Deux visions totalement opposées de la société se sont affrontées jeudi à Lausanne dans le cadre du Forum Prévoyance organisé par Le Temps.

Le conseiller national (PS/VD) Pierre-Yves Maillard, 53 ans, président de l’Union syndicale suisse (USS), désire «repolitiser» le système de retraite plutôt que de le laisser aux experts. Telle est sa solution, celle de la «justice sociale», afin de résoudre ce qu’il nomme «la crise des rentes». Le niveau moyen des retraites (1er et 2e piliers confondus) est en effet de 3500 francs. C’est insuffisant pour vivre dignement en Suisse, à son avis. La solution passe par une hausse des cotisations AVS de 1% tous les dix ans et une participation aux bénéfices de la BNS.

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Sauver les rentes

Face à lui, Nicolas Jutzet, 26 ans, étudiant à l’Université de Saint-Gall, a décidé de quitter la vice-présidence des Jeunes PLR et la politique. Il est peut-être le plus jeune préretraité de la politique suisse. Il reste en effet membre du comité de l’initiative des Jeunes PLR qui prévoit de relever l’âge de la retraite par tranches de deux mois jusqu’à 66 ans tant pour les femmes que pour les hommes. Il sera ensuite lié à l’évolution de l’espérance de vie. A ce titre, il a l'ambition de «sauver nos rentes» car le système de prévoyance actuel est déconnecté de la réalité démographique et économique. Pour le sauver, «il ne faut rien attendre des politiciens», incapables de le réformer.

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Pierre-Yves Maillard souligne au contraire les mérites des actes politiques. En 1948, la création de l’AVS était un choix politique courageux. En 1970, la décision de doubler les rentes et les cotisations l’a été également, sachant pourtant que la pyramide des âges allait se dégrader.

Le syndicaliste critique le regard des experts obnubilés par le taux technique, lequel traduit l’espérance de rendement à long terme, et ajusté uniquement dans le sillage des taux d’intérêt. Il faudrait que les autorités politiques débattent de ce problème, lance-t-il.

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A l’opposé, le cofondateur du média Liber-thé critique la politisation de tous les problèmes. Les impôts sont accrus, comme les cotisations, mais le contrat social qui lie tous les intérêts au sein de la prévoyance est miné faute de réforme.