Dans plusieurs quartiers de Renens, des places de stationnement ont été temporairement supprimées pour se transformer en arrêts de bus. Il s’agit d’un essai mené conjointement par La Ruche TL, la plateforme d’innovation des Transports publics de la région lausannoise, et la start-up Bestmile.

«Tout est parti de l’adoption, en 2018, d’un postulat dans la commune de Renens, qui demandait l’amélioration de la desserte nord-sud en transports publics. Les trois lignes TL qui traversent la localité forment un Z. A l’intérieur de ce Z, il y a des secteurs qui ne sont pas desservis», raconte Mathieu Menet, responsable de l’innovation à La Ruche TL.

«Nous avons alors décidé d’offrir un service de transport à la demande dynamique et cherché la combinaison magique», reprend-il. L’idée a consisté à mettre en place un service de bus personnalisé. Pour cela, il fallait un associé spécialisé dans l’interaction entre l’intelligence artificielle et la mobilité; ce partenaire existe à quelques kilomètres de là, sur le site de l’EPFL.

La start-up Bestmile est en effet un leader mondial du développement de matrices informatiques pour des projets innovants de mobilité, comme les navettes autonomes construites par la société lyonnaise Navya et exploitées par plusieurs compagnies suisses, comme CarPostal, les TPF à Fribourg, les MBC, qui ont mené des tests à Cossonay dès 2018, ou les TPG à Genève.

Moins de temps pour traverser Renens

Ce service nommé FlexiBus – à ne pas confondre avec les bus longue distance de l’allemand FlixBus – est en phase expérimentale depuis le 2 septembre, et cela, jusqu’au 10 octobre. Un minibus de 23 places sillonne la localité sur un parcours de 47 arrêts, dont 13 nouveaux, qui varient en fonction de la demande. Ce service de micro-transit urbain personnalisé peut être commandé à l’aide de l’application FlexiBus ou par téléphone. Contrairement aux taxis, il ne va pas jusqu’au domicile des clients.

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A bord du véhicule, Anne Mellano, cofondatrice de Bestmile, explique comment cela fonctionne. Lorsque l’on veut commander une course sur l’application, celle-ci indique l’arrêt le plus proche et localise le bus. Elle indique également le temps d’attente jusqu’à la prise en charge et l’heure d’arrivée à la station de destination. «L’algorithme cherche le chemin le plus court entre les lieux de départ et d’arrivée et calcule l’heure de fourniture du service», complète-t-elle. «Notre objectif est de répondre à la commande en moins de dix minutes dans 90% des cas. Pour les trois premières semaines de la phase test, le temps d’attente moyen est de huit minutes. Les clients mettent ainsi beaucoup moins de temps pour traverser la ville que s’ils utilisaient les lignes existantes», ajoute Mathieu Menet.

«Chaque voyage est une surprise»

L’application n’a pas encore été programmée pour payer la course. Pour cela, il faut utiliser les plateformes usuelles des opérateurs de transport. Cette fonction sera ajoutée plus tard si les TL et les communes décident de transformer cet essai mené sur six semaines en offre durable. Pour l’instant, c’est un bus diesel – deux aux heures de pointe – qui assure ce service. Si l’expérience est reconduite, les TL miseront sur un mode de propulsion plus écologique, par exemple l’électricité.

Pour l’heure, ce sont surtout les personnes âgées qui utilisent cette offre de micro-transit urbain, par exemple pour se rendre à la place du Marché, ainsi que les enfants. «Chaque voyage est une surprise. L’itinéraire change chaque fois, la clientèle aussi. Les contacts humains sont plus étroits et les trajets moins monotones», témoigne le chauffeur en service ce jour-là. En d’autres termes, la technologie peut aussi rapprocher les êtres humains.


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