Une sculpture sur glace représentant des poissons est installée ce lundi matin devant le siège de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à la rue de Lausanne à Genève. L’initiative revient à une coalition internationale qui dénonce la surpêche et réclame l’élimination des subventions publiques qui contribuent à vider les océans.

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Ce sera une entrée en scène inattendue pour Ngozi Okonjo-Iweala qui prend ses fonctions de directrice de l’OMC ce lundi pour un mandat de quatre ans. La Nigériane, dont la nomination a été confirmée le 15 février, devrait brièvement apporter son soutien aux manifestants, avant de participer à sa première réunion de Conseil général, l’organe décisionnel de l’OMC. Les subventions à la pêche font l’objet de difficiles négociations depuis de longues années. Ce dossier peut paraître anecdotique, il est pourtant capital tant il concerne le gagne-pain de millions de personnes dans le monde. Autant dire que la nouvelle directrice entre, sans transition, dans le vif du sujet.

Expérience et autorité

Après un vide de pouvoir de plus de six mois à la tête de l’organisation – son prédécesseur le Brésilien Roberto Azevêdo avait quitté son poste un an avant la fin de son mandat – Ngozi Okonjo-Iweala est attendue avec une certaine impatience, mais aussi avec beaucoup d’enthousiasme. «Elle apporte son expérience, son savoir-faire et son autorité naturelle», souffle un diplomate européen. «Je viens à Genève surtout avec «une nouvelle paire d’yeux pour jeter un nouveau regard», a dit récemment la principale intéressée.

Ngozi Okonjo-Iweala est attendue sur plusieurs fronts. L’instance d’appel de l’Organe de règlement des différends est paralysée depuis décembre 2019, faute de juges. Pour cause, l’administration Trump a systématique bloqué les nouvelles nominations. A ce propos, la balle est dans le camp de la nouvelle administration américaine qui doit encore annoncer sa stratégie au sein de l’OMC. A ce stade, elle a pris au moins une décision, celle d’apporter son soutien à la Nigériane dont la nomination était restée bloquée par Washington depuis octobre dernier.

Une OMC à deux vitesses

L’autre chantier concerne les réformes et celles-ci sont nombreuses et conflictuelles. L’Union européenne (UE) veut donner la priorité au principe d’une OMC à deux vitesses. L’idée est que des Etats qui sont partants pour un accord de libéralisation dans un domaine spécifique puissent aller de l’avant, sans attendre un consensus général. «Tout le monde n’a pas le même besoin au même moment», dit un diplomate européen.

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En matière de réformes institutionnelles, la confrontation est annoncée d’avance entre les Etats-Unis, l’UE et leurs alliés et Pékin sur de nombreux dossiers. Les pays industrialisés n’admettent plus le statut de pays en développement de la Chine qui lui donne de nombreux avantages.

Mais, dans l’immédiat, la nouvelle directrice de l’OMC sera appelée à donner son impulsion au dossier urgent lié à la pandémie de Covid-19. Une large coalition de pays demande une dérogation des règles sur la protection de la propriété intellectuelle afin de pouvoir produire les vaccins en masse. Les Etats-Unis, la Suisse, l’UE ne veulent pas entrer en matière.