L’initiative revient à Ngozi Okonjo-Iweala, directrice de l’OMC, qui pousse les Etats à négocier un compromis sur la question de la propriété intellectuelle des vaccins. Ce sujet devait être traité en priorité à la Conférence ministérielle de l’organisation qui était prévue du 30 novembre au 3 décembre à Genève, mais qui a été renvoyée pour cause de variant Omicron du Covid-19.
La Suisse a profité de la première occasion pour soulever la question de l’exclusion. C’était jeudi lors d’une réunion du conseil de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (Adpic), qui est la plateforme pour débattre la motion Afrique du Sud/Inde. Elle a toutefois admis que les discussions en cercles restreints peuvent parfois donner des résultats pour autant que les procédures soient transparentes.
Et aussi: Le Covid-19 et ses variants, une aubaine pour la pharma
Dans une note écrite jeudi au Temps, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) affirme que «les pourparlers qui ont lieu dans des groupes informels restreints ne peuvent déboucher sur des solutions s’imposant à tous les membres. Seuls les organes pléniers de l’OMC où la Suisse est représentée sont à même de prendre des décisions contraignantes.»
«Une distraction politique»
Selon nos informations, les discussions quadrilatérales ont porté sur plusieurs points, notamment sur la durée d’une éventuelle dérogation ainsi que les conditions pour y mettre fin. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils appuieraient la motion de dérogation, mais limitée aux brevets des vaccins. L’Inde et l’Afrique du Sud demandent son extension également aux traitements.
«Une distraction politique.» C’est en ces termes que Thomas Cueni, directeur de la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM), a décrit la démarche en cours à l’OMC. Lors d’un point de presse jeudi, il a réitéré la position de la pharma: «Nous produisons assez de doses de vaccins, a-t-il affirmé. Si des populations n’en ont pas encore eu, c’est plutôt un problème d’infrastructure et de manque de personnel qualifié dans les pays pauvres.»
Et encore: La pharma n’entend pas céder les brevets de ses vaccins
C’était la première fois jeudi que le directeur de la FIIM a admis que l’objectif de vacciner 40% de la population en Afrique en 2021 ne sera pas atteint. «En revanche, grâce aux partenariats entre entreprises pharmaceutiques ainsi qu’avec l’arrivée de nouveaux producteurs de vaccins, l’année prochaine s’annonce meilleure, a-t-il déclaré. A moins que les usines doivent se lancer dans de nouveaux vaccins contre le variant Omicron. Dans ce cas, la production globale pourrait baisser de 50%.»