Le premier danger va arriver dès lundi. Les actionnaires de Fortis, l'un des membres du consortium, doivent voter sur la possible acquisition d'ABN Amro. Si un accord à 50% est suffisant, le plan de financement est en revanche beaucoup plus difficile à faire approuver: il faut que 75% des actionnaires acceptent la levée de 13 milliards d'euros de capital proposée par Fortis. Hier, Fred Goodwin, le directeur général de RBS, refusait toute spéculation sur ce dossier: «Attendons lundi. D'ici là, il ne sert à rien d'en discuter.»
Preuve que le dossier est particulièrement sensible, Rijkman Groenink, le directeur général d'ABN Amro, qui n'a jamais caché sa préférence pour Barclays, a mis son grain de sel vendredi, en affirmant dans un quotidien néerlandais: «Fortis paye trop pour ABN Amro. Ses actionnaires devraient voter contre l'acquisition.» Ces propos ont provoqué une colère froide chez Fred Goodwin: «Le conseil d'administration d'ABN a annoncé au début de la semaine le retrait de la recommandation pour Barclays et les mots égalité, neutralité, et concurrence loyale (ndlr: level playing field), ont été beaucoup utilisés. Suite à cela, nous avons écrit à ABN pour leur dire que nous aimerions avoir un meilleur accès à leurs comptes. Je suis un peu perplexe que la première réponse soit ces commentaires.»
Si l'assemblée générale de Fortis se déroule sans anicroche, la deuxième étape pour RBS, sans doute plus facile, sera vendredi sa propre assemblée générale. Enfin, dans un troisième temps, il faudra que le consortium réussisse à obtenir le feu vert des régulateurs, en particulier celui des Pays-Bas. Là encore, Fred Goodwin refuse de se prononcer.
Hormis cette bataille, RBS a présenté un bénéfice net en hausse de 19% au premier semestre, à 8,7 milliards de francs. C'est avant tout sa filiale en Irlande, Ulster Bank, et sa division de banque d'affaires, qui expliquent cette hausse, avec des bénéfices respectivement en hausse de 20% et 16%. Quant à la crise du marché des «subprime» (crédits immobiliers à risque), elle n'inquiète pas particulièrement la banque britannique. «Nous ne sommes pas directement exposés à ce marché», estime Fred Goodwin. Le seul point noir pour RBS vient de l'assurance. Les inondations qui ont frappé l'Angleterre en juin (avant même les majeures inondations de juillet) lui ont coûté 300 millions de francs.