Les PME de la finance s’estiment «mal défendues» en Suisse

Association Un nouveau lobby, Alliancefinance, arrive sur la place

Pour Jacques Bally, la question n’est pas que rhétorique: «Est-ce que nous faisons ce métier pour gérer les avoirs d’un client de confiance ou pour contrôler ce même client de façon policière?» C’est justement pour éviter, à l’avenir, de devoir répondre par l’affirmative à la seconde proposition que le gérant de fortune indépendant vaudois s’est investi dans un nouveau lobby, Alliancefinance, lancé officiellement lundi.

Ce groupe – qui pourrait en théorie toucher 30 000 employés de PME de la place – regroupe aujourd’hui une vingtaine de membres. Ils travaillent comme gérants de fonds, avocats, fiduciaires ou dans diverses autres organisations de la branche et partagent deux points communs. D’abord, leurs cabinets n’emploient pas plus de 50 employés. Ensuite, ils se considèrent comme les principales victimes de la «manie régulatrice de la Berne fédérale».

Un nouveau lobby, donc, qui vient s’ajouter à la liste déjà longue des associations luttant pour défendre les intérêts de la place financière (Association suisse des banquiers, Association des gérants indépendants ou Genève Place Financière, pour n’en citer que trois). N’y a-t-il pas un gaspillage des ressources? «Dans toutes les associations que vous citez, les intérêts des PME sont souvent mal défendus», justifie le vice-président de l’association.

Un exemple: l’accès aux clients européens. «Ces derniers temps, on a fait dire à toute l’industrie financière qu’il était impératif d’accéder à ce marché. Mais ce n’est pas vrai: il y a beaucoup de PME suisses qui n’ont pas besoin du marché européen, poursuit Jacques Bally. Comme souvent, les intérêts des tout grands sont passés devant ceux des tout petits.»

Pas comme SwissRespect

Conséquence de la crise, les Etats ont «massivement accéléré leurs activités de régulation», explique Alliancefinance dans son communiqué. Cela oblige les fournisseurs de services financiers à «adapter [leurs] modèles commerciaux», ce qui entraîne une hausse des «contraintes bureaucratiques». Et des coûts.

Un discours qui rappelle celui d’un autre lobby, SwissRespect, créée en mai 2012. «Eux disent: on ne veut rien du tout. Nous disons: nous ne voulons que ce qui est nécessaire et nous le définissons, c’est bien différent, juge Jacques Bally. De plus, nous nous impliquons dès l’élaboration des lois et nous agissons au niveau national.» A ses côtés au comité d’Alliancefinance figurent notamment les professeurs Hans Geiger et Martin Janssen ou l’ancien conseiller national Arthur Loepfe (PDC/AI).

Les trois grands chevaux de bataille du nouveau lobby? «Participer à l’élaboration des lois pour les clarifier et les simplifier en évitant de «surréglementer»; se battre pour une place financière qui ne néglige pas la protection de la sphère privée; développer une Finma forte [ndlr: le gendarme des marchés financiers] qui possède une vision à long terme du développement de la place financière», conclut Jacques Bally.