L’offre hostile de rachat de Syngenta par Monsanto visait, l’an dernier, à maximiser les profits à court terme des actionnaires. Elle a échoué face à la forte réticence de la direction et d’une partie du conseil d’administration de Syngenta qui avait de bonnes raisons de penser que le groupe bâlois pouvait sortir seul de l’ornière.
Mais l’opération avortée n’a pas étouffé l’envie d’une grande partie des actionnaires de toucher le jackpot. Peu importe avec qui. ChemChina paie plus de trois fois les ventes annuelles du groupe bâlois pour obtenir un joyau technologique. L’entreprise d’Etat n’est en fait qu’un conglomérat de sociétés bas de gamme chinoises qui étaient mal gérées.
Un fleuron s’en va
Même si le siège social de la société sera maintenu à Bâle et que le maximum d’emplois seront vraisemblablement préservés, d’autres solutions, plus conformes à la tradition helvétique des affaires, étaient envisageables. L’une d’elles, proposée par Jürg Witmer, ancien patron de Givaudan et vice-président de Syngenta, consistait à accepter ChemChina comme un actionnaire influent quoique minoritaire, qui aurait pu contribuer à relancer Syngenta.
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La solution brutale de l’absorption par le groupe étatique chinois est désormais proposée aux actionnaires impatients. Ironie de l’histoire, Syngenta a annoncé mercredi une amélioration de sa marge bénéficiaire qui représente désormais un confortable 20,7%, contre 19,3% en 2014. Syngenta gagne donc beaucoup d’argent et était sur le chemin du redressement de ses affaires. L’impatience de ses propriétaires conduit à la perte de contrôle d’un fleuron de l’industrie chimique bâloise. Si l’industrie pharmaceutique du nord-est de la Suisse est devenue florissante grâce aux mouvements de fusion, ce n’est pas le cas de la chimie qui est désormais presque entièrement, après Ciba et le secteur des vitamines de Roche, absorbée par des groupes étrangers.