L’action UBS s’est envolée mardi à la bourse suisse, atteignant jusqu’à 13,38 francs (+16%), suite aux résultats bénéficiaires de Goldman Sachs publiés la veille au soir, ainsi qu’à des rumeurs de licenciements. A la clôture, l’action de la première banque suisse gagnait encore 15,39% à 13,27 francs. Selon la SonntagsZeitung, la banque suisse, dont l’assemblée générale des actionnaires se tient ce mercredi et qui publiera ses résultats du premier trimestre le 5 mai, envisagerait de supprimer 10'000 postes (sur 77'800 à fin 2008), en particulier dans les services de marketing et de support.

Si la perspective d’une réduction d’effectifs chez UBS a été «accueillie positivement» selon un opérateur zurichois cité par ATS, ce sont surtout les résultats de Goldman Sachs qui tirent un secteur bancaire en verve depuis plusieurs semaines. Mardi matin, l’indice bancaire FTSE Eurofirst progressait de 6,2%; la française Natixis gagnait 13,5%. A Wall Street, Goldman Sachs a gagné 4,7% dans la séance, Citigroup 25% et Bank of America 15,4%.

Goldman Sachs a dévoilé lundi soir un bénéfice net de 1,81 milliard de dollars au dernier trimestre, contre une perte de 2,12 milliards de dollars pour les trois mois précédents. Le résultat (3.39 dollars par action) est supérieur aux attentes (1,33 dollar).

Par ailleurs, la banqe d’affaires a annoncé une augmentation de capital de 5 milliards de dollars, ce qui devrait lui permettre de réunir les fonds nécessaires pour rembourser les 10 milliards de dollars d’aide gouvernementale accordés en octobre, au plus fort de la crise financière. Goldman Sachs est la banque d’affaires qui y a le mieux résisté. Ses dirigeants, comme ceux d’autres instituts financiers, ont manifesté récemment leur intention de rembourser cette aide dès que possible, n’appréciant guère les contraintes qu’elle fait peser sur leur fonctionnement.

Un fonds «secondaire» géant

Goldman Sachs a également rassemblé 5,5 milliards de dollars pour racheter, avec une forte décote, leurs parts aux banques et aux fonds qui ont investi dans des sociétés non cotées. Ce nouveau véhicule, nommé GS Vintage Fund V, est le plus gros fonds «secondaire» (investissant dans les participations détenues par d’autres fonds) jamais lancé, soulignent le Wall Street Journal et le Financial Times. Goldman Sachs espère ainsi bénéficier des difficultés d’autres banques et investisseurs en rachetant leurs actifs qui se négocient actuellement entre 30 et 50% de leur valeur. JP Morgan, dont les résultats seront présentés cette semaine (ainsi que ceux de Merrill Lynch et Citigroup) envisagerait une opération similaire, selon le Financial Times.

La conjonction des résultats et des annonces de Goldman Sachs envoie un signal aux marchés: «Le pire de la crise est derrière nous, il est temps de se positionner pour les bonnes affaires à réaliser». Il y a quelques jours, Wells Fargo, quatrième banque américaine depuis qu’elle a racheté Wachovia, pré-annonçait des résultats trimestriels bouclant sur un bénéfice de 3 milliards de dollars. Des déclarations rassurantes de Citigroup, HSBC, Deutsche Bank et Credit Suisse ont également soutenu les valeurs bancaires, en forte reprise depuis un mois. Ainsi, l’action Goldman Sachs a gagné 45,8% pendant cette période, celle de JP Morgan Chase 68% et celle de Wells Fargo 66%.

Incertitudes

Reste que de grosses incertitudes pèsent encore sur le montant et la valeur réelle des actifs «toxiques» détenus par les instituts financiers. Le département du Trésor mène actuellement un «test de stress» auprès des principaux établissements pour évaluer leur résistance à un fort ralentissement économique. L’économiste Nouriel Roubini a averti que les scénarios chiffrés retenus pour ce test sont trop optimistes. Moody’s communiquait la semaine dernière que le nombre de défauts de paiement des entreprises, en forte hausse, devrait encore monter jusqu’au quatrième trimestre 2009.