Roche va faire une acquisition pour plus de 4 milliards de dollars
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Le groupe bâlois annonce l'achat de l'américain Spark Therapeutics pour 4,3 milliards de dollars. La société est active dans les thérapies géniques, et a suscité la polémique avec un traitement extrêmement onéreux

Le groupe pharmaceutique suisse Roche va racheter pour 4,3 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) l'américain Spark Therapeutics, un laboratoire spécialisé dans les thérapies géniques, a-t-il annoncé lundi.
Le groupe suisse a conclu un accord de fusion avec le laboratoire basé à Philadelphie, en Pennsylvanie, approuvé à l'unanimité par son conseil d'administration, ainsi que par celui de Spark Therapeutics. Cet accord propose aux actionnaires de Roche 114,50 dollars par titre, a indiqué le groupe suisse dans un communiqué.
Spark Therapeutics, a pioneering company in the field of gene therapy, entered into an agreement to join the Roche Group as an independent company based in Philadelphia. https://t.co/bqnMfb03AM #SparkTherapeutics #Genetherapies #Biotech pic.twitter.com/hXeo3GsFdK
— Roche (@Roche) 25 février 2019
La transaction, en numéraire, représente une prime de 122% par rapport au cours de clôture vendredi, a-t-il ajouté, précisant que l'opération devrait commencer rapidement. Roche espère boucler l'opération durant le deuxième trimestre.
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Une compagnie fondée en 2013
Fondé en 2013, Spark Therapeutics est spécialisé dans les thérapies géniques, un nouveau segment de la médecine en pleine expansion, pour les maladies génétiques telles que la cécité, l'hémophilie, ou les maladies neurodégénératives.
«Avec son assise mondiale et l'étendue de ses ressources, Roche va nous aider à accélérer le développement de plus de thérapies géniques pour plus de patients pour plus de maladies», a déclaré Jeffrey Marrazzo, le directeur général de Spark Therapeutics, cité dans le communiqué.
L'entreprise continuera de fonctionner indépendamment de Roche depuis sa base à Philadelphie. En 2018, l'entreprise, cotée au Nasdaq, a dégagé un chiffre d'affaires de 64,7 millions de dollars et réduit sa perte nette à 78 millions de dollars.
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En vue, un traitement de l'hémophilie
Le patron de Roche a mis en avant en particulier l'attrait de son traitement à l'étude pour l'hémophilie, une maladie sur laquelle le groupe suisse a lui-même lancé un nouveau type de traitement, appelé Hemlibra, approuvé aux Etats-Unis en novembre 2017.
«Le programme de Spark Therapeutics pour l'hémophilie A pourrait devenir une option thérapeutique pour les gens qui vivent avec cette maladie», a souligné Severin Schwan, le directeur général de Roche, cité dans le communiqué.
En phase III
Le SPK-8011, un traitement à l'hémophilie, est le plus gros traitement à l'étude de Spark Therapeutics. Les essais cliniques de phase III, qui correspondent au stade le plus avancé des essais, doivent débuter cette année.
Un traitement de rétine qui a causé la polémique
Luxturna, son traitement pour un trouble héréditaire de la rétine pouvant dégénérer jusqu'à la cécité, avait été la première thérapie génique à être approuvée par les autorités sanitaires américaines en 2017, a rappelé Roche.
Le traitement avait été au cœur d'un débat sur le coût des nouvelles thérapies. Le traitement peut coûter jusqu'à 850 000 dollars pour traiter les deux yeux. Devançant les critiques, Spark s'était alors engagé à rembourser les malades si ce traitement n'était pas efficace.
Cette thérapie a également été approuvée l'an passé dans l'Union Européenne, où elle est commercialisée par Novartis, le grand concurrent de Roche, qui avait acquis les droits pour commercialiser cette thérapie en dehors des Etats-Unis.
Dans les premiers échanges, le bon de souscription Roche reculait de 0,27% à 276,45 francs suisses, à contre-tendance du SMI, qui s'appréciait de 0,16%.
Des risques
«Nous aimons la logique stratégique de l'opération», a réagi Stefan Schneider, analyste chez Vontobel dans un commentaire boursier, estimant qu'elle correspond bien à la stratégie de Roche, pointant toutefois que cette transaction n'est pas «sans risque».
Entre autres, son traitement sur l'hémophilie va devoir compter avec une thérapie de son concurrent américain Biomarin, appelée Valrox qui pourrait être la première à obtenir une homologation, dans la mesure où les tests sont déjà en cours, a-t-il argumenté.