Matières premières
Les incendies en Alberta avaient fait monter les prix du brut ce weekend. Ils sont repartis à la baisse lundi suite à la nomination d’un nouveau ministre à Riyad

L’immense incendie qui a déjà ravagé plus de 1600 km2 dans la province de l’Alberta, au centre du Canada, a eu un impact direct sur les prix du pétrole ce week-end. Tant le cours de Brent, référence en Europe, que celui du WTI, son alter ego américain, étaient orientés à la hausse.
C’est que la région de Fort McMurray, ville de 80 000 habitants qui a dû être entièrement évacuée, regorge de pétrole. Ses réserves de sables bitumineux sont estimées à 170 milliards de barils, ce qui en fait les troisièmes réserves de brut au monde, derrière le Venezuela et l’Arabie Saoudite.
Or, plusieurs sociétés pétrolières ont dû arrêter leur exploitation, encerclée par les flammes, en urgence ces derniers jours. Dimanche, c’est le premier groupe pétrolier canadien Suncor qui a annoncé l’évacuation de 10 000 personnes.
Si les installations n’ont pas été directement mises en danger – une zone tampon ayant permis de les protéger des flammes – la production pourrait toutefois s’en retrouver ralentie durant des mois, estiment les experts. La baisse équivaudrait déjà à 1, voire à 1,5 million de barils par jour. Soit le quart de la production canadienne environ.
Nouveau ministre, nouvelle stratégie?
Dans d’autres conditions, les producteurs de l’Alberta auraient probablement apprécié une telle remontée des prix. Leur coût d’exploitation étant relativement élevé, ils ont beaucoup souffert de la chute des cours enregistrée entre juin 2014 et janvier 2016. Le secteur aurait même perdu plus de 35 000 emplois l’an dernier dans la région.
Cette période difficile, les Canadiens la doivent en partie à l’Arabie Saoudite qui n’a pas souhaité geler sa production de pétrole ces derniers mois. Ils pourraient ainsi voir d’un bon œil la nomination d’un nouveau ministre du pétrole – synonyme de nouvelle stratégie? – ce week-end à Riyad. Mais à voir la réaction des investisseurs, la politique du nouveau venu, Khalid al-Falih, ne devrait guère différer de celle de son prédécesseur Ali al-Naimi. Les cours du baril sont ainsi repartis à la baisse lundi des deux côtés de l’Atlantique: le WTI valait 43,70 dollars en fin de journée (-2,15%) et celui de Brent 43,95 dollars (-3,15%).
Sur le plus long terme, les producteurs canadiens peuvent toujours se réjouir des résultats d’un rapport tout récemment publié par le consultant IHS: l’année dernière les découvertes de champs de pétrole dans le monde sont tombées à leur plus bas niveau depuis 1954. Autant de brut qui ne se retrouvera pas sur le marché dans quelques années.