D’ici quelques semaines, Alphabet, maison-mère de Google, pourrait faire voler ses ballons à 20 kilomètres au-dessus du sol américain. Cette semaine, le site Business Insider révélait que le groupe venait de déposer une demande auprès de la Commission fédérale des communications pour lancer ses ballons, capables de diffuser Internet vers le sol. Dans sa requête, Alphabet ne se contente pas de tests dans un Etat, sa demande couvrant tous les Etats du pays, avec l’île de Porto Rico. Outre-Atlantique, cette requête intrigue, car les premières ambitions de Google avec ses ballons, via le projet Loon, étaient de rendre Internet accessible dans des pays en voie de développement.

Dans les documents consultés par Business Insider, Alphabet ne fait pas mention du projet Loon, mais suffisamment d’indices sont présents pour que l’association soit faite avec celui-ci. Les tests qu’effectuera Alphabet, via sa division «Google X», se dérouleront dans une bande (de 30 à 300 GHz), dite d'«extrême haute fréquence». Cette bande est généralement utilisée pour transmettre des quantités importantes de données, à des débits ultra rapides. C’est dans cette gamme de fréquence, par exemple, que Samsung teste la future 5G en Corée du Sud. Les tests que fera Google doivent s’étaler sur une durée de 24 mois.

Diffuser Internet par des ballons volant à très haute altitude, Alphabet a déjà du savoir-faire dans ce domaine. Depuis 2013, le groupe mène des tests au-dessus de la Nouvelle-Zélande, en partenariat avec l’opérateur Vodafone. Alphabet se targue d’avoir pu transmettre des données entre deux appareils distants de 100 kilomètres. Chaque ballon, évoluant à 20 kilomètres au-dessus du globe (soit au-dessus des avions et des nuages), est capable de diffuser Internet dans un cercle de 80 kilomètres de diamètre. Le signal est reçu depuis une station de base terrestre et ensuite retransmis vers tous les téléphones, tablettes ou ordinateurs se trouvant sous le ballon.

Alphabet a aussi mené des tests avec l’opérateur Telefonica en Amérique Latine et Telstra en Australie. Dès 2016, le projet entrera dans une nouvelle phase en Indonésie, pays de 250 millions d’habitants répartis sur quelque 17 000 îles. Dans ce pays, où deux tiers de la population n’ont pour l’heure pas accès à Internet, Alphabet a signé pour la première fois avec trois opérateurs, fin octobre, un accord de principe. Les détails doivent être encore finalisés – notamment ceux de la bande passante, du prix et de la disponibilité du service.

Tests de drones

Si les projets d’Alphabet dans des pays en voie de développement sont clairs – augmenter le nombre d’internautes, et par ricochet le nombre d’utilisateurs des services de Google –, ceux aux Etats-Unis font l’objet de spéculations. Alphabet ne communique pas à ce sujet et deux hypothèses ont vu cette semaine le jour. La première est que le groupe veut simplement réaliser des tests de manière libre près de son siège de Mountain View, en Californie. En parallèle, la société teste par exemple des drones pour diffuser aussi Internet dans les Etats du Nouveau Mexique et de l’Oregon.

Autre hypothèse: Google pourrait s’immiscer, aux Etats-Unis, dans le marché de l’accès sans fil à Internet. «Regardez quelle part des Etats-Unis n’a pas du tout accès à Internet. Ce projet en vaut la peine», a écrit sur Twitter Chris Sacca, ancien employé de Google (qui a travaillé autour de ce projet) et investisseur dans la technologie.

Offre de fibre optique

Google est déjà présent dans l’accès à Internet aux Etats-Unis. Avec le «Projet Fi», une offre de téléphonie mobile illimitée (se basant sur les réseaux de T-Mobile et Sprint) coûtant 20 dollars par mois, plus 10 dollars pour disposer de 10 Go de données. De plus, Google fournit aussi un accès fixe à Internet dans 18 villes américaines via de la fibre optique.