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Le recul de l'inflation fait le jeu des patrons

Si les négociations salariales ont bien démarré, le renchérissement quasi nul d'octobre plombe les futures revendications.

L'inflation? Quasi nulle en Suisse! La hausse des prix n'atteint que 0,3% en octobre, en rythme annuel, alors qu'elle était encore de 1,6% en juin. Ce chiffre publié jeudi par l'Office fédéral de la statistique tombe au mauvais moment. Celui de la saison des négociations salariales, où l'inflation constitue une première base solide pour les discussions.

Octobre étant souvent pris comme référence dans les conventions collectives de travail (CCT) pour l'indexation des salaires, ce très modeste renchérissement pourrait plomber les revendications à venir. «C'est vrai qu'on pourrait en profiter, estime Jean-Pierre Cauvin, directeur du centre patronal vaudois. Mais vu l'excellente situation économique dans de nombreux secteurs, nous estimons que les fruits de la prospérité doivent profiter à chacun.»

Et pour l'heure, hormis dans la construction et aux CFF, le début des pourparlers avec les syndicats se déroule dans le calme. «Coop, les banques et plusieurs entreprises actives dans l'industrie des machines augmenteront les salaires de plus de 2%. Ces résultats son encourageants, car cela représente des hausses moyennes de 100 à 150 francs par personne par mois», estime Serge Gaillard, premier secrétaire de l'Union syndicale suisse (USS), qui tirait un bilan initial «positif» des négociations jeudi.

«La hausse ne peut être uniforme»

En même temps, Migros annonçait qu'il allait accroître sa masse salariale de 2 à 2,5% l'an prochain. Et les négociations ont également abouti dans les techniques du bâtiment (plombiers, monteurs en chauffage). Les employés de ce secteur toucheront une hausse générale de 100 francs par mois en 2007, pour les salaires inférieurs à 5200 francs.

Si les prévisions de l'USS se réalisent - à savoir une hausse des rémunérations nominales de 2,3% -, les travailleurs syndiqués enregistreront une progression de leur salaire réel de plus de 1%, l'inflation étant attendue à 1% l'an prochain. Mais on n'en est pas là. De nombreux secteurs doivent encore se pencher sur la question. Tout comme les plus petites entreprises. «Nous regarderons cela seulement en décembre», glisse Pierre-Alain Schnegg, patron de la société informatique Pro-Concept, qui emploie quelque 140 personnes à Sonceboz (BE).

En outre, les patrons martèlent que la hausse des salaires ne peut être uniforme. «Si vous prenez le commerce automobile, il connaît de véritables problèmes structurels, si bien qu'il faudra en tenir compte dans les négociations salariales», illustre Jean-Pierre Cauvin.

Serge Gaillard, lui, se montre confiant: «Avec les forts gains de productivité et la situation bénéficiaire qui s'est largement améliorée depuis 2004, c'est cette année que nous devons obtenir des progressions salariales. Qu'importe l'inflation d'octobre, le renchérissement étant devenu tellement volatil en raison des prix du pétrole.»