Un appel pour mutualiser l’accès aux soins face à la pandémie
Coronavirus
Près de 70 ONG et personnalités cosignent une lettre demandant aux Etats membres de l’OMS de prendre des mesures pour garantir une répartition équitable, à l’échelle mondiale, des futurs traitements et vaccins contre la nouvelle pneumonie virale

Un mécanisme pour garantir une répartition équitable, à des prix abordables et à l’échelle planétaire, des soins et des vaccins contre le Covid-19. Voilà ce que demandent près de 70 ONG, personnalités et professeurs dans une lettre ouverte qu’ils cosignent ce vendredi et qu’ils adressent aux Etats membres de l’OMS, dont la Suisse. Ce courrier fait suite à une demande du Costa Rica, formulée cette semaine, pour la création d'«un pool mondial de droits sur les données, les connaissances et les technologies utiles dans la prévention, la détection et le traitement de la pandémie de Covid-19».
«On craint aujourd’hui qu’il ne se passe ce qui s’est déjà passé lors de précédentes pandémies, à savoir que chacun achète ou fasse des stocks de son côté et que des régions défavorisées se retrouvent démunies», indique Patrick Durisch, de Public Eye, une ONG suisse qui figure parmi les signataires. «L’industrie a montré des signes selon lesquels elle semble considérer cette crise de manière différente, il y a des déclarations en ce sens, mais c’est chacun de son côté et en gardant le contrôle total sur sa production. Mutualiser les réponses serait plus efficace», ajoute-t-il.
Messages positifs
Dans une conférence de presse, plusieurs géants pharmaceutiques ont indiqué n’avoir jamais autant collaboré que durant cette pandémie et que les intérêts financiers dans la recherche en vue d’un traitement ne font pas partie des priorités. Novartis a, de son côté, fait part de son intention de donner 130 millions de doses d’hydroxychloroquine, un médicament qui a montré des signes d’efficacité dans le traitement du Covid-19. Le groupe bâlois s’est aussi engagé avec la Fondation Bill & Melinda Gates dans ce cadre.
De nombreux observateurs remettent en cause le modèle de la pharma, qui inciterait les entreprises à davantage se préoccuper des questions financières que de santé globale. Ils estiment que les Etats devraient reprendre la main sur une partie du secteur pour l’inciter à se mobiliser davantage dans la recherche vis-à-vis des bactéries multirésistantes et des maladies infectieuses, deux menaces croissantes pour l’humanité.
Lire aussi: Marges ou santé publique? Le modèle des pharmas remis en cause
La firme américaine Gilead a breveté le Remdesivir, un médicament prometteur contre le Covid-19 pourtant issu de la recherche publique, et cherché à obtenir d’autres avantages commerciaux. Cela montre que toute la pharma n’entend pas renoncer à son modèle d’affaires orienté sur les monopoles et le profit, selon Public Eye. Le groupe rhénan Roche n’arrive pas à produire assez d’appareils de diagnostic face à la pandémie, mais refuse de partager des informations qui permettraient à d’autres laboratoires de venir l’assister, selon la presse néerlandaise.
La mutualisation demandée par le Costa Rica et les ONG donnerait à l’OMS un rôle d’interface. L’organisation basée à Genève serait habilitée à redistribuer les droits de propriété intellectuelle et les autres données nécessaires à la production et à l’homologation rapides des remèdes en tenant compte des besoins à l’échelle planétaire.
I welcome his initiative & call for pooled rights to #COVID19 diagnostics, drugs & vaccines. @WHO is working closely with governments & agencies around the world to promote rapid R&D. These efforts are rooted in our commitment to equitable access for all. https://t.co/HOzd5FDIbv
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) March 26, 2020
La demande costaricienne a été favorablement accueillie par Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un tweet jeudi. «L’OMS travaille en étroite collaboration avec les gouvernements et les agences du monde entier pour promouvoir une R&D rapide. Ces efforts trouvent leur origine dans notre engagement en faveur d’un accès équitable pour tous», a développé le directeur général de l’OMS.