Repères. La spirale de SAirGroup, par Ignace jeannerat
Repères
Il y a quelques jours, nous avions osé en séance de rédaction l'hypothèse que SAirGroup avait coupé son investissement dans Expo.02, ni par rejet de la manifestation, ni par avarice, mais pour faire passer un message. Il fallait ouvrir les oreilles des Suisses, des employés du groupe, des actionnaires, des pilotes suisses, belges et français, bref de tous les concernés, de près ou de loin, par l'avenir de la compagnie.
Le message? SAirGroup a perdu de grosses, de très grosses sommes dans sa politique de prises de participation tous azimuts. Désormais le robinet serait fermé. Et on allait colmater quelques fuites (TAP, Turkish, etc.). Plus important encore, dans cette opération de rééquilibrage, voire même de recentrage, rien ne serait tabou. Ni Expo.02, ni les participations en France et en Belgique, ni peut-être même les immeubles détenus par la compagnie à Cointrin, les salaires du personnel, les primes des pilotes, les dividendes…
Pour cette mission, Moritz Suter, à la réputation de chef d'entreprise parcimonieux, avait l'étoffe du héros. Sauf que l'homme providentiel désigné pour mener l'opération de sauvetage avait fait sienne cette conviction que rien n'était tabou. Ni Swissair, ni le hub de Zurich. Mais le fondateur de Crossair s'est heurté à de solides obstacles. Au point de s'éjecter du cockpit.
L'histoire aurait pu s'arrêter sur cet épisode. Cependant le message que souhaitait passer SAirGroup a pris une autre résonance Il n'est plus seulement question de réajustement de stratégie, de coupes. Le discours et les faits révèlent une situation gravissime, pré-catastrophique. De la mise en garde, on est passé à la panique. Les caisses sont vides. SAirGroup a perdu ses figures légendaires (Bruggisser, Reutlinger et plus tard Suter). Le conseil d'administration est déboussolé, paralysé dans ses actes par des liens politiques et d'affaires qui empêchent les mises à plat. Eric Honegger est débordé par l'ampleur du problème. Aucun vrai spécialiste du transport aérien, ni aucun as du marketing n'est assis à la table. Et plus inquiétant, le «board» ne dispose pas de stratégie claire de rechange. Alors que voit-on? Les administrateurs s'en vont. Les capitaines quittent le navire.
Pour faire de la place aux gens de British Airways ou de Lufthansa? C'est plus que vraisemblable.