Le ralentissement chinois inquiète les bourses
Marchés
Les bourses prennent au sérieux la baisse de la production industrielle en Chine en décembre. Tout comme elles n’apprécient guère le «shutdown» américain. Dans la zone euro, l’Italie, elle, se trouve au bord de la récession

L’année 2019 a commencé plutôt mal pour les places financières. Là où les bourses étaient ouvertes le mercredi 2 janvier, elles ont été hésitantes ou ont reculé, confirmant les doutes qui se sont installés sur l’économie mondiale depuis quelques mois. En Chine, la bourse de Hongkong a plongé de près de 2,77%, celle de Shanghai de 1,15%, et celle de Shenzhen de 0,91%. L’Europe a suivi le mouvement avant de minimiser les pertes alors que Wall Street avait ouvert en forte baisse avant, aussi, de se reprendre quelque peu. Les valeurs de refuge – or, obligations, yen – ont gagné du terrain. La bourse suisse était fermée mercredi.
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La première mauvaise nouvelle est arrivée de Chine. L’indice des directeurs d’achat des entreprises de l’industrie chinoise (PMI) a chuté à un rythme plus élevé que les prédictions des économistes. Cela confirme le ralentissement économique mondial à la suite de la guerre commerciale déclenchée au printemps dernier.
Nouvelles taxes punitives en perspective
Les investisseurs guettent désormais la date fatidique du 29 février, soit la fin de la trêve de 90 jours signée début décembre par le président américain, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping. Les deux dirigeants ont eu des contacts téléphoniques ces derniers jours, que les deux capitales ont décrits comme positifs. Une délégation américaine se rendra dès cette semaine à Pékin pour poursuivre les négociations. Faute de résultat, les Etats-Unis ont promis de passer à la vitesse supérieure en imposant de nouvelles taxes punitives sur les importations en provenance de Chine.
Mais il n’y a pas que les mauvais chiffres de la deuxième économie mondiale. Selon l’AFP, les investisseurs prennent aussi peur face au shutdown, c’est-à-dire la paralysie d’une partie de l’administration américaine, entrée dans sa deuxième semaine, pour cause de manque d’allocations budgétaires. Le blocage pourrait durer. Car, pour l’heure, aucun compromis n’est en vue. Les démocrates – désormais majoritaires à la Chambre des représentants – refusent d’allouer les 5 milliards de dollars que réclame le président Trump pour financer la construction d’un mur anti-migrants à la frontière sud des Etats-Unis.
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Par ailleurs, les marchés attendent les nouveaux chiffres de création d’emplois aux Etats-Unis. Ils seront publiés vendredi. Tout aussi attendue, la discussion publique entre Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), et ses deux prédécesseurs Janet Yellen et Ben Bernanke à la réunion annuelle de l’American Economic Association. Mi-décembre, Wall Street n’avait pas apprécié la tentative du président Trump de miner l’indépendance de la Fed.
Croissance négative en Italie
L’autre mauvaise nouvelle est européenne. Selon l’institut IHS Markit qui traque l’évolution de la production industrielle, celle de l'Italie se situe au-dessous de 50 points pour décembre, soit son troisième mois consécutif sous cette barre. Pour l’agence Bloomberg, il s’agit clairement d’une indication montrant que la troisième économie de la zone euro est sur le point d’entrer en récession; car l’évolution de la production industrielle influence directement le niveau de la confiance et de l’emploi. «C’est une évolution inquiétante pour les entreprises italiennes et rien n’indique un changement positif à brève échéance», a commenté IHS Markit. Les derniers mois ont été marqués par le bras de fer entre Rome et Bruxelles. La Commission européenne a en effet rejeté un budget italien 2019 qui ne respectait pas des règles communautaires.
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L’économie italienne avait déjà enregistré un taux de croissance négatif au troisième trimestre 2018, à -0,1%. Si cette tendance s’est poursuivie au dernier trimestre de l’année, elle aura plongé dans sa troisième récession depuis la crise financière de 2007-2008. Selon l’agence Bloomberg, cette perspective inquiète les places financières de la zone euro, qui fête l’introduction de la monnaie unique le 1er janvier 1999.