Pour Hans-Rudolf Merz, le placement de la Suisse sur une liste grise des paradis fiscaux par l’OCDE n’a rien d’une surprise. Intervenant au téléjournal de la TSR, jeudi soir, le président de la Confédération a rappelé que «c’était pour éviter de figurer sur cette liste noire que le Conseil fédéral a[vait] retiré les réserves qu’il avait envers les conventions [d’entraide fiscale] de l’OCDE», une décision prise le 13 mars «en dernière minute».
Le président de la Confédération a ajouté que ses services allaient «suivre avec attention» l’attitude du G20 à l’égard d’autres places financières offshore, en particulier des «éléments noirs [en place] au Royaume-Uni».
Cette décision conduira-t-elle à l’exigence d’informations automatiques de la part de pays comme la France ou l’Allemagne? «Il faut s’attendre à une pression maintenue» en ce sens, mais «il n’y a pas d’unanimité [parmi les pays membres de l’UE] en faveur d’une telle décision», a tempéré Hans-Rudolf Merz.
Sur les ondes de la RSR, Christophe Darbellay, le président du PDC, s’est, de son côté, dit «soulagé» que la Suisse ne figure pas sur la liste noire de l’OCDE.
Négocier vite, mais pas trop
Directeur de l’Association suisse des banquiers privés, Michel Dérobert juge l’inscription de la Suisse sur cette liste comme «une démarche formaliste». Selon ce dernier, les juridictions qui y ont échappé sont «celles qui ont signé suffisamment d’accords d’échange d’informations». Or, «s’il est facile à un petit territoire de signer au bas d’un document préétabli, de grands Etats comme la Suisse ne peuvent pas se le permettre». Selon ce dernier, la renégociation des accords de double imposition qui va suivre supposera l’obtention par la Suisse de contreparties. «Il faudra négocier vite mais pas trop, pour éviter de trop céder sous le coup de l’émotion.»