Avec une fortune sous gestion totalisant 34,8 milliards de francs à fin 2016, les Fonds de compensation gèrent les avoirs des trois principales assurances sociales de Suisse, à savoir l’assurance vieillesse et survivants (AVS), l'assurance invalidité (AI) et les allocations pertes de gain (APG). Sur ce montant, la fortune de placement (investissements hors trésorerie) proprement dite s’est élevée à 32,4 milliards de francs, le reste étant constitué par des liquidités.

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C’est sur la base de cette fortune de placement que les Fonds de compensation AVS/AI/APG peuvent réaliser des gains ou des pertes selon l’évolution des marchés financiers. L’an dernier, le rendement net, avant frais de couverture, a atteint 5,26%. En déduisant les frais de couverture, servant notamment à se protéger contre les variations de change, le rendement net obtenu s’est élevé à 3,93% pour l’ensemble des placements.

Cette performance a atteint 3,75% pour l’AVS dotée d’une fortune de 29,6 milliards de francs, 2,63% pour l’AI (4,3 milliards de francs de fortune) et 3,85% pour les APG (0,9 milliard). Un résultat d’ensemble qualifié de «réjouissant» par Compenswiss, l’organisation qui chapeaute les Fonds de compensation. A noter qu'en 2016, les Fonds ont dû verser 3 millions de francs à la BNS en raison des taux négatifs prélevés sur ses liquidités. 

Mieux qu’en 2015

L’exercice 2015 avait été moins favorable pour les placements des Fonds de compensation AVS/AI/APG. Le rendement net sur capital investi, hors liquidités, avait atteint -0,77% en 2015, après un gain de 7,1% en 2014.

Pour la suite, Compenswiss se montre prudent pour les perspectives concernant 2017, estimant que les risques politiques et géopolitiques sont plus importants que le risque conjoncturel. L’organisation évoque aussi les incertitudes liées à l’attente de décisions politiques concernant la prévoyance en Suisse.

La réforme de l’AVS jugée cruciale

A cet égard, Compenswiss se réfère à des projections réalisées par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) en l’absence de réforme de la prévoyance vieillesse à l’horizon 2020. Dans un tel cas de figure, le résultat de répartition glisserait progressivement dans les chiffres rouges - à moins de 1 milliard par an jusqu’à 2020, suivie par une nette dégradation les années suivantes.

Risque de trou de 4 à 5 milliards de francs par an en 2025

Le trou avoisinera même 4 milliards en 2025 en l’absence de réforme. Eric Breval, le directeur de l’Office de gestion des Fonds de compensation AVS/AI/APG, avertit des risques liés à une telle dégradation de la situation. «Si la Réforme 2020 ne passe pas et si les chiffres de l’OFAS sont de bonnes estimations, nous allons d’ici environ dix ans saigner de l’ordre de 4 à 5 milliards de francs par année. Il va sans dire que le Fonds de compensation AVS ne tiendra pas longtemps à ce rythme », estime le directeur. Ce déficit ne résulterait pas des performances des marchés mais correspond à la différence entre les rentrées et les sorties d’argent. Une amélioration de la situation sur les marchés financiers ne suffirait pas à compenser ce manque à gagner. «Une remontée des taux ne changerait pas grand-chose», conclut-il.