance annuelle de 26,5% fin octobre, contre 11,17% pour l’Eurostoxx 50.
Cette croissance, Niall Gallagher va la chercher de l’autre côté du globe, tout en investissant dans des entreprises européennes cotées en bourse. Car si ces dernières réalisaient 75% de leurs revenus en Europe en 1990, cette proportion est aujourd’hui de 50%, assure-t-il en prenant pour exemple BMW, dont la moitié des profits proviennent de Chine, ou encore Swatch, qui peut compter sur une clientèle majoritairement chinoise.
Pour Niall Gallagher, cette tendance à vendre toujours plus sur les marchés mondiaux – principalement en Asie – constitue une grande différence entre les entreprises européennes et leurs homologues américaines davantage tournées vers le marché domestique. Selon ses calculs, les titres européens sont également bien meilleur marché que les titres américains, et cela malgré un niveau de croissance quasi identique au cours des trente dernières années.
Bien évidemment, toutes les sociétés européennes ne sont pas logées à la même enseigne. Les secteurs dirigés vers l’extérieur, tels que ceux liés à la consommation ou à l’industrie, sont ainsi largement privilégiés. Inditex, maison mère de Zara, est citée en exemple: «Cette chaîne espagnole de magasins de vêtements prévoit d’ouvrir sa millième boutique en Chine l’année prochaine», indique Niall Gallagher.
Si l’Espagne est bien représentée dans les fonds actions de GAM, au même titre que l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou la Suède, c’est également le cas des entreprises suisses. C’est d’ailleurs Schindler qui est aujourd’hui la position dominante dans le portefeuille de Niall Gallagher (4,9%). Une position renforcée par un bilan solide de l’entreprise, qui lui a permis d’emprunter au taux de 1% l’année dernière sur le marché du crédit, explique ce dernier.
Pour continuer à attirer des investisseurs, Niall Gallagher peut compter sur l’important réseau de GAM, qui gère quelque 48 milliards de dollars. A en croire Craig Wallis, responsable de la clientèle institutionnelle et de la distribution des fonds, il y aurait d’ailleurs, depuis quelques semaines, un regain d’intérêt pour les marchés actions, notamment en raison des taux d’intérêt historiquement bas sur les marchés obligataires. Une tendance confirmée par Niall Gallagher. Qui précise néanmoins que, si 65 % des clients de GAM sont originaires d’Europe, le sursaut d’intérêt pour les actions européennes concerne, pour l’heure, principalement des investisseurs asiatiques.
Les secteurs dirigés vers l’extérieur, liés à la consommation ou à l’industrie, sont largement privilégiés