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Pyongyang tire deux missiles

Face aux exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, Pyongyang bande ses muscles. Face au ralentissement, Pékin change de braquet. Pékin veut plus de capitaux privés dans les banques chinoises

Kim Jong-un a assisté au lancement des deux missiles. — © AFP Photo
Kim Jong-un a assisté au lancement des deux missiles. — © AFP Photo

Deux missiles d’une portée d’environ 500 kilomètres ont traversé, ce lundi matin, la péninsule coréenne d’ouest en est avant de tomber en mer du Japon. Ce geste, décrit comme une «provocation» par Washington et Séoul, intervient en réaction au début des exercices militaires conjoints entre la Corée du sud et les Etats-Unis. Les deux pays ont en effet entamé des exercices baptisés «Foal Eagle» qui doivent durer huit semaines et se dérouler à terre, dans les airs et en mer, en même temps qu’ils lancent une grande opération de simulation par ordinateur d’une durée d’une semaine. Ils insistent sur le caractère uniquement défensif de ces opérations, mais pour Pyongyang, c’est tout le contraire que viseraient les deux alliés. Le porte-parole de l’armée nord-coréenne y voit «des exercices dangereux de guerre nucléaire pour envahir la DPRK» (le nom officiel de la Corée du Nord). Cette «hystérie guerrière impardonnable de la part de forces hostiles malhonnêtes», poursuit le porte-parole de l’armée nord-coréenne, met la péninsule «à nouveau à deux doigts du début d’une guerre», et Pyongyang n’hésitera pas à y répondre par «des frappes impitoyables». La rhétorique guerrière est un grand classique du régime nord-coréen.

Face au ralentissement, Pékin change de braquet

C’est une mesure atypique qu’a annoncée, samedi, la Banque centrale chinoise. Non par sa nature, puisqu’il s’agit d’une baisse des taux d’intérêts de 0,25 point de pourcentage, mais par son timing: tout juste au sortir des festivités du Nouvel An chinois, et quelques jours avant l’ouverture de la grande réunion de politique annuelle de l’assemblée nationale populaire, la période n’est généralement pas propice aux annonces ou aux mesures fortes au plan économique. Mais l’ampleur du ralentissement économique, marqué par une crise du secteur immobilier, une tendance aux sorties de capitaux et une pression déflationniste sur le secteur industriel, semble avoir décidé Pékin à accélérer le rythme de son assouplissement. Bien que de nombreux économistes aient anticipé de nouveaux gestes monétaires, rares étaient ceux qui s’attendaient à un mouvement aussi rapide. Dimanche, un indicateur officiel a signalé que l’activité manufacturière avait connu, à nouveau, une contraction au mois de février. Un chiffre qui a toutefois été tempéré par la publication, ce matin, d’un autre indicateur manufacturier, établi, lui, par HSBC et Markit, et qui pointe au contraire un rebond de l’activité industrielle, mais des commandes à l’export en baisse. Alors que le premier ministre, Li Keqiang, doit effectuer, ce jeudi, son grand discours annuel de politique générale devant les délégués du peuple réunis à Pékin, ce contexte a achevé de convaincre la majorité des économistes qu’une des annonces qui devrait être faite par le chef du gouvernement consistera à revoir à la baisse l’objectif de croissance annuelle, pour le ramener à 7%, alors qu’il était jusqu’à présent de 7,5%. Ce matin, le yuan était à la baisse: en diminuant ses taux, Pékin a démontré que la priorité absolue était désormais la croissance, incitant les investisseurs à tabler sur une tendance à la dépréciation de la devise chinoise.

Pékin veut plus de capitaux privés dans les banques chinoises

Le numéro un du régulateur bancaire chinois, la CBRC, a annoncé ce week-end que son institution travaillait actuellement à faire venir des capitaux privés dans le secteur bancaire. Plus précisément, il s’agit d’abord d’encourager des entreprises privées à venir participer aux restructurations de banques commerciales locales présentant de forts niveaux de risque, ou à celles de coopératives de crédit et d’institutions non bancaires. Pékin a déjà effectué quelques gestes pour ouvrir son industrie financière – presque exclusivement publique – au secteur privé. Le phénomène le plus notable en la matière consiste en l’émergence de nouveaux acteurs issus d’Internet, en particulier Alibaba et Tencent, qui tous deux proposent des services financiers de plus en plus diversifiés, souvent à des taux plus intéressants que ceux qu’offrent les banques. Mais avec cette nouvelle annonce, on voit que Pékin a un autre projet: celui d’utiliser les capitaux privés pour renflouer un secteur financier fragilisé. Au-delà de l’objectif de libéralisation, c’est surtout celui d’une remise à flot des institutions locales qui apparaît. Reste à savoir dans quelles conditions des acteurs privés prendront des parts dans des entités locales souvent en grandes difficultés, et presque toujours en situation d’opacité financière.