Le pétrole entraîne les bourses mondiales dans sa chute
Crise
Demande en baisse, offre excédentaire... Cette configuration inédite faisait baisser le baril de brut de près de 30% lundi matin. Direction la barre des 20 dollars, selon un expert américain. Les marchés mondiaux ont entamé la semaine avec un lundi noir

Les marchés financiers sont saisis d’une nouvelle vague de panique ce lundi, cette fois à cause du pétrole. Le marché du brut est en effet pris sous le feu croisé de deux tendances qui ne se produisent habituellement pas en même temps: un choc de la demande et une offre surabondante.
Lundi matin, le prix du baril a chuté de 30%, du jamais-vu depuis 1991. Rarement, les places mondiales affichaient pareille déroute: en Asie, les Bourses de Tokyo (-5,1%), Shanghai (-3,0%) et Shenzhen (-3,8%) ont clôturé leurs séances respectives dans le rouge vif, affectant leurs homologues européennes à Paris (CAC 40 -7,2%), Londres (FTSE 100 -7,2%) et Francfort (Dax -6,5%).
En Suisse, la place zurichoise n'était pas épargnée par cette lame de fond, le principal indice SMI chutant de 6,3% à l'ouverture.
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Retour au pétrole: la baisse de la demande de brut découle du ralentissement économique provoqué par l’épidémie du nouveau coronavirus. Premier consommateur de brut au monde, la Chine, qui absorbe près de 10% de la production mondiale (soit 14 millions de barils par jour), a mis ses usines à l’arrêt, tandis que des restrictions étaient imposées sur les voyages ailleurs dans le monde.
Résultat, la demande d’hydrocarbures s’est effondrée. Lundi matin, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a annoncé qu’elle prévoyait une baisse de la demande mondiale de pétrole en 2020, ce qui serait une première depuis 2009.
Notre suivi de cette journée du lundi 9: [En continu] Le pétrole perd 30%, les bourses dévissent
De près de 54 dollars le 20 février, le baril de brut WTI avait perdu près de 10 dollars en dix jours, alors que les marchés financiers reculaient de plus de 12% entre le 20 et le 28 février. Après deux jours de faible reprise, les cours du brut sont entrés dans une chute de plus en plus rapide en fin de semaine passée, pour passer sous les 33 dollars lundi matin.
Désaccord au pire moment
Cet emballement a été exacerbé par la guerre des prix qui oppose depuis vendredi la Russie et l’Arabie saoudite. Ryad avait proposé de baisser sa production d’un million de barils par jour si Moscou et ses partenaires diminuaient la leur de 500 000 barils. Ce que le ministre russe de l’énergie a refusé. En réaction, l’Arabie saoudite a abaissé ses prix et promis d’augmenter sa production. Le baril de brut a chuté de 10% en quelques minutes, suite à cet épisode qui marque aussi l’explosion de l’alliance OPEP+, qui contrôlait les cours du brut depuis fin 2016.
Cette combinaison apparemment unique dans l’histoire d’une demande en recul et d’une offre excédentaire pourrait pousser le baril de brut jusqu’au niveau de 20 dollars, selon le responsable de la recherche sur les hydrocarbures chez Citigroup, Ed Morse, interrogé par Bloomberg.
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Dans le même temps, les bourses étaient dans le rouge partout sur la planète. En Asie, l’indice japonais Nikkei a subi sa pire chute depuis février 2018, à 5,07%, tandis que Shanghai et Shenzhen chutaient de 3% et 3,8% respectivement.