Toutes les options sont ouvertes. Novartis a annoncé ainsi, mercredi à Bâle lors de la présentation des résultats financiers 2016, qu’il allait examiner l’avenir d’Alcon, sa division ophtalmologique qui commercialise notamment des lentilles oculaires et des instruments pour la chirurgie de l’œil. En théorie tout est ouvert, du maintien de la division au sein du groupe à sa vente à une autre société intéressée.

En réalité, à ce stade, c’est la séparation par une entrée en bourse qui semble être privilégiée par Joe Jimenez, patron du groupe, qui s’est confié, mercredi, à quelques journalistes suisses. «Dans le domaine des appareils médicaux ou des lentilles, tout est différent comparé à la pharma, de la recherche et développement aux canaux de distribution. Pour les actionnaires de Novartis une valorisation en bourse d’au moins 25 milliards de dollars (25,04 milliards de francs) serait intéressante».

Une poule aux œufs d’or

Lorsque Daniel Vasella, l’ancien patron de Novartis, s’y était intéressé, dès 2008, la société américaine spécialisée en ophtalmologie devait être, selon lui, une poule aux œufs d’or grâce à la stabilité des affaires et à une forte marge bénéficiaire. Le groupe bâlois avait donc mis le prix, 52 milliards de dollars, l’une des plus grosses transactions sur le marché pharmaceutique de l’époque, pour faire lâcher le morceau à Nestlé qui voyait mal les synergies avec l’alimentation.

Joe Jimenez estime qu’en cas de vente d’Alcon un amortissement extraordinaire ne serait pas nécessaire, bien que le «goodwill» se monte à quelque 17 milliards de dollars. Les choses ont commencé à sérieusement mal aller en 2015. La société, intégrée à Novartis, avait manqué le coche des lentilles intraoculaires et négligé la recherche et développement. Son bénéfice s’est effondré de 50% en 2015. En janvier 2016, Jeff George, chef d’Alcon, prenait la porte, alors qu’était annoncé un vaste plan de dynamisation et d’économies. «Des progrès ont été faits, mais ils sont beaucoup trop lents», souligne aujourd’hui Joe Jimenez, qui avait sous-estimé les faiblesses de cette division.

Novartis a déjà déplacé les médicaments ophtalmologiques d’Alcon dans son unité pharmaceutique, pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards de dollars. Les instruments chirurgicaux et les lentilles, éléments dont Novartis pourrait se séparer, représentent un chiffre d’affaires annuel de 5,8 milliards de dollars, sur un total de 48,5 milliards (–2%) pour le groupe. Alors que les affaires liées aux lentilles de contact sont stables, celles relatives à la chirurgie ont chuté de 5% en 2016. La perte d’Alcon se monte à 132 millions de dollars, alors que le groupe affiche un bénéfice opérationnel en baisse de 8%, à 8,2 milliards de dollars.

Hausse du dividende

En attendant la vente éventuelle d’Alcon, Novartis a décidé de récompenser d’une autre manière ses actionnaires. Le dividende augmente peu (2%), mais le groupe bâlois annonce un programme de rachat d’actions, à hauteur de 5 milliards de dollars, afin de soutenir le titre en bourse. Cela a plu aux investisseurs: l’action a progressé de plus de 2% mercredi avant midi, au-dessus de la moyenne du SMI (1,2%). Les actionnaires n’ont manifestement pas tenu rigueur aux dirigeants de Novartis de la baisse du chiffre d’affaires et du bénéfice en 2016. «C’est une année marquée par une solide performance si l’on tient compte du fait que 2,4 milliards de dollars de ventes dues à la perte de brevets, principalement celui de l’anticancéreux Glivec, ont été compensés», souligne Joe Jimenez. L’année 2017 s’annonce du même niveau que la précédente.


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