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Galenica prépare sa scission pour la fin de l’année

Le groupe bernois change de cap après 20 ans de cohabitation entre la logistique pharmaceutique et la fabrication de médicaments

Un accord de licence avec Roche a accéléré le projet de scission de Galenica. — © AFP
Un accord de licence avec Roche a accéléré le projet de scission de Galenica. — © AFP

Galenica, groupe bernois spécialisé en Suisse dans la distribution et la vente directe de médicaments, alors qu’il vise, en tant que société pharmaceutique le marché mondial des préparations à base de fer, se prépare activement à la scission de la société en deux entreprises cotées séparément en bourse.

«Sauf krach boursier, elle aura lieu durant le 4e trimestre de cette année», a promis mardi Etienne Jornod, président de Galenica, à l’occasion de la présentation des résultats annuels.

Les actionnaires recevront deux titres. Le premier de Vifor pharma, qui deviendra une entreprise pharmaceutique autonome qui a notamment pour ambition de développer mondialement sa franchise dans les médicaments à base de fer. L’autre titre sera celui de Galenica santé, société qui gérera un réseau de 500 pharmacies en Suisse, la distribution de médicaments, et des services aux médecins et aux pharmaciens.

A près de 63 ans, Etienne Jornod, droguiste de formation, qui a façonné et développé l’entreprise depuis 20 ans quittera Galenica, tout en conservant un mandat de conseiller pour les deux sociétés. Aux analystes financiers qui ne comprenaient pas le modèle commercial d’un groupe disparate, il a souvent expliqué, il y a quelques années, que l’équilibre était parfait entre le volume à faible marge bénéficiaire du commerce lié à la distribution de médicaments et la marge importante mais le faible volume de la fabrication de médicaments.

Cette complémentarité, ajoutait-il, explique le succès de l’entreprise. En bourse, le titre Galenica a progressé de 4000% en 20 ans, contre 1860% pour Lindt & Sprüngli, ou 1374% pour Kudelski.

Martin Ebner, gros actionnaire minoritaire qui possède 18,4% du groupe a-t-il fait pression pour scinder l’entreprise? «Non, affirme Etienne Jornod, mais il fallait se rendre à l’évidence: la société qui vaut aujourd’hui 10 milliards de francs contre 250 millions il y a 20 ans, ne peut plus être gérée comme si elle appartenait à une famille».

Au fond, Etienne Jornod aurait rêvé qu’une famille riche place quelques milliards pour maintenir la structure diversifiée de Galenica et rachète à bon prix le paquet d’actions (1,6 million de titres) de l’investisseur KKR. Le changement structurel qui sépare complètement la fabrication pharmaceutique de la logistique et du réseau de pharmacies va dans le sens d’une spécialisation qui touche l’ensemble du secteur de la santé. «C’est finalement logique, et c’est la loi des marchés qu’il faut accepter», constate Etienne Jornod.

Selon les responsables de Galenica, les conditions ont soudain été réunies pour procéder à la scission. En 2014 le domaine pharmaceutique n’avait pas encore la masse critique pour voler de ses propres ailes.

Deux événements majeurs, l’an dernier, ont changé la donne. Il s’agit de l’extension de l’accord avec Fresenius, qui possède un réseau de cliniques spécialisées dans les traitements rénaux, et la conclusion d’un partenariat commercial avec Roche pour la diffusion, aux Etats-Unis, du médicament Mircera, contre l’anémie associée à l’insuffisance rénale.

«Ces accords remplacent nos projets d’acquisition de sociétés pharmaceutiques», souligne Etienne Jornod. La masse critique étant déjà atteinte, Vifor Pharma a désormais pour objectif de commercialiser d’autres médicaments sous licence en Europe et d’étendre à de nouveaux domaines thérapeutiques l’utilisation de ceux à base de fer.

Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 3,79 milliards de francs (+11%) l’an dernier et un bénéfice d’exploitation de 450,8 millions (+ 21,8%).