Lonza réussit à répercuter l’inflation sur ses clients
Pharmas
Le producteur suisse de médicaments et autres solutions médicales a fait nettement mieux qu’en 2021, durant le premier semestre. Lonza peut surtout s’offrir le «luxe» de déléguer les hausses de prix à sa clientèle

Lonza a presque multiplié son bénéfice par deux, à 498 millions de francs, durant la première moitié de l’exercice 2022. Le chiffre d’affaires du producteur de la substance active du vaccin Moderna a, lui, frôlé les 3 milliards de francs, en progression de 17,3% sur un an, a communiqué le groupe bâlois d’origine valaisane.
Dans le détail, la division Biologics de la société occupe la première place en termes de revenus (1,62 milliard de francs, en hausse de 26,6%). Elle fait toujours face à une demande soutenue. L’unité qui a trait aux petites molécules a en revanche enregistré un recul des ventes de 20,4% à 288 millions de francs. La direction du sous-traitant pharmaceutique explique cette contre-performance par un échelonnement dans le temps de grosses livraisons.
Préparation aux pénuries de gaz
La hausse des coûts de production ne prétérite pas outre mesure l’entreprise. «Nous répercutons l’inflation des matières premières aux clients, comme tous les acteurs du secteur», a indiqué en conférence téléphonique Philippe Deecke, directeur des finances.
Ces derniers jours, le concurrent Polypeptide avait inquiété les marchés en affirmant que les hausses de coûts ne pouvaient être répercutées qu’avec un décalage. «Nous avons généralement une clause sur l’inflation dans nos contrats», a précisé le grand argentier de la firme alémanique.
Autre facteur actuel de préoccupation, les coûts de l’énergie semblent également «sous contrôle», grâce à des contrats d’approvisionnements signés tôt à l’avance. Lonza s’est préparé à une pénurie de gaz naturel en mettant au point un plan d’urgence «robuste», a complété Pierre-Alain Ruffieux, directeur général. «Sur les plupart des sites où nous utilisons du gaz naturel, nous pouvons passer au mazout», a-t-il indiqué. Le plus grand défi actuellement reste l’approvisionnement, selon le directeur général.
Pour la suite des opérations, Lonza prévoit toujours pour cette année une croissance du chiffre d’affaires entre 10% et 15% et une amélioration de la marge de base, en ligne avec les objectifs à moyen terme de 2024.
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500 nouveaux postes en Valais
Lonza a continué à engager massivement. Elle occupe aujourd’hui 17 000 collaborateurs, soit 1000 de plus qu’il y a un an. Sur le site historique de Viège en Valais, le groupe bâlois a créé 500 emplois. Un employé de Lonza sur trois travaille désormais en Suisse, selon le directeur du groupe Pierre-Alain Ruffieux. L’usine de Viège est en cours d’agrandissement.
La plupart des analystes ont réservé aux résultats un accueil favorable. Les chiffres sont plus ou moins conformes aux attentes, écrit chez Vontobel Sibylle Bischofberger. «Compte tenu de sa position de leader mondial, nous voyons Lonza comme un bénéficiaire de la tendance à l’externalisation des nouveaux médicaments et vaccins», souligne-t-elle.
Dans un contexte très difficile, Lonza a réussi à augmenter son chiffre d’affaires, note de son côté Daniel Buchta, de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). La marge très élevée du premier semestre 2021 a en outre presque pu être maintenue, et ce malgré la hausse des coûts. Rapportée par l’agence Bloomberg, une note de Jefferies a toutefois nuancé ce concert élogieux, soulignant la décevante absence de révision à la hausse des prévisions.
A la Bourse suisse, le titre de l’entreprise a ouvert en hausse, avant de passer en terrain négatif, certains investisseurs ayant peut-être décidé d’encaisser leurs bénéfices. En milieu d’après-midi, l’action Lonza reculait de 4,1% à 560,80 francs, lanterne rouge de l’indice SMI qui gagnait 0,01%. Il y a un an, l’action s’échangeait à 677 francs, galvanisée par le partenariat conclu avec Moderna en 2020. Avant le début de la pandémie, il ne fallait en effet «que» débourser 417 francs pour en acquérir une.
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