Matières premières
Les cours du baril ont progressé de près de 50% depuis mi-janvier. Un gel de la production décidé lors d’une réunion à Doha le 17 avril pourrait entraîner une nouvelle hausse

Les cours du pétrole continuent de jouer avec les nerfs des investisseurs. Après les baisses enregistrées la semaine passée, ils sont repartis à la hausse lundi en Asie puis aux Etats-Unis (les marchés étant fermés en Europe pour ce long week-end de Pâques). Le prix du baril de référence américain (WTI) pour livraison en mai s’affichait autour des 39,50 dollars. Quant à celui du baril de Brent, référence européenne, il oscillait autour de 40,70 dollars.
De façon générale, les cours du pétrole ont progressé ces dernières semaines. Depuis les plus bas niveaux en 13 ans qu’ils avaient atteints entre fin janvier (27,88 dollars pour le Brent) et début février (30,76 pour le WTI), les prix sont remontés autour des 40 dollars le baril. L’affaiblissement relatif du dollar, monnaie dans laquelle s’échange le pétrole, et les espoirs de voir les pays producteurs – Arabie Saoudite et Russie en tête – s’accorder pour limiter l’offre expliquent cette tendance à la hausse. Même si celle-ci reste fragile.
La semaine dernière, alors que les autorités américaines avaient annoncé la fermeture provisoire d’une quinzaine de puits, et donc la suspension de leurs activités de production, les cours du baril ont enregistré une baisse hebdomadaire; la première depuis un mois et demi. «Le marché essaie de se reprendre mais il va rester lesté par le haut niveau des stocks, en l’absence de mesure concrète prise par les producteurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et hors OPEP», expliquait alors à l’AFP Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
Stocks trop élevés
Car c’est bien là tout le problème. Le haut niveau des stocks, ajouté à celui de la production, ne permet pas à la demande, aussi importante soit elle, de reprendre le dessus sur l’offre. Et donc de ramener les prix là où ils étaient encore il y a un an et demi. Aux Etats-Unis, les réserves de brut ont augmenté de 9,4 millions de barils la semaine achevée le 18 mars, selon les chiffres du ministère américain de l’Energie. Soit quatre fois plus que ne l’avaient anticipé les experts sondés par Bloomberg.
Or, environ la moitié de la baisse de 60% des cours pétroliers observée en 2015 est due à l’augmentation de l’offre, rappelait Mark Burgess, responsable des marchés actions pour Columbia Threadneedle Investments, dans une note publiée la semaine dernière. A l’inverse, la baisse de la demande, notamment en provenance des pays émergents, n’explique que 20% du recul des prix, selon lui.
Conséquence: les investisseurs ont les yeux tournés vers Doha où se tiendra, le 17 avril, une réunion entre une quinzaine de pays producteurs de pétrole. Si un gel de la production devait y être décidé, alors les cours du pétrole pourraient continuer leur hausse qui s’élève déjà à plus de 40% depuis la mi-février, estiment les experts.
En attendant, les effets collatéraux de la chute du pétrole continuent de se faire ressentir, notamment dans les pays producteurs. Au Qatar, qui prévoit un déficit budgétaire de plus de 12 milliards de dollars en 2016 – le premier en 15 ans – la chaîne de télévision Al-Jazeera a annoncé dimanche qu’elle allait licencier quelque 500 personnes afin d’optimiser sa productivité. Fondée il y a 20 ans par le gouvernement qatari, la chaîne avait déjà indiqué il y a deux mois la fermeture d’Al-Jazeera America qui, elle, va entraîner environ 700 suppressions d’emplois.
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