Dans une lettre ouverte lundi, le patron de Gilead, Daniel O’Day, a annoncé quel sera le prix du remdesivir, un traitement jugé prometteur par la communauté scientifique face au Covid-19. L’entreprise américaine le vendra pour 390 dollars (environ 370 francs) la dose. Sachant qu’il faudra compter six fioles pour la majorité des patients, le traitement coûtera 2340 dollars. Ce prix est valable «dans tous les pays développés du monde», selon la lettre qui précise que pour les contrées moins riches, des partenariats avec des fabricants de génériques doivent permettre de le rendre plus abordable.

Daniel O’Day assure que 390 dollars, c’est un prix au rabais, qu’en tant normal la tarification se fait en fonction de la valeur du traitement. «Nous avons fixé le prix à un seuil largement en dessous de sa valeur, écrit-il, pour nous assurer que son accès soit large et équitable à un moment où les besoins mondiaux sont urgents.»

«Une arnaque?»

Sa lettre a suscité des réactions contrastées. Des analystes estiment que ce prix est élevé parce que Gilead sait qu’un vaccin sera vite trouvé et que, quand ce sera le cas, l’attrait du remdesivir diminuera. D’autres relèvent que, comparativement aux traitements contre le cancer, le tarif est bas. Aux Etats-Unis, contrairement à la Suisse, les entreprises pharmaceutiques sont libres de fixer toutes seules le prix des médicaments.

«Gilead ne nous arnaquerait-il pas avec un tel prix?» lance une éditorialiste du Los Angeles Times. Le journal californien souligne que le développement du remdesivir a bénéficié des fonds publics, que les autorités américaines soutiennent financièrement de nombreux essais. Une dizaine seraient actuellement en cours. Gilead a reçu 70,5 millions de dollars du contribuable américain pour développer ce remède, selon l’ONG Public Citizen.

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Initialement, le remdesivir avait été testé par Gilead pour traiter l’hépatite C, avant d’être considéré comme une réponse potentielle pour l’Ebola et les coronavirus. Le 25 juin, l’Agence européenne des médicaments a recommandé l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour le remdesivir chez les patients Covid-19 adultes et atteints de pneumonie nécessitant un supplément d’oxygène.