Scandale
Après le secteur bancaire, des négociants en pétrole genevois pourraient se retrouver impliqués dans l’affaire de corruption brésilienne. Un directeur a en été arrêté dans un aéroport mercredi au Brésil

Le scandale de corruption Petrobras continue de faire des remous des deux côtés de l’Atlantique, en Suisse comme au Brésil. Mercredi, c’est un haut dirigeant de Trafigura, géant du négoce de matières premières installé à Genève, qui a été arrêté dans un aéroport brésilien. Selon l’agence de presse Reuters, Mariano Marcondes Ferraz aurait été directement impliqué dans le scandale par un ancien directeur de Petrobras – Paulo Roberto Costa – passé aux aveux en 2014 dans le cadre d’un accord avec la justice brésilienne.
Contacté vendredi matin, Trafigura confirme avoir été informé et précise être en train de chercher «urgemment» des informations complémentaires. Sans faire toutefois d’autres commentaires.
Le site internet du groupe indique que Mariano Marcondes Ferraz, un Brésilien d’origine, a rejoint Trafigura en 2007 après avoir travaillé pour Marc Rich et Glencore. En 2009, il a été nommé directeur de DT Group, une coentreprise («joint-venture») active principalement en Angola. Puis, il a accédé à la direction du groupe en septembre 2014, où il est depuis en charge du développement des affaires et des collaborations externes.
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De son côté, Reuters rappelle que Trafigura, en partenariat avec le fonds souverain d’Abu Dhabi, a remporté en 2013 un appel d’offres pour développer le super-port minier de Sudeste, dans l’Etat de Rio de Janeiro. Une opération chiffrée à 996 millions de dollars.
Au tour des traders?
Le scandale Petrobras, du nom de cette entreprise pétrolière étatique dont les dirigeants, ainsi que des hommes politiques, auraient touché des pots-de-vin en échange de contrats pouvant atteindre des centaines de millions de dollars, secoue le Brésil depuis plus de deux ans. S’il s’est également rapidement étendu à la Suisse, il n’avait impliqué jusqu’alors que le secteur bancaire – l’argent issu de la corruption ayant été caché et blanchi dans des comptes à Genève, à Zurich et au Tessin.
La justice suisse coopère depuis de manière approfondie avec son homologue brésilienne. En mars dernier, lors de son dernier point presse sur le dossier, le Ministère public de la Confédération avait indiqué avoir déjà ouvert plus de 60 enquêtes pénales et fait bloquer 800 millions de dollars dans le cadre de cette affaire. Plus de 1000 comptes étaient concernés dans une quarantaine d’établissements.
Reprise de la transmission des informations
En début de semaine, on apprenait que la remise de documents bancaires aux autorités brésiliennes, bloquée depuis le mois de janvier par une procédure judiciaire, était de nouveau autorisée après un arrêt rendu par le Tribunal fédéral le 5 octobre dernier. Ces transmissions d’informations devraient reprendre dans les semaines prochaines, selon nos informations.
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Odebrecht se met à table
Au Brésil, l’information de cette fin de semaine concerne Marcelo Odebrecht. Arrêté en juin 2015 pour son implication dans le scandale Petrobras, l’homme d’affaires qui était à la tête du plus grand groupe BTP de son pays est passé à table dans le cadre d’un accord avec la justice («plea bargain»).
Selon la presse brésilienne, la première victime de ses aveux ne serait autre que José Serra, le ministre des Affaires étrangères actuel. Marcelo Odebrecht aurait indiqué aux enquêteurs avoir versé 23 millions de réales (7,1 millions de francs) sur des comptes en Suisse en 2010 afin de financer sa campagne pour les élections présidentielles (José Serra était le principal rival de Dilma Rousseff).
Pour la presse brésilienne, il ne fait aucun doute que ses révélations vont mettre à mal le gouvernement de Michel Temer. Voire même le faire imploser.