Publicité

Tandis que le pétrole flambe, les constructeurs automobiles s'adaptent mollement

Le prix du pétrole a atteint un nouveau sommet mardi et se maintient à un niveau qu'il n'avait plus connu depuis une quinzaine d'années. Si Toyota, pionnier des voitures hybrides, paraît mieux placé que ses concurrents pour offrir des modèles moins gourmands à la clientèle, le secteur automobile reste sceptique sur leur succès rapide

Nouveau record mardi soir: le cours du pétrole clôturait à 44,15 dollars à New York. Qu'il s'agisse du risque terroriste, de Yukos ou de l'incapacité de l'OPEP à produire plus, la moindre mauvaise nouvelle pousse l'or noir à la hausse depuis deux semaines. Logiquement, le prix de l'essence suit. Mardi matin, le litre coûtait en moyenne 2 centimes de plus en Suisse, atteignant la barre des 1 fr. 50. Après des années de détente sur les prix, le consommateur – et en particulier l'automobiliste – peut s'attendre à débourser davantage, et durablement. Mais les constructeurs de voitures ont-ils anticipé la tendance? Ceux qui l'ont fait se portent-ils mieux que les autres?

Coïncidence: Toyota, pionnier des technologies économisant l'essence, a présenté mardi des résultats trimestriels en forte progression. Le bénéfice net du constructeur nippon a augmenté de 29% à 3,3 milliards de francs. Mis à part le Japon, les ventes ont progressé dans toutes les régions, plus particulièrement aux Etats-Unis. «Les constructeurs japonais prennent des parts de marché aux fabricants américains sur leur territoire», souligne Yong Pang, analyste à la banque privée genevoise Lombard Odier Darier Hentsch.

Parallèlement, Ford, numéro deux américain, a annoncé mardi une baisse de ses ventes aux Etats-Unis de 4,1% en juillet, comparativement au même mois en 2003. De là à affirmer que les constructeurs de voitures «écologiques» réalisent de meilleurs résultats que les autres, il y a un pas que les spécialistes du marché se gardent bien de franchir. Ainsi, les voitures hybrides vendues que Toyota ne manque jamais de mettre en avant (lire ci-dessous) représentent «un segment extrêmement faible, comparativement à la totalité des ventes, relève Yong Pang. Comme les volumes sont peu élevés, les marges sont plus faibles que pour les modèles traditionnels.»

Un avis que partage Claude Sage, président du Salon de l'automobile de Genève: «Les constructeurs de voitures hybrides ne peuvent pas reporter les coûts de développement et de production sur les consommateurs.» Pour Jan Spytek, responsable produits de Honda en Suisse, les fabricants ont choisi des voies diverses pour diminuer la consommation d'essence, voire s'en passer. «Toyota et Honda sont pour l'instant les seuls à commercialiser des moteurs hybrides. Ils se sont aussi lancés dans les moteurs à hydrogène. Ils sont aidés par le gouvernement japonais, qui vise un objectif de 50 000 voitures sur leur marché en 2010. Quant aux constructeurs français comme Renault et Peugeot, ils privilégient les moteurs diesels peu polluants. De son côté, BMW effectuera en 2005 ou 2006 un test sur des voitures fonctionnant avec des piles à combustible. Dans dix ans, on saura quelle technologie représentera un avantage pour les constructeurs.»

Dix ans? La longueur du délai illustre l'approche très conservatrice du secteur automobile. Pourtant, le marché donne des signes de son élasticité face au prix du carburant. L'an dernier, les ventes d'essence ont, pour la première fois, sensiblement reculé en France alors que celles de diesel (plus économique) progressaient.