Selon la BNS en effet, la totalité de la fortune en états titres détenue par les établissements bancaires suisses à fin février sous la forme de fonds de placement se montait à 611 milliards de francs dont 42% détenus par des particuliers et des clients institutionnels suisses. Cette fortune correspondait à 18,1% de l'ensemble des états-titres. Mais, même avec un décalage de quelques mois, ce montant global est très différent de celui qu'affichent Lipper et la SFA. Cette différence vient, selon la SFA, de ce que le consultant britannique «met l'accent sur la fortune des fonds placés sur le marché suisse des fonds». La statistique de la BNS par contre ne fait pas la différence entre les fonds autorisés ou non à la vente sur le marché suisse.
Or, beaucoup de clients privés et institutionnels des banques achètent de gré à gré des parts de fonds de placement étrangers non autorisés en Suisse par la Commission fédérale des banques. Par ailleurs, comme le signale la SFA, il n'existe actuellement aucune donnée pour environ 1100 fonds étrangers autorisés en Suisse soit 59% de tous ces produits. On le voit, les causes possibles de ces différences sont multiples. Même si la SFA n'exclut pas la possibilité que certaines saisies de chiffres soient faites à double, ces différences expliquent aussi pourquoi l'association faîtière, la CFB en tant qu'organe de surveillance des fonds et la BNS souhaitent y voir plus clair dans le marché suisse des fonds. C'est dans ce contexte que se situe d'ailleurs le projet «transparence sur le marché des fonds» qui cherche à capter de manière centralisée à la Bourse suisse toutes les données sur ces produits.
Avant octobre prochain et le démarrage prévu de ce projet, l'observateur en est donc réduit à interpréter des chiffres qui ne montrent donc que des tendances. Mais celles-ci sont intéressantes. A fin mai, pour reprendre les données de la SFA, elles confirment que les fonds en actions ont le vent en poupe. C'est le seul secteur qui a fortement augmenté sa capacité, en avril et mai derniers notamment, en dépit de pertes de valeur spécifiques au marché de plusieurs milliards de francs. Les fonds en allocation d'actifs représentent quant à eux une fortune de 102,4 milliards, en recul net de 2,6 milliards par rapport à fin 1999. Les fonds de placement immobiliers ont faiblement progressé en ce début d'année à 12,2 milliards de même que les fonds en obligations à 99,4 milliards. Enfin, les produits investis sur les marchés monétaires sont restés stationnaires à 83,2 milliards, ce qui est quasiment le même niveau qu'il y a un an.