«Attention, ça pique», avertit d’emblée sur Twitter l’élu vert neuchâtelois Fabien Fivaz. Il se réfère à la lettre hebdomadaire du Centre patronal, datée de mercredi, consacrée à la levée progressive des restrictions imposées à l’économie pour lutter contre la pandémie.

Un passage en particulier a valu à son auteur, Pierre-Gabriel Bieri, une salve de critiques incendiaires jeudi sur les réseaux sociaux; une phrase dans laquelle le représentant vaudois du patronat appelle à «éviter que certaines personnes soient tentées de s’habituer à la situation actuelle, voire de se laisser séduire par ses apparences insidieuses». Avant de tancer la perception «romantique» que donnent les baisses des trafics routier et aérien, le «retour à une vie simple et au commerce local» et «la fin de la société de consommation», mais qui ne sauraient durer plus longtemps, selon lui.

Une «perle du jour», relaie ironiquement l’ingénieur et consultant en écologie français Jean-Marc Jancovici, perçue par d’autres observateurs comme du «cynisme à son comble» ou une «communication paternaliste».

Un «nouveau terrorisme»

Et même «une obstination» qui relève d’un «nouveau terrorisme», selon les termes de l’astrophysicien français Aurélien Barrau sur sa page Facebook. Une polémique qui rappelle celle intervenue en début de semaine dans l’Hexagone, lorsque le président du Medef (patronat français) appelait à «travailler un peu plus» pour sortir de la crise économique actuelle.

Contacté par Le Temps vendredi, Pierre-Gabriel Bieri estime que son propos a été mal interprété. «Bien sûr que j’apprécie aussi de voir depuis ma fenêtre des routes dénuées de trafic. Mais je tenais à rappeler que des entrepreneurs et leurs salariés paient le prix fort de ce calme apparent», rétorque le secrétaire patronal.

Des entreprises aux abois

«Ce que je redoute, c’est que des personnes privilégiées, qui ne subissent pas ces difficultés, se disent que ce sera ça le monde de demain. Or c’est impossible, insiste-t-il. C’est cette notion de rupture que je conteste, pas le fait de soutenir le commerce local – bien au contraire – ni la nécessité de poursuivre les efforts environnementaux.»

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Peut-on seulement atteindre ces objectifs sans repenser le modèle actuel? Pierre-Gabriel Bieri croit en une «notion de solidarité privée» qui émergerait de «réflexions individuelles suscitées par ce ralentissement forcé». Et qui conduirait chacun à reconsidérer sa manière de consommer et de voyager «pour gommer les excès». Sans pour autant imposer de «décrets politiques abstraits».