Quid des patrons français sous l’occupation nazie?

Comment se sont comportés les dirigeants des grandes entreprises françaises durant l’occupation nazie (1940-1944)? Ont-ils travaillé pour l’Allemagne ou, au contraire, se sont-ils engagés dans la Résistance? Comment s’est déroulée l’aryanisation des entreprises juives et quelles ont été les responsabilités françaises? Quel rôle a joué le monde des affaires dans le marché noir et quelle a été son influence sur le gouvernement de Vichy?

L’ouvrage de Renaud de Rochebrune – éditeur et membre du comité de rédaction de La Revue – et de Jean-Claude Hazera – journaliste économique et ancien rédacteur en chef aux Echos – s’intéresse au comportement des grands patrons français durant «ces quatre années où la France est vaincue, occupée et quasiment colonisée». Quatre années qui «sortent de l’ordinaire».

Pour ce faire, les deux auteurs s’appuient sur des portraits «hauts en couleur» balayant tous les secteurs d’activités. Des portraits qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement des entreprises françaises, de la finance et de l’économie sous l’Occupation.

Pas des «chasseurs de collabos»

Cette nouvelle édition revue et augmentée d’un livre paru pour la première fois en 1995 tient compte des derniers acquis de la recherche. De nouveaux développements portent ainsi sur Renault, la SNCF, l’indemnisation des biens juifs, Eugène Schueller (fondateur du groupe L’Oréal) et Coco Chanel.

«Nos conclusions sont souvent sévères, avertissent les auteurs en préambule, confirmant en général le sentiment qu’expriment ceux qui nous interrogent: «Les patrons ont presque tous été collaborateurs, non?» Pour autant, ils ne se considèrent pas comme des «chasseurs de collabos». Encore moins en 2013 alors que les derniers témoins survivants de cette période ont disparu.

Un livre d’histoire qui cherche avant tout à comprendre la complexité de parcours individuels ayant conduit au pire. Des leçons d’autant plus utiles selon eux que la France affronte, depuis 2008, une crise majeure dont «l’ampleur peut faire redouter parfois qu’elle suscite des réactions malheureuses ou inadaptées et de dangereux comportements».