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Pékin investit chez ses voisins pour esquiver les surtaxes

Selon la Banque asiatique de développement, qui a publié ses prévisions pour 2019, l’Asie reste le moteur de l’économie mondiale. La banque appelle ses membres à la vigilance face aux risques actuels

Des entreprises chinoises délocalisent une partie de leur production de textiles, notamment au Vietnam. Les exportations vietnamiennes ne font pas l’objet de surtaxes aux Etats-Unis. — © Lee Jong-duk/Young Inner Vina Co. via Reuters
Des entreprises chinoises délocalisent une partie de leur production de textiles, notamment au Vietnam. Les exportations vietnamiennes ne font pas l’objet de surtaxes aux Etats-Unis. — © Lee Jong-duk/Young Inner Vina Co. via Reuters

Guerre commerciale avec les Etats-Unis et ralentissement économique. L’économie chinoise s’est vite rendue à l’évidence quant à d’éventuelles conséquences négatives de ces deux événements et, dès l’an dernier, a déployé une batterie de mesures pour renforcer sa résilience. Entre autres, les entreprises chinoises ont multiplié les investissements dans les pays asiatiques qui ne sont pas ciblés par les sanctions américaines.

Selon la Banque asiatique de développement (BAD), qui a publié mercredi ses «Perspectives économiques 2019», 54,9 milliards de dollars ont ainsi été consacrés pour installer de nouvelles unités de production dans une dizaine de pays, notamment au Vietnam, en Indonésie, aux Philippines, au Bangladesh, en Malaisie ou encore au Kazakhstan. Soit une augmentation de 198% par rapport à 2017.

Investissements «greenfield»

Selon la BAD, cette tendance devrait se poursuivre ces prochaines années. La banque relève que des investissements américains continuent aussi à affluer dans les mêmes pays d’Asie. «Ils ont atteint 37 milliards de dollars l’an dernier, soit une augmentation de 71% par rapport à 2017, note-t-elle. Mais seulement 20% de ce montant comprend des investissements greenfield, c’est-à-dire destinés à créer de nouvelles usines et non des rachats d’entreprises déjà existantes.» Pour la Chine, la proportion est de presque 100%.

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La stratégie chinoise n’a toutefois pas empêché le ralentissement de son économie. La BAD a en effet révisé sa prévision conjoncturelle pour la Chine à la baisse: de 6,6% prévus initialement à 6,3% pour cette année. La chute se poursuivrait en 2020, avec un taux attendu de 6,1%.

En revanche, l’Inde, l’autre géant asiatique, enregistrera une forte croissance: 7,2% en 2019 et 7,3% en 2020, contre 7% en 2018. Selon la BAD, l’économie du sous-continent s’est montrée non seulement résiliente face au ralentissement mondial, mais a aussi progressé en raison des nouvelles allocations fournies à l’agriculture. La croissance est, souligne la banque de développement, alimentée aussi notamment par un marché intérieur dynamique.

Bangladesh, champion 2019

Mais le champion 2019 sera le Bangladesh dont le taux de croissance atteindra 8% cette année, contre 7,9% l’an dernier. Son économie profite des dépenses en hausse de la part d’une vigoureuse classe moyenne.

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Pour l’ensemble de la région couverte par la BAD (45 pays en développement d’Asie et d’Océanie), la croissance reculera à 5,7% en 2019, contre 5,8% en 2018 et 6,2% en 2017. Mais malgré le tassement, l’Asie continuera à jouer le rôle moteur de l’économie mondiale. En janvier dernier, le Fonds monétaire international estimait la croissance mondiale à 3,5% pour cette année, dont 1,6% pour la zone euro, 2,5% pour les Etats-Unis et 1,1% pour le Japon.

Pour le Japonais Yasuyuki Sawada, chef économiste de la BAD, l’Asie doit maintenir ses efforts pour renforcer sa résilience face aux risques conjoncturels. «Même si les hausses brutales des taux d’intérêt américains semblent avoir cessé pour le moment, les autorités doivent rester vigilantes en ces temps incertains», a-t-il ajouté mercredi à Manille, siège de la BAD.