Fini les débats sur l’ampleur des plans de relance. La pression monte désormais sur la régulation de la finance.

Ce jeudi à Londres, dès 7h30, Barack Obama, Gordon Brown, Hu Jinato, Luis Lula, Angela Merkel, Manmohan Singh ou encore Nicolas Sarkozy se retrouveront autour d’une même table. Huit heures plus tard, si l’agenda est respecté, ils devraient se séparer sur un texte qui devrait apporter des réponses à la pire récession qui frappe l’économie mondiale depuis un demi-siècle.

Or hier soir encore, le communiqué des pays du G20 semblait faire l’objet d’intenses négociations, du moins si l’on croit les déclarations de la chancelière allemande et du président français. Paris et Berlin «parleront d’une seule voix. Nous avons le même objectif, tant pour les principes que les modalités. Nous exigeons un résultat, a déclaré Nicolas Sarkozy lors d’un point de presse. A Washington [en novembre], des principes ont été posés. A Londres, nous voulons du concret, des résultats». «Nous ne sommes pas là pour pointer du doigt les responsables», a ajouté Angela Merkel. Cependant, «pour le moment», la régulation des banques, des hedge funds, des agences de notation, et des paradis fiscaux n’est pas suffisamment forte, a-t-elle souligné.

Un objectif «non négociable»

Pour le Français, «il faut une liste [noire], et la marge de négociation c’est de savoir si la liste est publiée tout de suite, ou dans quelques jours». Les deux responsables ont fait de cette nouvelle régulation, un objectif «non négociable». Sans elle, «il n’y aura pas de confiance. Et sans confiance, il n’y aura pas de reprise», selon Nicolas Sarkozy

La veille, le président français avait fait sensation en menaçant de quitter le sommet s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. «C’est embêtant pour moi de partir alors que je viens d’arriver», a-t-il dit hier. Dans la matinée, cette menace avait fait sourire Gordon Brown et Barack Obama, présents devant la presse. «J’ai confiance que le président Sarkozy ne sera pas là ce soir seulement pour l’entrée, mais qu’il restera jusqu’à la fin du souper», a déclaré le premier ministre britannique.

Pour le président américain, «nos différends sont surestimés, nos désaccords ne sont qu’à la marge. Nos convergences, en revanche, sont extraordinaires sur ce qu’il faut faire». Sur le thème cher aux Français et aux Allemands, Barack Obama s’est même montré assez précis: il faut «contrôler non pas la forme juridique des produits financiers, mais le risque qu’ils font courir», tout en précisant vouloir une régulation renforcée et d’ampleur mondiale, comme l’a esquissée la semaine dernière son secrétaire au Trésor. Et Gordon Brown d’ajouter, «nous serons unis. Aujourd’hui nous discutons, demain nous prendrons des décisions. Nous allons nettoyer le système financier». Pour l’Américain, la réunion du G20 sera «historique».

Le rôle de la Chine

Les chefs d’Etat, peu dérangés par les manifestants placés sous le contrôle d’importantes forces de police, ont multiplié les rencontres bilatérales. Signe que l’ambiance, réelle, est peut-être à l’apaisement, Nicolas Sarkozy a rencontré le président chinois Hu Jintao, et ainsi renoué un dialogue rompu depuis plusieurs mois par la question du Tibet. Discrète, mais dotée d’une force de frappe financière considérable, la Chine pourrait jouer un rôle clé lors de ce sommet. Barack Obama, qui a aussi rencontré Hu Jintao, a laissé entendre qu’ils s’étaient entendus sur la question de la régulation financière.

Dans les milieux financiers, cette nouvelle donne semble être prise très au sérieux. Lundi, la Geneva association, une boîte à idées des multinationales de l’assurance, a écrit aux membres du G20 pour leur demander des règles «efficientes», qui tiennent compte des «spécificités» de leur activité. Un projet de communiqué du G20, qui a circulé en début de semaine, consacrait de longs paragraphes au contrôle plus strict de la finance.