Le mouvement de concentration s’accélère sur le marché mondial des télécoms. Lundi, Nokia et Siemens annonçaient la fin de leur coentreprise, Nokia Siemens Networks (NSN). Spécialisée dans la fourniture d’équipements pour les opérateurs de téléphonie mobile, la société avait été créée en 2007. Le groupe allemand a cédé ses 50% pour 1,7 milliard d’euros à la firme finlandaise. Soit la moitié du prix attendu par plusieurs analystes. Et seulement un cinquième de ce que valait la moitié de la coentreprise lors de sa création.

Si Siemens a vendu à un prix estimé très bas, c’est pour se recentrer sur ses métiers de base (centrales électriques, trains). La firme allemande avait déjà cessé de produire des téléphones mobiles en 2005 et des appareils fixes en 2008.

Du point de vue de Nokia, deux raisons expliquent ce rachat, qui fera baisser de presque 50% ses réserves en cash. Il y a d’abord le bénéfice opérationnel général par NSN: 822 millions d’euros pour l’exercice 2012, 10 millions d’euros au premier trimestre 2013. Le vendeur de réseaux affiche certes encore des pertes nettes, mais elles sont en grande partie dues à une restructuration amorcée en 2011, qui doit voir le départ, d’ici fin 2013, de 17 000 employés – NSN en compte actuellement quelque 57 000.

NSN est en net redressement, alors que, seul, Nokia est dans le rouge. Au premier trimestre, le fabricant de téléphones a perdu 272 millions d’euros avec un chiffre d’affaires en chute de 20%. Le contrôle total de sa division réseau – qui détient 20% du marché mondial –, permettra ainsi à Nokia d’améliorer ses finances. Mais il l’autorisera aussi, selon plusieurs analystes, à pouvoir se donner un choix à l’avenir: continuer ainsi, revendre plus cher sa division réseaux ou se séparer de sa division de téléphones mobiles.

A nouveau évoqué récemment, un rachat par Microsoft – son partenaire pour Windows – est-il encore d’actualité? «Je donne 40% de chances à ce scénario. Nokia a amélioré son cash-flow et ne nécessite pas de fusionner immédiatement, alors que Microsoft n’a pas l’expérience de gérer une entreprise qui fabrique du matériel. Une fusion entre les deux serait très risquée», estime Neil Mawston, analyste auprès de la société de recherche Strategy Analytics, contacté par Le Temps. D’autres manœuvres se dessinent: «Nous nous attendons à des fusions, non pas dans les réseaux, mais dans le marché des téléphones, pour cause de surproduction chronique, poursuit l’analyste. D’importants fabricants chinois de téléphones veulent s’étendre à l’étranger. Des sociétés telles que Huawei et Lenovo vont certainement s’impliquer dans des fusions dans les douze prochains mois.»

En toile de fond, pourquoi les fabricants de réseaux – notamment NSN et Alcatel-Lucent – se restructurent-ils autant, alors que les besoins en nouveaux réseaux demeurent importants? «Les opérateurs qui achètent ces réseaux sont devenus très sensibles aux prix, tout comme les fabricants de réseaux. Du coup, il est très difficile pour les vendeurs de réseaux de faire des profits de manière régulière», répond Neil Mawston.

Aucun opérateur suisse de téléphonie mobile ne compte NSN comme fournisseur principal. Swisscom travaille avec Ericsson, Orange est passé d’Alcatel-Lucent à Ericsson alors que Sunrise a lui aussi quitté Alcatel-Lucent pour Huawei.

«Huawei et Lenovo vont certainement s’impliquer dans des fusions dans les douze prochains mois»