Les «IPO de l’année» se suivent mais vont-elles se ressembler? En avril dernier, la plateforme d’échange de cryptomonnaie Coinbase entrait triomphalement en bourse, présentée comme le symbole de l’adoption du bitcoin et de ses congénères par le grand public. Résultat, l’action a depuis perdu 25% de sa valeur. C’est maintenant au tour de Robinhood d’incarner la prochaine méga-IPO, avec une valeur qui pourrait atteindre 40 milliards de dollars. Le site de trading a révolutionné le boursicotage en proposant des transactions sans frais. Il se trouve depuis des mois au centre d’un engouement sans précédent pour le trading en ligne mais aussi de multiples enquêtes aux Etats-Unis, notamment pour son rôle dans la saga GameStop. Avec plus de 130 millions de dollars payés ces dernières années pour mettre fin à des poursuites, dont 70 millions mercredi 30 juillet, notamment pour avoir fourni de fausses informations à ses clients aux Etats-Unis.

Son IPO risque surtout d’être une aubaine pour ses dirigeants, qui auront le droit de vendre leurs actions ou une partie d’entre elles dès le premier jour de cotation, selon un document déposé jeudi par Robinhood. Les ventes d’actions par des «insiders» sont généralement interdites pendant une période de six mois lors des introductions en bourse, mais Robinhood a choisi une variante qui offre davantage de liberté, une cotation directe.

L’ex-chef de la SEC payé 30 millions

L’entreprise fondée en 2013 par deux étudiants de Stanford a réservé 35% de ses titres pour des investisseurs individuels, une proportion bien supérieure à la norme. Surtout, Robinhood a lancé en avril un produit financier permettant aux petits porteurs d’acheter des actions avant qu’elles ne soient cotées. Les investisseurs individuels n’y ont généralement accès qu’une fois la cotation effective, mais, sous le couvert de la démocratisation des marchés, Robinhood innove et vend en pratique ses propres actions. Sur sa propre plateforme bien sûr.

L’IPO est préparée avec soin sous la supervision d’une récente recrue de Robinhood: Dan Gallagher, qui a dirigé entre 2011 et 2015 la SEC, l’autorité américaine de surveillance des marchés financiers. Sa rémunération: plus de 30 millions de dollars, essentiellement sous forme d’actions qu’il récupérera au cours des prochaines années.

Dépendante aux «shitcoins»

Le document publié jeudi a également révélé que Robinhood détenait 81 milliards de dollars d’avoirs pour le compte de ses clients, surtout sous forme d’actions. Les cryptomonnaies pèsent pour 11,6 milliards. Les utilisateurs de la plateforme aiment le niveau de risque des cryptos et surtout du dogecoin, dont la seule qualité est d’avoir été soutenue par Elon Musk. Au premier trimestre 2021, un tiers des revenus retirés des transactions sur les cryptomonnaies ont concerné le dogecoin. A tel point que Robinhood mentionne un éventuel déclin du dogecoin comme un sérieux risque pour ses affaires.

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En avril, l’IPO de Coinbase avait coïncidé avec le sommet de la bulle sur les cryptomonnaies. L’introduction en bourse de Robinhood marquera peut-être le début de la fin pour les «shitcoins» comme le dogecoin, qui ne vivent que par l’engouement souvent irraisonné qu’ils génèrent. Ce ne serait pas forcément une mauvaise chose. Sauf peut-être pour les petits porteurs qui achèteront des actions Robinhood.