«Certains produits de La Prairie, marque qui se dit 100% suisse, sont fabriqués aux Etats-Unis!», s'offusque Thomas Minder. Le patron de la société schaffhousoise de cosmétiques Trybol attaque son concurrent zurichois, qu'il accuse d'utiliser le nom «Suisse» avec abus.

Treize cartons de La Prairie, avec des produits solaires fabriqués outre-Atlantique et destinés au marché helvétique, ont été stoppés à la douane bâloise sur requête de Trybol. Ils y resteront cette semaine, soit le temps pour la justice de statuer sur cette plainte.

«Selon la jurisprudence, un produit mérite l'appellation suisse si 50% du travail et le processus le plus essentiel de sa fabrication a lieu en Suisse», souligne l'Institut de la propriété intellectuelle. La Prairie, qui fabrique plus de 95% de ses produits entièrement en Suisse, base sa défense sur ce point. «Les 5% restants sont fabriqués aux Etats-Unis pour des raisons techniques. La recherche, le marketing et tout le reste sont faits ici, si bien que nous dépassons les 50% nécessaires.»

Thomas Minder, lui, persiste dans ses convictions. Il s'était déjà adressé à la Commission de loyauté pour l'appellation «Juvena of Switzerland», marque appartenant comme La Prairie à la maison allemande Beiersdorf. Il avait alors été débouté mais souhaiterait aujourd'hui que le Tribunal fédéral se penche sur ces questions de protection de la marque suisse.

Car des lacunes existent. C'est pour y faire face d'ailleurs que plusieurs fabricants se sont regroupés depuis quelques années sous le label Swisscos. «La loi n'était pas suffisante, explique Jean-François Charponnier, directeur général de Hormeta, laboratoire de Bursins (VD). Mais le cas de La Prairie ne nous inquiète pas, car la qualité y est. Ce qui nous dérange le plus, ce sont les crèmes qui portent le label Made in Switzerland et qui n'ont même jamais vu le territoire suisse...»