En avril dernier, UBS supprimait le département «Sport and Entertainment» pour refondre ses 26 gérants dédiés aux sportifs au sein des équipes existantes. «L'activité a simplement été décentralisée, rassure Monika Dunant, porte-parole du groupe: un sportif en France qui a déjà une relation avec UBS France sera conseillé là-bas». Reste que les banques parlent aujourd'hui plus volontiers de profils de gérants ayant un «bon réseau, de l'entregent», mais n'ayant «pas besoin d'avoir été une star du sport pour inspirer confiance». Elles élargissent leur notion de base, ne rechignant pas à courtiser des sportifs à potentiel sans contrats mirobolants. «A Credit Suisse, il n'y a pas de somme minimale requise pour entamer une relation, indique Jean-Paul Darbellay. Nous construisons la relation avec le développement de la carrière du sportif.» Il constate que «la clientèle s'étend avec le temps à l'entourage du sportif, tel que son manager, voire d'autres partenaires liés au sport ou au sportif lui-même». Credit Suisse a conservé, quant à lui, son service Sports and Entertainment à Genève.
Recruter des vedettes du sport dans les banques fait-il recette?
UBS, Credit Suisse et LODH ont misé sur des sportifs célèbres pour promouvoir leurs services. Reste à savoir si la rentabilité a suivi.
Dans les grandes banques, la gestion de fortune sur mesure pour sportifs a d'abord ciblé les gros patrimoines individuels. Une étude de Scorpio partnership estime le marché des fortunes sportives à près de 900 milliards de francs rien qu'en Europe, dont 90 milliards seraient détenus par les stars du sport en tant que fortune privée, avec un taux de croissance de 18% par an. Credit Suisse Group et UBS avaient mis en place des départements «Sports and Entertainment» respectivement en 1998 et 2000, ciblant à la fois les vedettes du sport et du spectacle. Au lancement, les banques avaient fortement misé sur le recrutement de vedettes du sport reconverties dans la finance, capables de «parler la même langue» que leur clientèle et d'exploiter leurs précieux réseaux de relations: citons les anciens footballeurs Paul Miller et Philippe Hertig et le tennisman Jakob Hlasek engagés par UBS, ou encore Stéphane Oberer, capitaine de l'équipe suisse de Coupe Davis et coach de l'ancien tennisman français Arnaud Boetsch, engagé par Lombard Odier Darier Hentsch & Cie dans son équipe de gestion privée. Depuis deux ans, c'est Arnaud Boetsch, à son tour, qui dirige chez SCS Alliance à Genève un service aux sportifs.
Avec quels résultats? A ce jour, aucune banque n'a communiqué de chiffres sur l'évolution de cette activité. Certains doutent de ces stratégies. «Un sportif aura du mal à démarcher des confrères: il ne ramènera pas à la banque autant de clients qu'espéré», juge Gaël Mahé, associé de Sportfinance, qui côtoie depuis longtemps des footballeurs. Dès lors, il pourrait s'avérer difficile de rentabiliser les coûts fixes que représentent l'infrastructure et les salaires de ces vedettes.