Jean-Paul Betbèze: L'UE s'empêtre dans ses processus de décision car les sauts politiques à faire sont importants. Et les pays qui vont la rejoindre n'ont que récemment adopté l'économie de marché, ce qui leur a fait perdre une grande partie de leur PIB. Pour autant, l'Union européenne ne s'enfonce pas. Parce que tout y est compliqué, son capitalisme se développe plus lentement que celui des Etats-Unis. C'est pourquoi il faut absolument davantage de flexibilité, à commencer par le marché du travail. Nous devons aussi faire beaucoup d'efforts en faveur de la recherche pour nous moderniser et améliorer notre productivité.
– Cette flexibilité effraie bon nombre de salariés, déjà rendus inquiets par les menaces de délocalisations. Comment les rassurer?
– Il faut, d'une part, leur montrer que le modèle qui «garantit tout» nous conduit dans l'impasse. D'autre part, il faut suivre une approche graduelle. On peut par exemple flexibiliser certains contrats, pour ceux qui n'ont pas à perdre de la flexibilité. Ce peut par exemple être le cas des jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail.
– Et la faiblesse du dollar, auquel les devises asiatiques sont arrimées. Comment la supporter?
– Nos économies n'ont pas intérêt à se claquemurer, sinon elles meurent. Néanmoins, le pillage de l'économie se produit lorsque les taux de change ne fonctionnent pas. Ce qui est le cas en ce moment. Le choc de coût imposé par l'Asie devient de moins en moins supportable. L'Europe doit le dire.