La société devrait fournir certaines statistiques du tournoi de volley des JO de Rio, en 2016
Quel joueur de tennis amateur n’a jamais parlementé avec son adversaire, à l’issue d’un point litigieux? Et si l’option dite du «challenge» n’était plus réservée aux seuls Federer, Wawrinka et autres stars de la petite balle jaune? La jeune société lausannoise PlayfulVision propose dès à présent un arbitre virtuel pour ce sport.
Mais revenons sur la genèse de ses travaux. Dix ans de tests et d’apprentissages au sein du Laboratoire de vision par ordinateur de l’EPFLdu professeur Pascal Fua ont été nécessaires pour amener la technologie de la start-up à maturité. Du point de vue du néophyte, cela paraît pourtant simple: vous disposez des caméras autour d’un terrain de jeu, identifiez les objets et déterminez les interactions après une petite maniclette.
«En fait, c’est beaucoup plus compliqué, souligne Horesh Ben Shitrit, directeur général de la société. Prenons l’exemple du volley. D’abord, les caméras localisent les positions 3D des joueurs et de la balle, puis chaque joueur est identifié grâce à son numéro. Mais celui-ci n’est pas toujours visible. Ensuite, il faut identifier les objets environnants, fixes et mobiles, car il ne faut jamais confondre une tête avec un ballon. Heureusement ici, les joueurs des deux équipes ne se mélangent pas, comme au hockey par exemple.» La reconnaissance faciale pourrait également être utilisée, selon le spécialiste. Bref, après avoir fait ses armes en mesurant les déplacements de personnes dans les aéroports et les salles d’opération dans les hôpitaux, PlayfulVisionse consacre désormais exclusivement au sport. Dix personnes gravitent autour de la start-up.
«La proximité des fédérations internationales dans la région nous a permis de valider la technologie et de l’amener sur un mode entrepreneurial», explique David Kappeler, directeur marketing. Comme la concurrence pour le football est très vive, PlayfulVision vise d’abord l’analyse d’autres sports. Côté volley, c’est elle qui devrait fournir les statistiques (mouvements, trajectoires, vitesses de balle, etc.) pour les Jeux olympiques de Rio, l’année prochaine. «Ces grandes compétitions sont une belle vitrine, mais, pour être honnête, nous devons aujourd’hui proposer des solutions également pour le sport amateur», poursuit David Kappeler.
C’est dans cette optique que la société vaudoise approche actuellement tous les clubs de tennis de la couronne lausannoise pour leur proposer sa solution d’arbitre virtuel et de coaching. La Suisse en compte 800. «L’avantage de notre système est qu’il est peu intrusif, par rapport à des capteurs par exemple, et qu’il est entièrement automatique, donc il peut fonctionner sans intervention humaine», poursuit le fondateur. Son coût? Outre les frais d’installation des caméras et l’ordinateur nécessaire à la lecture des données, l’arbitre impartial de PlayfulVision coûtera quelque 500 francs par mois. Dès le deuxième semestre, la société se déploiera également en France avec un renforcement de ses équipes de vente.
Autre sport déjà bien avancé: l’équitation.«Lors d’une discussion, le cavalier suisse David Deillon a souligné le manque de statistiques dans son sport. Nous avons alors développé un outil pour le saut d’obstacles lors des compétitions. Ainsi, le rendu pour le téléspectateur est amélioré, avec des informations comme la distance avant et après les sauts. Ainsi, le néophyte peut savoir si tel ou tel saut est plutôt bon ou carrément raté», imagent les dirigeants.
D’autres sports, comme le hockey, seront également exploités à l’avenir, avec l’idée de créer des statistiques de manière automatique. «Allez par exemple calculer à la main le temps de jeu exact d’une vingtaine de hockeyeurs lors d’une rencontre, c’est fastidieux. Notre système peut le faire sans effort et sans mobilisation humaine», imagine David Kappeler.
Mais le passage à cette vitesse supérieure ne se réalisera pas sans une première levée de fonds dans les prochains mois.
«La proximité des grandes fédérations sportives a permis de valider la technologie»