La plus grande opération de vaccination de l'histoire se déroule sous nos yeux. Nous la suivons au jour le jour sur le plan de la logistique.

Retrouvez nos principaux articles sur cet enjeu

30 mars

■ Le rythme des vaccinations s'accélère 

Du 22 mars au 28 mars, 184 555 doses ont été administrées en Suisse, selon les données publiées mardi par l'OFSP. A ce jour, une moyenne de 26 365 vaccinations a été effectuée par jour. Comparé à la semaine précédente, le rythme des injections s'est accéléré de 22%. Dimanche, 1 436 996 vaccinations avaient été réalisées, et 535 250 personnes ont reçu deux injections. Autrement dit, 6,2% de la population a été complètement vaccinée.

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■ Un «plan Marshall» pour les vaccins.

Un démocrate américain défend sur CNN un «plan Marshall» des vaccins, aux Etats-Unis, pour accélérer la production et rendre la distribution mondiale plus équitable. Les Etats-Unis doivent contribuer davantage au dispositif Covax, participer à plus de partenariats publics et privés. Il faut qu’ils investissent davantage dans leur propre production pour l’exportation. Cela renforcerait le secteur des sciences de la vie du pays. «Contrôler une plus grande partie de la production de vaccins donnera aux Etats-Unis un plus grand poids dans la diplomatie des vaccins, à l’exemple de la Chine et de la Russie», estime Jake Auchincloss.

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■ Le «Wall Street Journal» contre l’ouverture des brevets

Le Wall Street Journal prend position contre une levée des brevets, alors que l’Afrique du Sud et l’Inde, soutenues par 52 pays et une «armée d’ONG» (les termes du WSJ), ont demandé un partage des brevets des vaccins à l’OMC et que la pression en la matière s’accroît (ici et notamment). «Les briseurs de brevets font croire qu’il faut décider entre protection de la propriété intellectuelle et santé publique, mais une violation des brevets accélérerait ni la production ni la distribution de vaccins aux pays pauvres», écrivent les éditorialistes.

Le WSJ cite les nombreux partenariats qui se nouent parmi les fabricants et conclut que les pharmas partagent déjà leur propriété intellectuelle. Il juge «grotesque» le fait que «la gauche» n’ait pas compris que les vaccins sont le résultat d’années de recherche stimulées par le système des brevets.

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■ Al-Jazira semble «pour», par contre

«De nombreux fabricants, en Inde, au Bangladesh, en Afrique du Sud, au Brésil, sont prêts à fabriquer les vaccins et ils ont juste besoin des recettes», indique Madhavi Sunder, une professeure de loi à Georgetown University, à la chaîne du Qatar. Al-Jazira invite, pour son émission The Stream, deux autres défenseurs d’une ouverture des brevets, sans contreparties.

Lire aussi: Public Eye accuse les pharmas d’«exploiter la crise du coronavirus»

■ Une nouvelle alliance: GSK et Novavax

Le groupe britannique va mettre en flacon le vaccin du groupe américain dans une usine au Royaume-Uni, et qui desservira ce pays. Les autres alliances au sein de l’industrie pharmaceutiques que nous avons identifiées sont ici:

■ Un diagnostic de l’Union européenne

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, une agence de l’UE, identifie dans un rapport les défis et les leçons de la campagne dans 28 pays. La majorité d’entre eux rapportent que le manque de doses et de prévisibilité dans les livraisons à été difficile à gérer. Trouver du personnel qualifié pour les administrer et superviser la campagne figure aussi parmi les défis relevés. Le matériel a aussi pu manquer.

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■ Rebondissement dans l’affaire Lonza

La Suisse aurait-elle pu obtenir sa propre ligne de production de vaccins à Viège en échange d’un investissement? La question continue de diviser le monde politique suisse. Dans un entretien accordé à la NZZ, le président de Lonza, Albert Baehny, indique que le groupe rhénan a bel et bien proposé à la Confédération une ligne de vaccin qui lui aurait été dédiée, ce qu’Alain Berset avait pourtant démenti. La RTS revient sur cette histoire:

■ Vaccin de J&J: livraison en Europe dès le 19 avril

Le vaccin contre le Covid-19 du laboratoire américain Johnson & Johnson sera livré en Europe à partir du 19 avril, a indiqué la société. Ce vaccin a été, mi-mars, le quatrième à obtenir le feu vert de l’Agence européenne du médicament, après ceux de Pfizer/BioNTech, de Moderna et d’AstraZeneca. Il est à ce jour administré aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, mais il a aussi été approuvé au Canada et en Suisse. Pour augmenter sa production, J&J a passé ces derniers mois des accords avec des entreprises en Europe qui seront chargées de sa formulation ou de sa mise sous flacon: il s’agit de Sanofi en France, de Catalent en Italie, et d’IDT Biologika en Allemagne. La substance active viendra d’un site de J&J à Leyde aux Pays-Bas.

■ Russie: un vaccin à deux vitesses

La Russie brandit son vaccin Spoutnik V mais se fait plus discrète sur le fait qu’il est largement importé, notamment de Corée du Sud, et que la campagne de vaccination au pays est très lente, relève le New York Times. Le Spoutnik V est largement exporté, et produit à l’international. En Russie, la production est lente, en partie parce que les producteurs ont dû patienter pour obtenir les équipements biotechnologiques nécessaires, et faits en Chine.


29 mars

■ Un plan pour vacciner la planète autrement

Pour le groupe GreenLight Biosciences (GLB), en collaboration avec le World Economic Forum (WEF), la campagne est trop lente. A ce rythme, dans certains pays, il faudra patienter jusqu’à la fin de 2022 pour être vacciné, ce qui aura un coût humain et financier colossal (en Afrique, une immunité de masse ne sera pas atteinte avant 2023, estime d’ailleurs le site Quartz). Il faut accélérer le déploiement des vaccins, en fabriquer plus et les distribuer avant qu’un variant ne limite trop leurs effets. D’autant plus que les producteurs sont en retard, selon le cabinet Airfinity:

GLB estime qu’il faut accroître 1) les capacités de production de vaccins à ARNm, 2) renforcer les chaînes logistiques et 3) miser sur des vaccins de nouvelle génération.

«Nous proposons un réseau de sept usines de vaccins à ARN capables de vacciner l’ensemble du globe. Ces usines doivent être réparties dans le monde de manière à ce que la majorité de la population vive à quelques jours de voyage d’au moins une d’entre elles», indique GLB. Cela pour créer plus de doses et diminuer les risques (on ne met pas tous les œufs dans le même panier). Il en coûterait 200 millions de dollars par usine, une goutte d’eau, selon GLB. Le groupe dit croire en une plus grande collaboration industrielle: «De nombreux défis liés à la chaîne d’approvisionnement peuvent être résolus avec une année de collaboration», selon lui.

Il faut développer un vaccin qui puisse être conservé à une température de réfrigération normale et administré le plus simplement possible, par exemple par voie nasale. Le vaccin à ARNm de Curevac, en phase III des essais cliniques, se conserve trois mois dans un réfrigérateur, relève GLB. «Avec un peu de volonté politique et une petite somme d’argent, nous pouvons assister à un retour à la normale», conclut GLB.

■ Nouvelles critiques contre le modèle économique des pharmas

«La cupidité des pharmas est sans limites», selon le professeur Didier Pittet dans un entretien accordé à L’illustré. «Les contribuables financent la recherche et les entreprises pharmaceutiques font fortune», estime de son côté David Mitchell, le fondateur de l’organisation Patients For Affordable Drugs, dans le New York Times.

■ Grand portrait du «prince des vaccins»

Le vaccin AstraZeneca a fait de la professeure Sarah Gilbert – à la tête de l’équipe d’Oxford qui l’a créé – l’une des scientifiques les plus célèbres du Royaume-Uni. Mais près de la moitié des vaccins AstraZeneca sont produits par un milliardaire indien de 40 ans, Adar Poonawalla, qui a un penchant pour les jets privés et les Picasso, relève le Guardian. Le journal montre sa Batmobile en vidéo:

■ En Europe, pas qu’un problème de livraisons

L’Europe interdit l’exportation de vaccins AstraZeneca si ses livraisons ne sont pas garanties, indique Bloomberg. En Allemagne, 60% des doses du vaccin d’AstraZeneca arrivées en Allemagne ont été administrées, un pourcentage qui grimpe à 83% pour la solution de BioNTech/Pfizer. Ce faible taux d’utilisation est attribuable en partie à des goulots d’étranglement organisationnels ainsi qu’à l’incertitude de la population quant au vaccin d’AstraZeneca, selon Reuters.

Bruxelles impute la lenteur de la campagne à une pénurie de doses. Selon des scientifiques, la bureaucratie et la prudence excessive qui prévaut dans l’UE pourraient devenir des goulots d’étranglement importants lorsque les livraisons vont s’accroître, selon le Wall Street Journal.

■ Triple autorisation de l’EMA

L’Agence européenne du médicament a homologué l’usine de Marburg de BioNTech. L’ancien site de Novartis peut développer la substance active du vaccin du groupe allemand. L’usine peut fabriquer jusqu’à un milliard de doses par an.

Feu vert aussi pour une usine de Halix, aux Pays-Bas, un sous-traitant d’AstraZeneca. L’EMA autorise enfin le stockage du vaccin de Pfizer à des températures de congélateurs.

■ Les EAU premier pays à fabriquer le vaccin chinois de Sinopharm à l’étranger

La Chine s’associe aux Emirats arabes unis pour produire le vaccin de Sinopharm. C’est le premier accord qui permet de fabriquer ce vaccin à l’étranger et qui renforce l’influence de Pékin au Moyen-Orient. Une coentreprise entre Sinopharm CNBG et G42, basée à Abu Dhabi, doit produire jusqu’à 200 millions de doses par an dans une usine qui sera opérationnelle cette année, selon Bloomberg.

■ Nouveau soutien au fabricant de verre Corning

Le fabricant de verre pour fioles, Corning, va doubler sa production. Le groupe new-yorkais bénéficie d’un nouvel investissement, de 57 millions de dollars, de Washington. Corning prévoit de produire 150 millions de flacons en 2021, soit une hausse de 50% par rapport à ses prévisions antérieures. En tout, les flacons pourront contenir 1,2 milliard de doses. Le groupe avait déjà reçu 200 millions de dollars de Washington. Son patron donne un éclairage ici. L’offre en verre est limitée, les fabricants que nous avons identifiés sont là.

■ En bref: les Etats-Unis trois fois mieux que les Suisse

Aux Etats-Unis des transporteurs de vaccins veulent être vaccinés. Cette semaine, le pays de l’Oncle Sam aura reçu 240 millions de doses, selon un décompte de Bloomberg. Par habitant, c’est aussi beaucoup mieux qu’en Suisse, selon notre calcul:

Etats-Unis: 240 millions de doses reçues/330 millions d’habitants = 0,72 dose par habitant; Suisse: 1,8 million de doses reçues/8,5 millions d’habitants = 0,21 dose par habitant. – > Les premiers font donc trois fois mieux que les seconds.

Les Emirats arabes unis organisent un sommet virtuel sur la production et la distribution de vaccins contre le Covid-19.

■ Vaccins brésilien et, peut-être, cubain

«Les démocraties gardent les vaccins pour elles-mêmes», titre The Atlantic. Des produits cancérigènes ont été trouvés dans de nombreux gels hydroalcooliques, selon Bloomberg.

Le Brésil prépare son propre vaccin: le groupe de São-Paulo Butantan, principal producteur de vaccins d’Amérique du Sud, planche sur une solution maison qui pourrait être administrée dès cet été (Butantan fabrique déjà le vaccin chinois de Sinovac). Cuba rêve aussi de produire son propre vaccin et Moderna est en retard au Canada.


26 mars

■ «Chiffres robustes» à Genève

Jeudi, 2975 personnes ont été vaccinées au bout du lac. «C’est une bonne cadence», selon la pharmacienne cantonale, Nathalie Vernaz, lors d’un point de presse. Depuis le 4 janvier, 60 700 personnes ont été prises en charge, dont 33 000 avec une 2e dose. «Ces chiffres sont robustes. Les livraisons vont augmenter début avril, nous sommes prêts à monter en capacité», indique Nathalie Vernaz.

Les sept centres du canton (Grangette, Beaulieu, Hôpital de La Tour, CMU, M3 Sanitrade, groupe médical d’Onex et clinique de Carouge) peuvent vacciner 4000 personnes par jour. Un huitième centre, envisagé à Palexpo, sera géré par les associations de médecins et de pharmaciens, l’AMG et PharmaGenève. Quelque 4000 vaccinations pourront y être effectuées quotidiennement, dans 157 cabines. «Un dispositif très puissant», selon Nathalie Vernaz.

■ Des chiffres et des obstacles dans la production de vaccins

La revue Nature revient sur les difficultés de fabriquer des vaccins. Elle commence par des chiffres: 9,5 milliards de doses de vaccins contre le Covid-19 devraient être produites en 2021, selon le cabinet Airfinity. L’Université de Durham, en Caroline du Nord, en anticipe jusqu’à 12 milliards. Il faut souvent réunir plus de 200 composants pour produire des vaccins, dont des fioles, des filtres, de la résine, des tubes et des sacs et si l’un d’eux manque, c’est toute la chaîne qui peut être bloquée.

Martin Friede, patron de la division dédiée au développement des vaccins à l’OMS, estime qu’un goulot d’étranglement peut être évité: celui du «fill & finish» (l’encapsulage des vaccins, la dernière étape avant la distribution). L’OMS a en effet répertorié des centaines d’entreprises susceptibles d’effectuer cette mission et l’institution veut les mettre en contact avec les producteurs de vaccins.

Le manque de nucléotides, d’enzymes et de lipides peut par contre poser problème car les fournisseurs sont rares. Chaque brin d’ARN nécessite par exemple une «coiffe» qui empêche le corps humain de le rejeter, mais qui est coûteuse. Les droits de propriété intellectuelle d’une coiffe très répandue sont détenus par une société, TriLink, en Californie. De même, un petit nombre d’entreprises détient les brevets pour l’une des quatre nanoparticules lipidiques qui forment la cage autour de l’ARN.

Pour accélérer la production, le patron de l’International Vaccine Institute à Séoul, Jerome Kim, défend le modèle du transfert de technologie entre un petit nombre d’entreprises.

■ Dan Staner invité du matin à la RTS

Le patron de Moderna en Suisse parle de miracle dans la production de vaccins. Un peu plus tôt, Albert Baehny, le président du conseil d’administration de Lonza, s’est exprimé sur les ondes de la RTS.

■ Fluidifier les processus dans les centres de vaccination

Une société de l’EPFL, ProcSim, propose de fluidifier les processus de vaccination dans les grands centres dédiés à cette tâche, nous raconte la Tribune de Genève. En partenariat avec Walkerproject, active en Suisse alémanique, ProcSim modélise en amont les espaces qui accueilleront ces grands centres de vaccination, peut-on lire. «Nous entrons tous les paramètres utiles, de la dimension du lieu et de ses abords, des voies d’accès externes, du nombre de portes, du mobilier et des boxes de vaccination prévus, de même que le nombre de personnes censées y être vaccinées en un temps donné, et la modélisation nous permet d’identifier les points potentiellement problématiques», signale un cadre de ProcSim.

■ Conférence de presse sur la livraison des vaccins en Suisse

Berne indique que le rythme de vaccination va s’accélérer et qu’en août on devrait pouvoir reprendre une vie normale.

Lire à ce sujet: La Suisse a sécurisé 8,1 millions de doses de vaccins contre le Covid-19

Les Vaudois de 65 ans et plus pourront se faire vacciner contre le Covid-19 dès lundi. Jusqu’ici, seuls les plus de 75 ans et des malades chroniques à haut risque étaient éligibles et ils ont été environ les deux tiers à en profiter, selon le canton.

■ En bref: des retards, encore des retards

Comment le sous-traitant de J&J, Emergent BioSolutions, accroît sa production. Le dispositif onusien Covax est confronté à des retards de livraison du Serum Institute of India, son principal fournisseur, parce que la demande sur le marché indien se fait pressante. Novavax doit retarder ses livraisons en Europe, selon Reuters. Le laboratoire américain aurait de la peine à se fournir en certaines matières premières nécessaires à la fabrication de son vaccin. AstraZeneca a un bon vaccin mais son déploiement a été un désastre, estime le Wall Street Journal.


25 mars

■ L’Union européenne exporte 42% de ses vaccins, les Etats-Unis et le Royaume-Uni 0%

La Chine, l’Inde et l’Union européenne exportent quasiment la moitié des vaccins contre le Covid-19 qu’elles fabriquent, selon des données publiées mercredi par le cabinet Airfinity. Là où les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne produisent que pour eux-mêmes. De quoi attiser les tensions sur le Vieux-Continent mais aussi en Afrique. A peine 1% des doses administrées en Afrique y ont été produites.

Lire aussi: Chine, Inde, Russie, nouvelles puissances vaccinales

«L’Europe exporte surtout des vaccins de Pfizer/BioNTech depuis sont usine en Belgique», relève Rasmus Bech Hansen, directeur d’Airfinity que nous avons contacté. Le Vieux-Continent écoule aussi des doses d’AstraZeneca et de Moderna au-delà de ses frontières. Moderna par exemple fait fabriquer toutes les doses qu’elle vend dans le monde, à part celles destinées aux États-Unis, en Valais. Elles sont ensuite encapsulées en Espagne et en France.

■ AstraZeneca: des tensions et des usines

Les doses de ce vaccin qui sont distribuées au Royaume-Uni sont produites dans deux sites principaux en Angleterre, Oxford et Keele, indique la BBC. Une troisième usine britannique, à Wrexham, s’occupe de l’encapsulage. Le Serum Institute of India contribue aussi.

Pour le reste du monde, il y a d’autres acteurs. «Nous avons mis en place plus d’une douzaine de chaînes d’approvisionnement dans plus de quinze pays et nous continuons de nouer de nouveaux partenariats», nous indique Angelika März, une porte-parole d’AstraZeneca. «Nous ne divulguons pas les noms et l’emplacement de nos partenaires.» Ceux que Reuters a identifiés sont ici et ceux nous avons identifiés sont là:

Pour un résumé des tensions entre l’UE et le Royaume-Uni autour de ce vaccin, lisez cet article et celui-ci. Ou voyez ce dessin de Chappatte:

Lire aussi: Cinq questions sur les suspensions du vaccin d’AstraZeneca

■ Comment accroître la production de vaccins en Afrique

La pression pour lever les brevets afin de combattre les inégalités dans la distribution des vaccins est à son comble. Le débat est tout aussi important sur la pertinence d’une telle mesure. En Afrique, des experts sont sceptiques: le transfert de connaissances ne permettra pas à lui seul d’accroître les capacités de fabrication industrielle de vaccins en Afrique, selon la African Vaccine Manufacturing Initiative (AVMI), citée dans cet article.

«Si cela pouvait se faire, cela se serait fait», selon William Ampofo. Et le président de l’AVMI de citer les obstacles sur le chemin d’une industrie des vaccins au sud du Sahara: manque d’investissements financiers, de main-d’œuvre qualifiée, de régulations notamment. Selon lui, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et le Sénégal participent à la production de vaccins contre le Covid-19. Les pays africains producteurs de vaccins que nous avons identifiés sont ici:

■ Les dimanches en Suisse

«Alors qu’ailleurs sur la planète on vaccine 24h/24, les grands centres de vaccination en Suisse s’arrêtent de travailler le week-end», relève notre consœur. «Les Sénégalais sont allés vacciner jusque dans le Sine-Saloum, le Rwanda dispose de dossiers électroniques pour chacun des patients. La Suisse prend conscience de son retard en santé publique, j’espère que ce sera l’une des leçons à tirer de cette crise», indique Blaise Genton, responsable médical de la campagne de vaccination Covid-19 du canton de Vaud.

Fribourg ouvre néanmoins la vaccination aux personnes âgées de 65 à 74 ans. Le canton a indiqué mercredi que près de 70% des personnes de 75 ans et plus ont été vaccinées avec au moins une dose.

■ La campagne en France

Le Stade de France servira de centre de vaccination. «Ce vaccinodrome permettra de vacciner chaque semaine des milliers d’habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis mais aussi de l’Ile-de-France», selon un communiqué des autorités. D’autres arènes, comme le Vélodrome de l’Olympique de Marseille, ont été réquisitionnées. «De l’apparition d’une «maladie mystérieuse» à une lente sortie de crise: retour sur un an de Covid-19 en France»: Le Monde raconte la pandémie en France.

En France, la campagne vaccinale a commencé le 27 décembre (contre le 23 en Suisse), un jour après la validation en Europe du vaccin de Pfizer/BioNTech. Ses lenteurs ont vite été critiquées. Le 2 février, sur TF1, Emmanuel Macron a promis que «d’ici la fin de l’été, nous aurons proposé un vaccin à tous les Français adultes qui le souhaitent».

■ Vaccin de Pfizer/BioNTech suspendu à Hongkong et Macao

Cette mesure a été prise suite à un problème d’emballage rapporté par Fosun Pharma, le laboratoire chinois qui les distribue dans la région. Selon les autorités, les flacons portant le numéro de lot 210 102 présentaient un type d’emballage défectueux.

■ Vacciner à domicile, exemples en Virginie-Occidentale

Vacciner les «homebound people». C’est plus cher et plus lent, ça implique des heures de trajets, et les décomptes par nombre de vaccinés globaux, sans distinction de catégorie, ne l’encouragent pas. Mais c’est diablement utile, relève le site Statnews. L’arrivée du vaccin de J&J, à dose unique et qui ne doit pas être congelé, aide beaucoup.

■ En bref: J&J en Suisse et des donuts outre-Atlantique

Le vaccin de J&J, homologué par Swissmedic mais non commandé par la Confédération, ne sera pas accessible à des entreprises privées en Suisse, indique J&J. En quoi fabriquer un vaccin à une échelle industrielle est-il compliqué? Une usine de Catalent, dans l’Indiana, est homologuée et J&J peut livrer plus de doses de vaccins. Des donuts gratuits pour les vaccinés aux Etats-Unis.


23 mars

■ Des contrats en Inde, encore et toujours

Le RDIF, le fonds russe derrière le Spoutnik V, a annoncé lundi s’être associé avec un nouveau groupe indien, Virchow Biotech, pour produire jusqu’à 200 millions de doses par an. Vendredi, le RDIF avait fait part d’une collaboration similaire avec un autre groupe indien, Stelis Biopharma.

En tout, cinq entreprises indiennes fabriquent le vaccin russe. Ensemble, elles doivent en produire 850 millions de doses par an (si on additionne correctement les chiffres de ce «factbox» de Reuters). En tout, les Indiens prévoient la production de plus de 5 milliards de doses cette année, selon nos calculs. Les entreprises indiennes aux avant-postes des vaccins contre le Covid-19 sont ici:

Voici d’ailleurs un portrait de Biological E, un poids lourd indien, «the mass producer of the Johnson & Johnson vaccine».

■ Vacciner les marins

La International Chamber of Shipping (ICS) sonne l’alarme: sur les 1,7 million de marins de la marine marchande, plus de la moitié viennent de pays en voie de développement où les vaccins ne seront pas disponibles de sitôt. Ce qui pose problème: trois ports chinois viennent d’empêcher des membres d’équipages de débarquer car ils n’avaient pas été vaccinés.

Lire aussi: Ces médicaments qui font défaut à cause de la pandémie

«Si nos travailleurs ne peuvent pas passer les frontières internationales, cela entraînera des retards et des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement», prévient Guy Platten, secrétaire général de l’ICS. Bud Darr, responsable de la politique gouvernementale de l’armateur genevois MSC, a déclaré dans le Financial Times que son employeur, le deuxième plus grand groupe de transport maritime par conteneurs au monde, n’allait a priori pas acheter de vaccins à titre privé mais qu’il explorait les partenariats avec les gouvernements. L’industrie lorgne le dispositif onusien Covax et estime que la solution de Johnson & Johnson est indiquée, car elle ne requiert qu’une seule dose.

■ Le futur de la production de vaccins

Les vaccins de demain, notamment certains de ceux qui sont testés contre le coronavirus, seront plus simples à utiliser, selon Bloomberg. Quelquefois, il n’y aura pas besoin de seringues pour les administrer.

«La prochaine génération de vaccins comprend des injections fabriquées à partir du matériel génétique du coronavirus et des sprays nasaux qui permettent de se défendre sans utiliser de seringues. Ils sont furtifs, plus rapides à fabriquer et plus faciles à expédier», écrit l’agence anglo-saxonne. D’autres imaginent aussi le futur de la production industrielle de vaccins.

■ En bref: émotion et logistique

Derrick Rossi, le cofondateur de Moderna, a reçu le vaccin Pfizer et il en est heureux. Le patron de Echo Global Logistics fait le point de la situation logistique. Apple, Google et Facebook donnent des conseils pour trouver un site de vaccination. Des firmes comme Starbucks, Costco et Microsoft veulent aussi aider.

Lire aussi: L’accès aux vaccins à l’épreuve de la toute-puissance des pharmas


22 mars

■ A cause du Covid-19, des médicaments manquent

La fabrication des vaccins contre le Covid-19 complique l’approvisionnement d’autres produits thérapeutiques essentiels aux Etats-Unis, notamment les traitements contre les maladies infectieuses et les médicaments injectables qui préviennent la cécité, relève le Financial Times. Pfizer a informé les hôpitaux américains qu’ils devaient s’attendre à une interruption des livraisons de quatre de ses produits – un antibiotique, un stéroïde et deux types de testostérone. La fabrication de ces produits requiert des ingrédients et des machines semblables à ceux du vaccin Covid-19 que Pfizer développe.

D’autres fabricants font état de problèmes similaires. Schott, un gros fabricant allemand de flacons qui doit en produire cette année 2 milliards pour les vaccins du Covid-19, a prévenu qu’il fallait attendre entre un an à dix-huit mois pour les nouvelles commandes. Ce qui a un impact, selon un cadre de l’entreprise cité par le FT, «sur presque tous les types de médicaments injectables aux Etats-Unis, y compris la chimiothérapie, l’insuline et d’autres médicaments que l’on peut trouver dans les chariots des salles d’urgence, dans les unités de soins intensifs ou les blocs opératoires des hôpitaux».

Catalent, un sous-traitant de Moderna, met aussi la priorité aux commandes de vaccins, ce qui signifie que des milliers de patients ont dû se passer depuis décembre de Tepezza, un traitement contre la maladie de la thyroïde fabriqué par un groupe américain, Horizon Therapeutics. Cette pénurie a un «impact dramatique» pour des patients qui courent le risque de perdre la vue si l’approvisionnement n’est pas rétabli, selon le patron d’Horizon Therapeutics. «La pénurie va avoir un impact sur d’autres médicaments, a-t-il ajouté. Il se trouve que nous sommes les premiers.»

■ Deux résumés de la situation, un rapport et une recommandation

«Comment sont produits les vaccins et pourquoi y a-t-il des retards?» Le Guardian répond à ces questions et fait un résumé de la situation. Pour plus de détails, il faut consulter ce rapport de l’OCDE publié le 18 mars. A la fin, l’organisation émet une recommandation:

«Une approche coordonnée et multilatérale de la propriété intellectuelle et du transfert de technologie serait préférable. Si l’importance des fonds publics consacrés à la R&D des vaccins Covid-19 justifie l’imposition de limitations aux droits de propriété intellectuelle privés, un meilleur accès pourrait être obtenu par une utilisation plus large du pool d’accès aux technologies Covid-19 de l’OMS (C-TAP). Ce mécanisme vise à compiler, dans un dépôt unique et centralisé, les engagements à partager volontairement les connaissances sur les technologies de santé, la propriété intellectuelle et les données relatives au Covid-19.»

■ Après la neige au Texas et en Grèce, les tempêtes en Asie du Sud-Est, les inondations australiennes

Des pluies torrentielles et des inondations entravent le déploiement des vaccins, notamment dans la région de Sydney. Une vague de froid et de neige quelques semaines plus tôt au Texas et en Grèce avait aussi ralenti la cadence. En Asie du Sud-Est, des tempêtes tropicales ont ravagé des plantations de caoutchouc, causant des pénuries. Les bouchons des flacons de vaccins sont principalement en caoutchouc.

■ Comment Israël réussit la campagne parfaite

Près de 60% de la population en Israël a été vaccinée contre le Covid-19, un record. Pour ce faire, selon ce reportage du Wall Street Journal, il faut:

  • Suffisamment de doses. Ce qui passe par des prix plus élevés. Pfizer/BioNTech (c’est surtout leur vaccin qui est utilisé en Israël) a aussi obtenu des données sur les patients, la campagne avancée dans ce pays servant de tests pour les autres.
  • Un système de santé obligatoire et particulier. Le pays a quatre organismes d’assurance maladie (HMO), non lucratifs, qui centralisent toutes les données des patients.
  • Ne pas être trop regardant sur la protection des données. Les données des patients sont transmises aux HMO. Si une personne a le Covid-19, elle est rapidement contactée par son médecin;
  • Une relation forte avec son médecin.
  • De nombreux centres de vaccination, dont des «pop-up vaccination points», notamment sur les rues fréquentées, sur des lieux de travail et dans des quartiers de fêtes nocturnes.
  • Une élection présidentielle. Benyamin Netanyahou s’est fait vacciner très tôt et devant de nombreuses caméras.

Lire aussi: La campagne vaccinale et électorale de Benyamin Netanyahou

Pendant ce temps en Palestine:

■ La Virginie-Occidentale, cet autre exemple…

La revue National Geographic effectue un reportage dans cet Etat américain pauvre. Habitué des bas de classement outre-Atlantique, il figure au sommet du podium sur cette campagne, avec 39 doses administrées pour 100 personnes. On apprend que les médecins de proximité (comme en Israël) jouent un grand rôle, comme les pharmacies de quartier qui ont été préférées aux chaînes de pharmacies comme dans d’autres Etats. La proximité génère de la confiance et facilite la logistique et c’est essentiel, selon le magazine.

■… qui fait mieux que la Suisse et voici pourquoi

La riche Suisse fait d’ailleurs moins bien que ce modeste Etat américain, relève Bloomberg. L’agence note qu’en Suisse les gens ne savent souvent pas comment s’inscrire pour se faire vacciner, que les temps d’attente sont longs et les autorités pas claires dans leur communication. Berne semble avoir «trop tergiversé sur le prix et n’a pas réussi à s’approvisionner suffisamment tôt». La Suisse manquerait aussi de transparence et de compétence en santé numérique. La campagne avance par contre bien aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal et la RTS:

■ Est-on prêt pour la prochaine pandémie?

Non, selon cette enquête. Les journalistes de NBC interrogent un cadre de Labcon, une entreprise qui fournit des instruments de diagnostic pour le Covid-19. Il indique que ses produits sont essentiels pour les vaccins aussi. Il en ressort que les Etats-Unis dépendraient trop de l’étranger pour leurs instruments médicaux.

■ Une opération War Speed mondiale?

Face au tollé, la Big Pharma défend son modèle économique, selon le Washington Post. Le journal cite le patron d’une firme du Bangladesh, Incepta, et celui d’une entreprise pakistanaise, Getz Pharma. Pour accélérer la production de vaccins contre le Covid-19, toutes deux ont offert leurs services à des laboratoires, dont Moderna, Novavax et J&J, sans obtenir de réponse.

Le journal estime que les pharmas font un gros lobbying à Washington et à l’OMC «contre toute érosion de leurs monopoles sur les vaccins contre le coronavirus qui représentent des milliards de dollars de ventes annuelles». La branche estime que s’en prendre au brevet diminuerait la qualité de la réponse face à la pandémie. «Les critiques de l’OMS témoignent d’un manque de compréhension de la complexité de la fabrication des vaccins, de la chaîne d’approvisionnement et d’un manque de respect pour le défi colossal que représente la campagne contre le Covid-19», selon un lobbyiste à Genève.

«Il faut une version mondiale de l’opération Warp Speed», selon un chercheur du Council on Foreign Relations et directeur du Global Health Program. Thomas Bollyky fait référence à l’effort de l’administration Trump pour développer des vaccins aux Etats-Unis. «L’opération Warp Speed ne s’est pas contentée de dépenser de l’argent. Elle a coordonné, elle a aligné tous les intrants impliqués, elle a joué un rôle de contractant général.»

■ En bref: de Arrowhead à Starbucks

Les livraisons de vaccins prennent du retard en Angleterre, ce qui serait dû à des questions politiques en Inde. Ça vaccine sec à Arrowhead: 166 voitures transitent toutes les quinze minutes dans ce centre de Kansas City. «Stress test» logistique dans les Balkans. Les résidents des EMS vaudois sont vaccinés. Chez les seniors en Suisse, d’ailleurs, les vaccins sont efficaces. Le concurrent de Lonza, Thermo Fisher, investit 600 millions de dollars pour accroître ses capacités de production, face au Covid-19 notamment, sur 11 sites, en Amérique, en Europe et en Asie.


19 mars

■ Comment le Royaume-Uni a délaissé son industrie des vaccins…

Dans un billet, un professeur anglais, Gordon Dougan, raconte à quel point l’industrie des vaccins était forte en Angleterre au 20e siècle, avant de progressivement péricliter. Le secteur s’est consolidé aux mains de quelques géants, loin de l’Angleterre, et les incitations financières à développer de tels produits se sont étiolées. En Suisse aussi, l’industrie des vaccins brille par son absence depuis que Novartis s’est séparé de son unité vaccins en 2015.

La pandémie, selon Gordon Dougan, rappelle à quel point décentraliser la production de vaccin est important. Le scientifique salue le travail de GAVI, de l’OMS et du dispositif Covax mais à ses yeux «la meilleure façon d’assurer l’équité en matière de vaccins est de parvenir à une répartition mondiale plus équitable du savoir-faire en matière de vaccins à tous les niveaux (découverte, développement, réglementation, fabrication)», écrit-il.

■… au profit de l’Inde et de la Corée du Sud

L’industrie se concentre désormais en Inde, dont on a déjà beaucoup parlé ici (plus d’infos sur les vaccins indiens là également), et en Corée du Sud, où se trouve l’International vaccine institute (IVI). Les Coréens se démarquent notamment sur les vaccins pour la volaille. Moderna va construire une usine en Corée. On peut également citer le groupe coréen LG Chem qui planche sur un sérum contre le Covid. Son compatriote GC Pharma collabore avec Moderna, GL Rapha fabrique des doses du Spoutnik V, la solution russe, DM bio travaille sur des seringues à Incheon.

■ En bref: encore un peu de ferveurs asiatiques

Carton financier pour SK Biosciences: le sous-traitant coréen est entré en Bourse et son titre flambe. Il produit des doses d’AstraZeneca et de Novavax. La radio américaine NPR a effectué une longue visite au Serum institute of India, avec des photos, du texte et des GIFs. La Chine approuve un cinquième vaccin contre le Covid-19.

■ Anagni entre deux feux

Une usine au sud de Rome du groupe américain Catalent encapsule les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson. Il semble que les cas de caillots sanguins en Europe suite à l’administration de la potion d’AstraZeneca en soient sortis. Chaque lot fait l’objet de quarante tests de contrôle qualité, du laboratoire aux patients, selon Astrazeneca. «La documentation et les évaluations de qualité relatives à ces lots ont été une nouvelle fois examinées par Catalent, AstraZeneca et les autorités italiennes», selon un cadre de Catalent, cité par le Financial Times. Les inspecteurs italiens doivent venir visiter le site une troisième fois cette semaine.

D’un autre côté, Catalent a indiqué mercredi vouloir ajouter une ligne de production à Anagni pour le vaccin de J&J et ainsi doubler la cadence pour les lots de son client américain.

■ Tourisme vaccinal aux Emirats, en Russie et à Cuba

■ Diagnostics, un combat similaire à celui des vaccins

Deux cousins se détestent et c’est tout un approvisionnement d’écouvillons qui est menacé, raconte Bloomberg. Dans un article sur Roche, Le Temps, montre que, comme pour les vaccins, accélérer la production de machines et de tests de diagnostic relève du défi. Dans les usines de Roche, on cravache et la pénurie de matières premières – notamment des plastiques nécessaires aux pipettes – vient freiner cette frénésie.

Lire aussi: La course effrénée des diagnostics de Roche


18 mars

■ Zoom sur les producteurs de flacons

Parmi les ingrédients qui manquent dans la production de vaccins figurent les flacons qui doivent les contenir. Ils sont faits avec un verre spécial, à base de borosilicate, qui les rend plus résistants. Le borosilicate est constitué d’oxydes du bore, un composé chimique, et quelquefois de silicate (un sel). La plus grande mine de bore se trouve en Californie et elle est exploitée par le groupe anglo-australien Rio Tinto.

Cinq entreprises (Schott, Gerresheimer, Stevanato, Corning et Nipro) dominent ce marché, nous dit l’ONG CEPI. Ces groupes peinent à faire face à l’explosion de la demande, notamment parce que les matières premières nécessaires à leur fabrication manquent. Ces producteurs, leurs concurrents et certains fournisseurs, sont ici:

[On a envoyé des questions à des producteurs. Leurs éventuelles réponses seront insérées ici.]

■ Affaire Lonza: interpellation de Philippe Nantermod

Le député PLR estime que les échanges entre Lonza et le Conseil fédéral en avril 2020 à propos d’un éventuel investissement de Berne dans la production de vaccins du sous-traitant de Moderna, évoqués par le Tages-Anzeiger, ne sont pas clairs. Il a déposé une interpellation. Extraits:

Quelle était exactement l’offre faite par Lonza en avril 2020? Cette proposition a-t-elle fait l’objet d’une discussion au Conseil fédéral? La raison du rejet de la coopération avec la Lonza était-elle bien le «manque de base légale», comme l’a affirmé l’OFSP? Si tel est le cas, pourquoi le DFI n’a-t-il pas proposé au Conseil fédéral la création de la base légale nécessaire? D’autres entreprises pharmaceutiques ont-elles soumis une offre similaire au Conseil fédéral ces douze derniers mois? Le Parlement modifie actuellement la loi Covid-19. La Confédération sera-t-elle autorisée à «faire produire des vaccins»?

■ Un «vaccine day» pour booster la campagne

Boston veut lancer un vaccine day pour inciter les foules à se faire vacciner. Une journée de congé et de festivités, qui pourrait tomber le 30 avril, pour célébrer le personnel de santé et convaincre les vaccino-sceptiques.

■ Vers une 3e dose et une hausse des prix chez Pfizer?

Les prix des vaccins de Pfizer pourraient augmenter et des discussions portent sur une éventuelle troisième dose, relève le site Business Insider. «Si vous regardez comment la demande et les prix sont déterminés, il est clair que les conditions normales du marché ne prévalent pas. Tout est déterminé par la pandémie», justifient deux représentants de la multinationale américaine. Le retour inéluctable de conditions normales du marché va engendrer des hausses de prix, selon eux. Une troisième dose du vaccin pourrait renforcer son effet protecteur sur la durée, estiment-ils.

■ Une carte de la vaccination en Afrique

Il y a aussi celles de Bloomberg, du New York Times, de Our World in Data, toutes mondiales, mais avec des données précises sur le continent africain.

■ Accélération genevoise et ralentissement anglais

Le canton de Genève ouvre la campagne vaccinale aux personnes de 65 à 74 ans. Ce «coup d’accélérateur» est rendu possible grâce à une hausse attendue des livraisons dans le canton en avril. Des lots de 18 000 à 20 000 doses devraient y être acheminés chaque semaine, selon les autorités. Ils seront composés à moitié de vaccins Pfizer et à moitié de vaccins Moderna.

Au Royaume-Uni, les livraisons du vaccin d’AstraZeneca prennent du retard. C’est dû à un souci du côté d’un fournisseur indien, le Serum Institute of India, selon Bloomberg.


17 mars

■ Fabriquer des sacs, des fioles et des seringues en Europe

L’Europe, inquiète face à la fermeture des frontières américaines, veut augmenter la production sur son sol d’ingrédients et d’équipements nécessaires à la fabrication des vaccins, rapporte le Financial Times.

Thierry Breton, commissaire européen à l’Industrie, veut faire en sorte que les fournisseurs de sacs en plastique (dans lesquels les vaccins sont fabriqués), de flacons et de seringues les produisent sur le Vieux-Continent. Ces ustensiles manquent déjà largement. Voici les fournisseurs en la matière que nous avons identifiés:

■ Vacciner 600 millions de personnes en trois mois

Sur le front des vaccins, la campagne et la production chinoises sont un trou noir. Pékin veut vacciner 40% de sa population de 1,4 milliard de personnes d’ici au mois de juin, indique Reuters (4% des Chinois ont déjà reçu une dose). Mais comment? Des vaccins homologués en Chine (des groupes Sinopharm, CanSinoBIO et Sinovac), on ne sait pas grand-chose.

Ces producteurs pourraient fournir 3,6 milliards de doses cette année – selon une estimation prudente de Reuters –, ce qui serait suffisant pour atteindre les objectifs, tout en exportant une bonne partie d’entre elles. Les usines chinoises parviendraient à augmenter la cadence. «Les flacons, les boîtes, les seringues, les aiguilles, tous ces éléments, d’où viennent-ils?» se demande toutefois Harris Makatsoris, professeur au King’s College de Londres.

■ En bref: souplesse, alliances et ARNm

Les groupes allemand et japonais IDT Biologika et Takeda unissent leurs forces pour renforcer la production du vaccin de Johnson & Johnson. Les fournisseurs du groupe américain que nous avons identifiés sont ici.

«Les obstacles manufacturiers et logistiques dans la production des vaccins sont partis pour durer longtemps», selon le patron de Novavax. La campagne de vaccination est exemplaire dans l’Etat américain, plutôt pauvre, de Virginie-Occidentale.

Comment se préparer pour la prochaine pandémie? La technologie à ARN messager et la flexibilité des usines seront clés, estime Amélie Boulais, qui travaille pour le groupe Sartorius. Les industriels doivent notamment éviter les équipements en acier inoxydable, qui ne s’adapteraient pas suffisamment aux différents besoins, selon elle.


16 mars

■ Point presse de l’OFSP! Les points clés seront restitués ici.

De lundi à dimanche dernier, 149 949 doses de vaccin ont été administrées en Suisse, selon l’OFSP, soit une moyenne de 21 421 vaccinations par jour. Comparé à la semaine précédente, le rythme des injections s’est accéléré de 4%. En tout, 1 218 200 doses ont été livrées aux cantons, dont 1 038 540 ont été administrées, et 369 275 personnes ont déjà reçu deux doses.

A ce jour, neuf vaccins contre le Covid-19 ont été homologués ou autorisés pour un usage d’urgence dans certains pays. Ceux de Pfizer/BioNtech, Moderna, Spoutnik V, AstraZeneca et Johnson & Johnson sont les plus utilisés.

■ Les bateaux régateront contre les avions dans l’acheminement des vaccins

Les bateaux régateront bientôt contre les avions dans le déploiement des vaccins contre le covid, selon AP Moller-Maersk, le plus gros armateur du monde, cité par le Financial Times. Jusqu’à présent, le gros des vaccins ont été transportés par les airs et la route, les usines étant surtout en Europe, aux Etats-Unis et en Inde, non loin des premiers bénéficiaires. Mais les mers seront plus utilisées pour accéder aux marchés africains, asiatiques et d’Amérique du Sud dès la mi-2021 quand les avions ne pourront plus faire face à la demande, selon Hristo Petkov, responsable des produits pharmaceutiques chez Maersk.

Ces dix dernières années, les paquebots, moins chers, se sont progressivement mis à concurrencer le fret aérien dans le transport des médicaments, des traitements et des vaccins. En régime de croisière et en volume, 87% des produits médicaux sont envoyés par voie maritime contre 13% par voie aérienne, un rapport qui s’inverse en termes de valeur, selon le cabinet de conseils Modalis, cité par le quotidien britannique.

Maersk a conclu un accord exclusif pour distribuer un candidat-vaccin de Covaxx, une biotech américaine qui veut produire 1 milliard de doses cette année. «Il faudra trois à quatre ans pour vacciner le monde», selon Hristo Petkov. Les goulets d’étranglement logistique pourraient ralentir la campagne, selon lui. Les conteneurs réfrigérés des navires (reefers) peuvent servir d’entrepôts mobiles sur terre et aider les pays dépourvus d’infrastructures de chaîne du froid.

■ «Nous sommes prêts», indique un porte-parole de MSC

Le groupe MSC, deuxième armateur mondial, dit également suivre attentivement le déploiement des vaccins. «Nous nous tenons prêts à le soutenir», selon son porte-parole Giles Broom contacté par nos soins. «Nos porte-conteneurs en mer devraient jouer un rôle pour certains vaccins contre le Covid-19.»

Le groupe genevois transporte déjà régulièrement des produits thérapeutiques. «Nos conteneurs réfrigérés peuvent composer avec des températures allant de -40 degrés à +30 degrés», indique Giles Broom. L’aviation a donné le coup d’envoi de la campagne logistique des vaccins contre le Covid-19, mais le transport maritime prendra largement le relais, selon lui.

■ Calculer votre place dans la file d’attente au vaccin

«D’après mes calculs, un homme de 37 ans comme moi serait en ligne derrière au moins 2 150 000 Suisses, et au taux actuel de 152 000 vaccins par semaine, je ne pourrais recevoir ma première dose qu’après le 24 septembre 2021», nous écrit celui qui a conçu ce calculateur, Salam Moubarak.

■ Nouveau feu vert de Swissmedic pour Lonza

Lonza a reçu une autorisation d’exploitation pour une nouvelle ligne de production, à Viège, du principe actif du vaccin contre le Covid-19 de Moderna, a annoncé Swissmedic lundi. Cette licence porte sur une ligne de production qui a coûté 70 millions de dollars, selon Reuters. Elle contribuera à augmenter les livraisons de Moderna dans le monde (à part aux Etats-Unis, desservis par une autre usine de Lonza, dans le New Hampshire).

Lire aussi: A New York, où l’on vaccine 24 heures sur 24

Deux lignes de production supplémentaires chez Lonza sont en construction à Viège. Le patron de Lonza, Pierre-Alain Ruffieux, a déclaré qu’il faudrait quelques mois avant que les nouvelles installations du groupe n’atteignent leur «vitesse de croisière». Moderna s’est engagé à fournir 700 millions à 1 milliard de doses de son vaccin dans le monde en 2021.

■ Le parti d’Angela Merkel victime des ratés d’une campagne

En Allemagne, le parti de la chancelière Angela Merkel a perdu des élections régionales dimanche à cause d’une campagne de vaccination chaotique, selon le Wall Street Journal. Le premier vaccin contre le covid autorisé en Occident a été inventé en Allemagne, par BioNTech. Pourtant, l’Allemagne a vacciné tout juste 6 millions de personnes en raison de problèmes de fabrication, de goulets d’étranglement et de livraisons lentes. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où l’on utilise largement le même vaccin, ont progressé plus vite, relève le quotidien.


15 mars

■ Un premier centre de vaccination privé en Suisse?

Benjamin Wasinger, le patron du groupe Wacker Neuson en Suisse, veut faire vacciner ses employés, selon le Tages-Anzeiger. Le groupe qui se spécialise dans les engins de construction entend mettre en place un centre de vaccination pour ses 175 salariés et leurs familles dans un grand bâtiment à Volketswil, dans le canton de Zurich. Il s’agirait du premier centre de vaccination privé en Suisse. Benjamin Wasinger craint que la Confédération ne puisse pas vacciner tout le monde dans les délais qu’elle s’est fixés.

Lire aussi: Suivre l’incroyable logistique des vaccins

■ Des tempêtes en Asie et le caoutchouc fait défaut

Le New Yorker explique pourquoi il faut être patient si on souhaite être vacciné. Le magazine souligne que pour créer une dose du vaccin, il fallait compter 110 jours en 2020 (le fabricant entend réduire ce laps de temps à 60 jours), que les lipides, essentiels pour ce vaccin, se font rares. Il rappelle que le verre pour produire les fioles fait défaut, notamment parce que le sable nécessaire pour sa construction manque.

Les flacons ont également besoin de bouchons en caoutchouc. Or cet automne, des tempêtes tropicales dans les pays producteurs de caoutchouc – la Thaïlande, le Vietnam, l’Inde – ont entraîné des pénuries qui auraient pu compromettre l’effort de vaccination. L’Association de pays producteurs de caoutchouc fait état d’une production en forte baisse en effet.

Le New Yorker relève au passage que le campus de Pfizer de Kalamazoo (Michigan), où il fabrique la substance active de son vaccin, est plus grand que Central Park. Est-ce vraiment plus grand que le célèbre parc de New York? «Oui, Kalamazoo est une installation de 1300 acres (ndlr: contre 840 acres pour Central Park; en hectares ça donne ça: 526 ha pour Kalamazoo et 340 ha pour Central Park). C’est le plus grand site de fabrication du réseau Pfizer. Nous avons plus de 4 millions de pieds carrés de surface de bâtiments, plus de 150 produits desservant 125 pays», nous répond le service de presse de Pfizer. Plus d’infos sur Kalamazoo ici.

■ Washington soutient le producteur indien Biological E

Joe Biden tente de remédier à la pénurie des vaccins au-delà des Etats-Unis, titre le New York Times. Dans un sommet virtuel (avec les présidents indien, japonais et australien), le locataire de la Maison-Blanche a fait part de son intention d’aider Biological E, un groupe indien, à produire un milliard de doses de vaccins contre le Covid-19 d’ici à la fin de 2022. «Cela permettrait de remédier à une pénurie en Asie du Sud-Est. Les Etats-Unis sont loin derrière la Chine, l’Inde et la Russie dans l’utilisation des vaccins comme instrument de diplomatie», relève le New York Times.

■ Cent millions de vaccinés aux Etats-Unis

Cent millions de personnes ont été vaccinées aux Etats-Unis, selon un décompte de Bloomberg. Environ 2,3 millions de doses sont injectées par jour, un rythme qui devrait s’accélérer. Selon le Financial Times, le déploiement dans ce pays est «énorme, rapide et désordonné». Aucune nation n’a administré autant de doses. Par habitant, les US se classent en 6e position. Dans certains Etats, ça va vite, comme en Alaska. Dans d’autres, en Californie notamment, c’est lent.

■ Les vaccins, un bien stratégique en Suisse?

Les vaccins devraient être considérés comme des biens stratégiques et à ce titre produits par les collectivités publiques. Un rapport de la Confédération va dans ce sens, indique Le Matin Dimanche.

■ Les vaccins attisent les appétits criminels

Plus de 5000 doses de faux vaccins contre le Covid-19 ont été saisies en Afrique du Sud et en Chine la semaine dernière. C’est une première saisie de ce type annoncée par Interpol: l’organisme s’est aussi félicité du démantèlement d’un réseau de vaccins contrefaits, relève la RTS.

■ En bref: des gros transporteurs et une septième dose

Extraire une septième dose de vaccin par flacon Pfizer est désormais permis en France, lorsque c’est possible. DHL, FedEx, UPS, TNT Post Group, Nippon Express, S.F. Express, Hiron, Zhejiang Int’l Group, China National Accord, TNT Post Group: ces noms de transporteurs sont mis en savant dans un rapport, payant, sur l’acheminement des vaccins contre le covid. Le site Business Insider braque les projecteurs sur onze transporteurs du vaccin (article payant).

Lire aussi: «Sans transport aérien, pas de vaccins», selon Alexandre de Juniac

Lonza veut développer un spray nasal comme vaccin contre le coronavirus. Le groupe letton Olainfarm entend construire une usine à vaccins dans son pays et le premier ministre letton propose de recourir à l’armée pour distribuer les vaccins. En Serbie, on se prépare à produire le Spoutnik V et un vaccin chinois, celui de Sinopharm.

Et Covax? Ce dispositif visant à répartir de façon équitable la distribution dans le monde fait-il partie de la solution ou du problème? Certains se posent la question et voici pourquoi.


12 mars

■ Le patron d’Adienne Pharma sur Bloomberg

Adienne Pharma, le groupe tessinois qui va produire le vaccin russe Spoutnik V au nord de Milan, pourrait lancer la production au 3e trimestre, annonce l’agence anglo-saxonne. On ne sait pas encore combien de doses sortiront de son usine et où elles pourraient être distribuées.

■ Pfizer, lui, pourrait faire fabriquer son vaccin en Inde

Le groupe américain Pfizer a indiqué au gouvernement indien qu’il souhaitait produire sur son territoire son vaccin contre le coronavirus s’il était assuré d’une autorisation réglementaire plus rapide et d’une liberté en matière de prix et d’exportations, selon Reuters. Le Serum Institute of Inde fabrique déjà les potions d’AstraZeneca/Oxford et de Novavax.

■ La Suisse aurait-elle pu bénéficier de son usine à vaccins?

La Suisse aurait pu prendre en main son approvisionnement en vaccins, selon le Tages-Anzeiger. La Confédération aurait pu disposer de sa propre installation de production des doses de Moderna chez Lonza à Viège, des doses qui auraient été distribuées en Suisse uniquement. Le président de Lonza, Albert Baehny, avait fait une proposition en ce sens à la Confédération, mais elle n’aurait pas été retenue pour des questions juridiques. Jusqu’à présent, aucun Etat occidental n’a construit sa propre usine de vaccins. La RTS a repris le sujet:

Des questions ont été adressées à Albert Baehny mais Lonza ne souhaite pas faire de commentaires. Durant un point presse vendredi, Alain Berset s’est voulu clair: «Il n’a jamais été question de l’achat d’une ligne de production», a-t-il dit. Le ministre de la santé a indiqué avoir reçu en avril dernier une lettre de Lonza «pour nous faire part d’une très bonne nouvelle selon laquelle Lonza a été choisie par Moderna avec avec d’importants investissements en Suisse.

«Nous avons d’excellents contacts avec Lonza et nous sommes très heureux que Lonza participe à la chaîne de production de Moderna. C’est une évolution très intéressante pour la Suisse. Nous avons été en contact car car Lonza cherchait des moyens pour investir et se développer mais nous avons vite réalisé que la production de vaccins était à 100% dans les mains de Moderna», a ajouté Alain Berset.

Question d’un journaliste: le conseil fédéral avait-il connaissance de cette offre?

Réponse d’Alain Berset: «Comme il n’y a jamais eu d’offres concrètes, nous n’en avions pas connaissance.» Moderna est la chef de cette chaîne de production, les produits sont sa propriété. Le meilleur soutient pour Moderna, Lonza et la population, c’est d’avoir accès à ces vaccins. La Confédération a donc vite eu des discussions avec Moderna pour réserver et procéder aux achats, selon le ministre.

Question d’un journaliste: Vous démentez ce qu’affirme le Tages-Anzeiger?

Combien de temps faut-il pour démentir cette information? Il y a une conférence de presse, on s’est dit que c’est le moment pour éclairer les faits. Le vaccin appartient à 100% à Moderna. Nous n’allons pas négocier avec un sous-traitant.


11 mars

■ Nouvelle déconvenue en vue pour AstraZeneca en Europe

AstraZeneca pourrait livrer moins de la moitié des doses de son vaccin promises à l’UE d’ici à juin, indique Bloomberg. Le laboratoire doit en livrer 76 millions au lieu de 180 prévues dans les trois mois à venir d’ici à juin, selon un document consulté par l’agence anglo-saxonne. Le groupe anglo-suédois aurait eu un souci dans une usine en Europe et aurait souhaité exporter vers l’Europe des doses produites outre-Atlantique, ce que de nouvelles lois protectionnistes, aux États-Unis notamment, auraient empêché.

Pendant ce temps, les nouvelles sont meilleures du côté de J&J:

■ Biden double les commandes, l’UE demande qu’on partage

Les Etats-Unis veulent recevoir 200 millions de doses du vaccin de J&J d’ici à cet été, contre cent millions jusqu’à présent. Ce qui suscite des craintes en Europe où les autorités s’apprêteraient à homologuer la solution de la multinationale américaine. Environ 34 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été exportées du Vieux-Continent ces dernières semaines, malgré les pénuries, relève d’ailleurs le New York Times. J&J peut produire davantage depuis qu’il s’est associé avec son concurrent Merck, mais les usines sont aux Etats-Unis où les frontières se ferment. Le «Defense Production Act» américain inquiète notamment le Serum Institute of India, qui dépend des importations de matières premières américaines.

■ Ces emballages adaptés au grand froid

Le groupe britannique Softbox fournit Pfizer en cartons spéciaux, capables de gérer des températures extrêmes (aux alentours des -80° Celsius) requises pour ses vaccins à ARNm. Softbox les conçoit dans deux usines, aux Pays-Bas et en Caroline du Sud (les fameux cartons en forme de boîtes à pizzas, dans lesquels sont rangés les vaccins, sont insérés dans ces cartons et fournis par une entreprise tierce).

Le Temps a identifié huit entreprises actives dans l’emballage des vaccins. Voici par exemple le cas des emballages spéciaux et adaptés à la chaîne du froid du groupe allemand Unitax et de son fournisseur Schaumaplast. L’entretien du matériel, notamment les équipements nécessaires à la chaîne du froid, est sous-estimé, relève d’ailleurs l’ONG Gavi.

■ Un vaccinodrome à Zurich

Une photographe de Keystone s’est promenée dans les allées de Messe Zurich, à Oerlikon, réquisitionné pour servir de centre d’injections. Les autorités prévoient un débit de 4000 injections par jour. La Suisse a d’ailleurs commandé mercredi 3 millions de doses en plus à Pfizer/BioNTech, ce qui porte à environ 36 millions le nombre de doses commandées par la Confédération et suscite la colère de Public Eye.

Les prix? Confidentiels en Suisse mais ils peuvent varier:

■ Et les vaccins non covid?

«Il est facile pour les dirigeants mondiaux de penser que la solution consiste à augmenter les capacités de production. Mais avoir plus de surface ne va pas permettre de produire plus de vaccins s’il y a un goulet d’étranglement en amont», indique au site Stat le patron de l’ONG CEPI, Richard Hatchett. […] «On estime entre 3,5 et 5,5 milliards la production mondiale de vaccins avant le Covid-19. Désormais, l’industrie anticipe la production de 10 milliards à 14 milliards de doses de vaccins Covid-19 en 2021. [...] Certains craignent que la consommation de ressources pour les produire n’ait un impact sur la production de vaccins pour d’autres maladies.»

■ Un document de référence

Un document, signé par l’industrie et des ONG, fait le point sur le déploiement. Extraits:

«Il est devenu évident que de nombreuses matières premières, matériaux d’emballage, instruments et équipements pour les vaccins sont en quantité insuffisante, ce qui pourrait empêcher plusieurs fabricants de respecter leurs engagements.» […] «Plus de 150 partenariats avec des CDMO [ndlr: sous-traitants pharmaceutiques] et une série d’autres fabricants de vaccins à travers le monde ont été signés.» […]

«Actuellement, 55% des capacités manufacturières des vaccins sont situées en Asie de l’Est, 40% en Europe et en Amérique du Nord, et moins de 5% en Afrique et en Amérique du Sud. […] Au 3 mars, 400 millions de doses ont été fabriquées. Soit 3% de ce qui doit être fourni en 2021. L’Asie est la plus rapide (196 millions de doses produites), suivie de l’Amérique du Nord (103 millions) et de l’Europe (99 millions). Le reste du monde a produit moins de 0,5 million de doses.»

La capacité de fabrication et la pénurie d’ingrédients sont les principaux obstacles à l’expansion de la production du vaccin covid, ont déclaré plusieurs groupes pharmaceutiques, et non les brevets dont certains détracteurs demandent la suppression.

■ En bref: Qatar Airways, des drones et des vélos

Le groupe hollandais Intravacc va construire un centre manufacturier aux Pays-Bas pour pouvoir fabriquer des vaccins et moins dépendre des importations en la matière. Le rôle de Qatar Airways dans le déploiement: la compagnie a déjà livré plus de 10 millions de doses dans vingt pays, de l’Algérie au Cambodge en passant par le Pakistan, l’Afrique du Sud et les Pays-Bas. Distribution à vélo au Bangladesh:

Après le Rwanda, le Ghana: les drones de Zipline décollent depuis quatre «operation centers» dans ce pays ouest-africain. L’internet des objets et la blockchain peuvent faciliter la campagne.


9 mars

■ Avancées chinoises

Ribobio, une firme de la province de Guangzhou, et le National Center for Nanoscience and Technology of China planchent sur des vaccins à ARNm qui peuvent être stockés dans des frigidaires ordinaires, entre 2 et 8° pendant six mois, rapporte le South China Morning Post. Des particules nanolipidiques spéciales permettraient cette prouesse, qui faciliterait la distribution de tels vaccins. En attendant, les doses chinoises se déploient dans le monde:

■ Une entreprise suisse fabriquera le Spoutnik V

Adienne Pharma & Biotech SA a signé un accord pour fabriquer le vaccin russe dans une usine près de Milan, a déclaré son patron, Antonio Francesco Di Naro, à Bloomberg. C’est le premier contrat en Europe portant sur la fabrication du Spoutnik V.

Lire: Le vaccin Spoutnik V, comparable à la «roulette russe» pour l’Europe

■ De Kalamazoo à un stade de baseball à Boston

Le site Stat refait le trajet d’une dose du vaccin de Pfizer/BioNTech. Teaser: on voit de nombreux capteurs de température (un groupe islandais, Controlant, figure parmi les fournisseurs de Pfizer en capteurs) et un homme avec des pin’s:

■ Quand on est bien connectés…

Des cadres du groupe Eni, le patron d’un fonds de pension canadien, des politiciens (notamment libanais et géorgiens) et des sœurs du roi d’Espagne figurent parmi ces personnalités qui sont allées se faire vacciner dans les Emirats plutôt que d’attendre chez elles, rapporte le Financial Times. Les EAU, en avance dans cette campagne, aident leurs amis.

En Suisse aussi, les passe-droits existent, rapporte Le Temps. Sur sol vaudois par exemple, des médecins outrepassent le système officiel pour vacciner des proches sans qu’ils aient été convoqués officiellement. A l’international, des firmes envisagent d’en distribuer à leurs employés, d’ExxonMobil à AbbVie en passant par Abbott et Caterpillar, selon le Wall Street Journal. Pendant ce temps, la plupart des gens prennent leur mal en patience.

■ Washington menace les exportations du Serum Institute of India

A Pune, une ville à l’ouest de l’Inde, le Serum Institute of India dispose de machines qui peuvent remplir chaque minute 500 flacons de vaccin. Ces deux derniers mois, depuis que la potion d’AstraZeneca/Oxford a été autorisée, le sous-traitant en a vendu 91 millions de doses dans 51 pays. Un déploiement désormais menacé par Joe Biden: Washington a invoqué le Defense Production Act qui limite l’exportation de certains matériaux nécessaires à la fabrication de vaccins contre les coronavirus – notamment des gants et des filtres – pour renforcer les capacités des groupes américains, Merck, Johnson & Johnson et Pfizer en tête. Cela souligne la fragilité de la chaîne logistique, selon Bloomberg.

■ Allez, un peu de douceur

■ En bref: colère française et exemple chilien

Colère en France après que des vaccins ont été jetés à la poubelle. Baxter, un nouveau partenaire pour le fill and finish du vaccin de Moderna: 60 à 90 millions de doses devraient ainsi sortir d’une usine à Bloomington (Indiana). Cela porte à quatre le nombre de sous-traitants en la matière pour Moderna, identifiés par Le Temps. Avec 18% de sa population qui a reçu une première dose, le Chili figure dans le peloton de tête de la course à la vaccination et ce n’est pas pour rien.


8 mars

■ Des satellites pour lutter contre le gaspillage des vaccins

De nombreux vaccins se détruisent durant leur transport avant d’être administrés. Près de la moitié d’entre eux finissent ainsi à la poubelle, selon un document de l’OMS en 2005. La question est d’autant plus centrale face au covid que certains d’entre eux doivent être transportés à des températures très basses et constantes et que les usines se concentrent dans un nombre restreint de pays.

«Nous avons désormais les outils pour faire face», selon Steven Tompkins, un cadre du groupe Inmarsat: des dispositifs connectés à internet placés au sein des congélateurs et transmettant des données en temps réel, de la température au taux d’humidité, de l’ouverture des portes à leur géolocalisation. Autant d’informations pour réagir aussitôt en cas d’accrocs. Pour garantir une connectivité à travers le globe, rien de tel que des satellites, selon Steven Tompkins.

Capteurs de température, technologie de suivi et nouveaux emballages: les acteurs de la logistique de niche figurent parmi les gagnants de la campagne de cette vaccination historique, relève d’ailleurs le magazine Business Insider.

■ Plus sur les lipides

«Préparer des usines à produire des lipides prend typiquement une année ou deux et là, il faut le faire en moins de deux mois», indique Thomas Riermeier, un cadre du groupe Evonik Industries, à Bloomberg. Le groupe allemand figure parmi les principaux producteurs de lipides avec le canadien Acuitas et la firme allemande Merck. Les lipides servent à fabriquer des nanoparticules lipidiques, des éléments essentiels des vaccins à ARNm. Le Temps a identifié onze fournisseurs en lipides.

■ Moins efficaces que jadis, les campagnes de vaccination

Les campagnes de vaccination du passé étaient plus efficaces, selon le Wall Street Journal. Notamment parce que les gens faisaient plus confiance aux fabricants et aux médecins, parce que les Etats collaboraient davantage entre eux. Exemples avec la polio et la variole.

■ Ethiopian Airlines se profile et Covax se déploie

«Nous avons ôté les sièges de 16 avions passagers, des gros modèles, pour les adapter au transport de vaccins et ils sont prêts», indique Fitsum Abadi, le directeur de la division cargo d’Ethiopian Airlines à Reuters. La compagnie africaine participe au déploiement du programme onusien de distribution Covax et s’est associée au groupe chinois Cainiao Network (une filiale logistique d’Alibaba) pour établir une chaîne du froid de Chine pour le transport de produits pharmaceutiques.

■ Le rôle des stades de sport

L’agence Bloomberg s’intéresse au rôle des stades de grandes équipes sportives dans cette campagne. «Quand on pense au coût et aux efforts nécessaires pour mettre en place un stockage adéquat, il est plus intelligent de recourir à des grands sites», déclare Tim Rowe, PDG de CIC Health, une société qui gère des installations de tests et de vaccinations. A Boston, le Gillette Stadium, de l’équipe de football américain New England Patriots, a ouvert ses portes le 18 janvier. On y administre 6000 vaccins par jour. A Fenway Park, où jouent les Red Sox, on y administre 1200 vaccins par jour. Ces deux sites ont supervisé 9% des vaccinations du Massachusetts. Le New York Times s’était aussi penché sur la question fin février. Aux Etats-Unis, les livraisons de vaccins sont en hausse. En Suisse, elles baissent:

■ L’autre face de Emergent BioSolutions, le sous-traitant de J&J

Grosse enquête du New York Times sur Emergent BioSolutions, cette firme du Maryland qui fabrique la substance active du vaccin de Johnson & Johnson et qui fournit Washington en vaccins contre l’anthrax, une maladie causée par une bactérie susceptible d’être utilisée comme arme bactériologique. Problème, selon le journal américain: ces livraisons auraient contribué à la pénurie d’équipements nécessaires face au Covid-19.

■ En bref: des drones et des citations pour l’histoire

Le groupe américain Merck et Volansi, un groupe logistique californien, envisagent d’utiliser des drones pour livrer des vaccins des hôpitaux à des zones rurales de Caroline du Nord. «Cette campagne de vaccination restera comme l’une des plus grandes opérations logistiques jamais vues. C’est la plus grande opération depuis la Seconde Guerre mondiale», selon Jim Monkmeyer, président des transports de DHL Supply Chain North America. «C’est excitant et cela rend modeste de participer à cette opération.»

Des images de l’usine de Grand River Aseptic Manufacturing, qui figure parmi les sous-traitants de J&J pour la production de son vaccin. Une start-up française, Sysark, entend permettre l’extraction d’une septième dose de vaccin par flacon de Pfizer/BioNTech. Une usine de Pfizer est critiquée car elle n’a pas toujours été aux normes.


5 mars

■ En Suisse, le rythme de vaccination baisse encore

De jeudi à mercredi, 133 896 doses de vaccin ont été administrées en Suisse, selon l’OFSP. Soit en moyenne, 19 128 vaccinations par jour. Comparé à la semaine précédente, le rythme des injections a ralenti de 3%. Au total, 1 190 300 doses ont été livrées aux cantons et 884 905 vaccinations avaient été réalisées mercredi. En tout, 300 568 personnes, ou 3,5% de la population, ont reçu deux doses. C’est la deuxième semaine de suite que la cadence ralentit.

■ 440 000 doses manqueraient en Suisse

En décembre, Berne s’attendait à recevoir 1,6 million de doses de vaccins d’ici à la fin février, selon le Tages-Anzeiger: 702 000 doses auraient été promises par Pfizer/BioNTech et 900 000 par Moderna. Or il n’en est rien: fin février, seulement 1,16 million de doses avaient été livrées. Il en manque un bon quart et ça complique d’autant la planification des vaccinations dans les cantons, relève le quotidien alémanique. La Confédération maintient son objectif de vacciner plus de 70% de la population d’ici à cet été.

«Les contrats avec Moderna et Pfizer/BioNTech spécifiaient des volumes de livraison de vaccins Covid 19 par trimestre, et non par mois. Les entreprises ont annoncé qu’elles livreront le volume de doses de vaccins prévu par le contrat à la Suisse au cours du premier trimestre 2021, comme annoncé. La Confédération présume que Moderna et Pfizer/BioNTech rempliront leurs obligations et qu’il n’y aura pas de retard. En outre, la Confédération est en négociation pour se procurer rapidement des doses supplémentaires de vaccins», répond Maria Foursova, porte-parole de l’OFSP.

Lire aussi: Berne annonce des tests gratuits pour tout le monde dès le 15 mars

■ «Nouvelle déconvenue» à Genève

Adrien Bron, directeur général de la santé à Genève, fait part vendredi d’une «nouvelle déconvenue» avec un nouveau retard des livraisons de Moderna «qui nous a obligé à repousser des rendez-vous dans les centres de vaccination». «On travaille en flux tendu, qu’on n’a pas de stocks, précise-t-il. On ne peut pas faire grand-chose par rapport à ces retards, on ne sait pas à quoi ils sont dûs.»

«Tout avait bien commencé, avec 2000 vaccins par jour», a complété la pharmacienne cantonale Nathalie Vernaz. «Jusqu’à ce qu’on apprenne mercredi que les 47 000 doses de Moderna arriveront avec deux semaines de retard. On doit prendre des mesures qu’on a jamais prises, on privilégie les administrations de deuxième dose. On a téléphoné à 1141 personnes pour repoussé un rendez-vous pour la première dose.»

Le canton va néanmoins ouvrir deux centres de vaccination: dans la salle communicable de Meyrin, qui sera ouvert le 22 mars et géré par l’hôpital de la Tour, et un centre exploité par l’Association des médecins genevois et des pharmaciens PharmaGenève, à Palexpo.

■ Point de situation avec l’armée suisse

Quant à l’armée, elle demeure discrète sur son rôle dans cette campagne pour des questions de sécurité, selon son porte-parole Daniel Reist. Les camions continuent d’arriver par la route de Belgique (où se trouvent des centres de distribution de Moderna et de Pfizer). En Suisse, l’armée prend en charge les cargaisons dans un ou des endroits tenus secrets avant de les stocker dans d’autres lieux secrets. Des petits camions de la grande muette livrent ensuite la marchandise aux cantons. «Rien n’a changé depuis ce que nous avons annoncé le 28 décembre, nous sommes prêts à faire face à des livraisons beaucoup plus importantes», a déclaré Daniel Reist. A ce jour, aucun média n’a visité les centres logistiques de l’armée.

■ Des drones pour livrer les vaccins

Les livraisons ont commencé à être effectuées par drones, notamment au Rwanda où les premières doses sont arrivées mercredi.

Le groupe californien Zipline dispose de centres de stockage décentralisés où il peut compter sur des congélateurs ultrapuissants pour la potion de Pfizer/BioNTech et de drones. Quand une clinique des environs a besoin d’un vaccin, un drone part et peut arriver dans la demi-heure. Plus d’informations ici. Ces livraisons ont lieu dans le cadre du programme Covax, qui se prévaut de quelques succès cette semaine.

■ L’apport des technologies

«L’intégration des technologies de suivi et de traçabilité en temps réel, d’appareils mobiles intelligents et des solutions analytiques avancées dans le déploiement des vaccins est notre meilleure chance d’améliorer son efficacité», révèle un expert. Moderna et IBM se sont associés pour voir à quel point l’intelligence artificielle et la blockchain peuvent aider dans le déploiement des vaccins.

■ En bref: des kilos de lipides, encore des lipides et un guide logistique

Bloomberg revient sur l’importance des lipides dans la production des vaccins à ARNm et la difficulté d’en obtenir suffisamment. L’agence se penche aussi, dans les détails, sur la distribution de vaccins de Pfizer, inéquitables. L’Association internationale du transport aérien (IATA) a publié un guide intitulé «Guidance for Vaccine and Pharmaceutical Logistics and Distribution».


4 mars

■ L’Italie a fait bloquer une expédition de la potion AstraZeneca/Oxford vers l’Australie

L’Italie a bloqué l’exportation vers l’Australie de doses du vaccin d’AstraZeneca produites en Europe, selon l’AFP jeudi soir. C’est une première. Rome a fait part de sa décision le 26 février à la Commission européenne qui n’a émis aucune objection. Ce refus d’exportation a porté sur 250 700 doses. L’Etat italien le justifie notamment par «la pénurie persistante de vaccins et les retards d’approvisionnement d’AstraZeneca» dans l’UE et en Italie et par le fait que l’Australie est considérée comme un pays «non vulnérable» par le mécanisme de l’UE.

■ Les partenaires de Curevac

Le groupe de Tübingen, de relativement petite taille, multiplie les partenariats pour augmenter la production de son candidat vaccin. Curevac en a annoncé un avec Novartis jeudi. Ses partenariats ne sont pas tous rendus publics, voici ceux qu’on a trouvés pour l’instant:

■ «Rapide à faire, difficile à industrialiser»

Le Wall Street Journal revient sur la production des vaccins à ARNm et prend l’exemple de Pfizer. Pour en fabriquer, il faut compter:

  1. 17 jours pour synthétiser l’ADN dans une usine du Missouri, dont un trajet d’une semaine en camion, dans des bouteilles de près de 4 litres où tout est congelé, jusqu’au Massachusetts.

  2. 16 jours afin de transformer l’ADN en ARN messager.

  3. 12 jours pour mettre le tout dans des lipides. Cette étape est considérée comme problématique, car produire ces matières grasses à large échelle est difficile. Elle s’effectue notamment dans une usine du Michigan qui crache trois millions de doses toutes les 30 heures.

  4. 19 jours pour tester la qualité et encapsuler, toujours dans le Michigan. Tout est ensuite distribué, par camion ou par avion.

■ J&J, du parking à l’usine de pointe

J&J fabrique son vaccin aux Etats-Unis, en Europe, en Asie et en Afrique et entend avoir huit sites de production d’ici à la moitié de l’année. Mais pour augmenter la cadence, son directeur général Alex Gorsky en veut plus, dit-il. «Pour augmenter nos capacités, nous concentrons nos efforts sur la production de la substance active du vaccin, puis nous regardons le remplissage des flacons. Une de nos installations était littéralement un parking il y a douze mois, et aujourd’hui c’est l’un des sites de fabrication de vaccins bio-pharmaceutiques les plus avancés au monde», relève-t-il à Bloomberg. Pour la substance active de son vaccin, le J&J compte surtout sur une firme relativement méconnue, Emergent BioSolutions.

■ Qui est Emergent BioSolutions?

Le magazine Forbes s’est d’ailleurs intéressé à ce sous-traitant méconnu qui fabrique la substance active du vaccin de J&J. Fondé en 1998, le groupe du Maryland ne produisait alors qu’un vaccin contre l’anthrax, une maladie causée par une bactérie (qui se révèle aussi être une arme bactériologique potentielle). Ce vaccin demeure à ce jour le seul autorisé aux Etats-Unis. La firme développe par la suite un spray aidant en cas d’overdose d’opiacés, des antalgiques prisés outre-Atlantique et pouvant créer une dépendance. Elle se lance dans les maladies virales, dont Ebola. Le vaccin de J&J utilise une technologie semblable à celle développée face à Ebola. Face à la pandémie, Emergent BioSolutions signe un contrat de cinq ans avec J&J (et un autre avec AstraZeneca). «A huge boost» pour cette société qui pèse 1,5 milliard de dollars, relève Forbes.

■ Merck vole au secours de son concurrent

Alex Gorsky cherche de l’aide pour augmenter sa production et, dans la foulée, Merck annonce qu’il va lui prêter main forte: le géant américain va produire la substance active du vaccin de J&J.

■ Pendant ce temps, en Afrique

L’Unicef et le programme Covax ont répondu présent ces dernières 36 heures: 36 000 doses sont arrivées au Lesotho, 800 000 doses à Khartoum, 324 000 doses au Sénégal, 240 000 doses au Rwanda, 36 000 doses à Banjul et notamment un million de doses au Kenya. La directrice de la Unicef Supply Division, Eva Kadilli, fait le décompte, sur son fil Twitter.

Mais sur les suivis des vaccinations de Bloomberg, les retards en Afrique demeurent saisissants.

■ En bref: l’apport des technologies et des régions moins nanties

La nouvelle patronne de l’OMC veut tripler la production de vaccins contre le Covid-19. La production américaine et européenne ne suffit pas et il est temps d’exploiter les énormes potentiels en Afrique, en Asie et en Amérique latine, selon Foreign Policy. Voici pourquoi les particules nanolipidiques, essentielles aux vaccins à ARNm, font défaut.

MilliporeSigma va recruter 400 personnes à Danvers, dans le Massachusetts, se réjouit la presse locale. La filiale du groupe allemand Merck (pas le Merck américain cité plus haut, il y en a deux) y fabrique des assemblages qui contribuent à rationaliser le processus de fabrication des vaccins et elle doit renforcer sa production. Des images d’une usine de Catalent, à Bloomington (Indiana), qui s’occupe de l’encapuslage («fill and finish») des doses de Moderna et J&J notamment.


2 mars

■ Un dispositif à la James Bond autour des transporteurs

La sécurité autour du déploiement des vaccins est digne de James Bond, selon Bloomberg. Les camions de Kuehne + Nagel transportant des vaccins ne sont pas labellisés comme tels, ils sont sous escorte policière, munis de dispositifs de géolocalisation en temps réel, de senseurs et suivis à la trace par une équipe de douze personnes, indique un cadre du groupe suisse. «On sait dès qu’une porte s’ouvre, et on est alertés dès qu’une pause dure trop longtemps», dit-il.

D’autres véhicules sont équipés d’une alarme sonore, de moteurs qu’on peut couper à distance, voire de «panic buttons» qui arrêtent tout en cas d’accroc. Des cadenas numériques bloquent les portes des camions du transporteur H. Essers. Ses conducteurs ont bénéficié d’une formation de conduite en cas d’attaque. Le groupe néerlandais transporte des doses du vaccin de Pifzer/BioNTech au départ d’une usine en Belgique.

L’entreprise Agility, qui transporte la substance active des vaccins de Moderna de Viège à Madrid, a dit au Temps avoir reçu l’interdiction de parler à la presse pour des questions de sécurité. La Fédération internationale des associations de transitaires (FIATA, basée à Genève) nous dit s’attendre à une importante criminalité autour des convois de vaccins.

Ces cargaisons – certaines portent sur des valeurs de 70 millions de dollars – seront la cible des escrocs, estime Bloomberg, et Interpol s’attend à une envolée des vols à main armée. Les bandits seront d’autant plus tentés par ces vaccins qu’on pourrait facilement les écouler sur le marché noir (où l’on trouve notamment des traitements contre le cancer et l’arthrite).

Sur le dark web, on peut d’ailleurs déjà acheter des doses pour 200 dollars. En 2020, on a dérobé des masques respiratoires au Kenya, des gants médicaux en Floride (pour 1 million de dollars) et 200 appareils respiratoires en Colombie. Le déploiement des vaccins constitue «le plus grand défi de sécurité d’une génération», selon une association du secteur.


■ En Suisse, la cadence ralentit

La semaine dernière, le rythme des vaccinations a ralenti, selon des données publiées par l’OFSP mardi. De lundi à dimanche, 132 243 doses ont été administrées en Suisse, une moyenne de 18 892 par jour. C’est 2% de moins que la semaine précédente.

■ Des «micro-brasseries» à ARN messagers

Dans The Jab, le podcast de The Economist sur la campagne de vaccination, il était question lundi de micro-brasseries à ARNm. Cette technologie révolutionnaire permet de plus facilement diffuser des recettes et répartir la production de vaccins. Un peu comme la production de bière.

Le podcast a aussi fait la part belle à Adar Poonawalla, patron du Serum Institute of India (SII) et sa famille, cette fratrie qui était, avant la pandémie, réputée pour ses goûts luxueux et son amour pour les chevaux. Le SII pourrait produire près de la moitié des vaccins dont le monde a besoin. Adar Poonawalla demande, comme il l’avait fait dans le Guardian en février, une harmonisation des règles internationales encadrant le secteur pour que les choses aillent plus vite. L’importance des pharmas indiennes a été soulignée. On ne compte d’ailleurs plus les défis sur la chaîne logistique indienne, où plus d’un milliard de gens pourraient être vaccinés.

■ Pfizer: 19 pays et 86 usines

Pour les autres fabricants homologués aux Etats-Unis, les partenaires sont ici:

■ J&J fait naître l’espoir d’un déploiement plus rapide

Le produit de Johnson & Johnson doit simplifier la campagne de vaccination, car il ne nécessite qu’une seule dose mais aussi parce qu’il peut être conservé jusqu’à trois mois au réfrigérateur, souligne la revue Nature. Le groupe doit en livrer 100 millions de doses aux Etats-Unis d’ici à cet été. Des usines en Europe ont été utilisées pour livrer outre-Atlantique, ce qui a suscité des craintes sur le Vieux-Continent. «

, à partir du deuxième trimestre», nous indique son porte-parole pour la Suisse, Thomas Moser. En attendant, aux Etats-Unis, les expéditions sont plus lentes que prévu.

■ En bref: Novavax, la belle histoire et un gros rapport

Un rapport, payant, sur les capacités de stockage et d’emballage des vaccins. Parmi les poids lourds du secteur figurent les groupes Lineage Logistics, DB Schenker, AmerisourceBergen, DHL, Thermo Fischer Scientific, Cardinal Logistics ou McKesson. Le Financial Times revient sur la longue route de Novavax vers un vaccin contre le Covid-19. Une belle histoire sur laquelle le Wall Street Journal est aussi revenu.


Retrouvez ici le suivi logistique du mois de février