«L’initiative 1:12, un risque»

Le Temps: Vos récents propos contre l’initiative 1:12, qui vise à instaurer un rapport de un à douze au maximum entre le plus petit et le plus gros salaire d’une entreprise, ont déclenché une vive polémique. Vous avez estimé qu’en cas d’acceptation du texte, 5000 de vos 16 000 collaborateurs verraient leur salaire baisser…

Carsten Schloter: Laissez-moi d’abord vous expliquer notre système de rémunération. Nous comptons au total 19 ou 20 classes de salaire, en fonction du poste occupé et du secteur. Et entre chacune de ces classes, il y a, en moyenne, un écart de 19%.

– Ce chiffre de 19% paraît élevé…

– C’est pourtant nécessaire pour rémunérer de manière juste des collaborateurs lorsqu’ils accèdent à des postes à responsabilité plus élevée. Et en huit ans, contrairement à la plupart des autres entreprises, l’écart n’a pas augmenté chez Swisscom, puisque mon salaire a progressé de 2%, alors que celui de l’ensemble des employés de Swisscom a augmenté de 15 à 16%. Cela dit, il est clair que l’on peut considérer de façon légitime mon salaire comme étant trop élevé et je n’ai aucun problème avec une baisse [ndlr: Carsten Schloter a reçu un salaire fixe stable de 830 000 francs en 2012. En tenant compte de la part variable, sa rémunération totale a progressé, en 2012, de 16,6%, à 1,83 million de francs].

– L’initiative 1:12 risquerait donc de faire baisser les salaires chez Swisscom?

– Il y a un risque que dans les grandes entreprises, ce soit une population nettement plus large de cadres – et pas seulement la direction – qui soit touchée par cette initiative. Mais il est absolument justifié de mener ce genre de débat sur les écarts salariaux et il était grand temps de conférer aux actionnaires le pouvoir de décision sur ce sujet, tel que cela a été réalisé via l’initiative Minder.