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Salon Telecom: les Européens dans l’ombre des Asiatiques

Le salon qui s’ouvre lundi sera marqué par une forte présence chinoise

Anouch Seydtaghia
Anouch Seydtaghia

Dans son bureau du quatorzième étage du siège de l’UIT, Hamadoun Touré pose sur la table son BlackBerry d’un air satisfait. Le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT) est soulagé. Après des premières indications catastrophiques début 2009, le salon Telecom World, qui se tiendra du 5 au 9 octobre à Genève, comptera plus d’exposants que prévu. Ils seront 450 issus de 50 pays et 40 000 participants sont attendus. Ils étaient 150 000 en 2003, lorsque 825 exposants étaient présents… «Bien sûr, la crise est dure et m’a contraint à visiter récemment six pays en dix jours pour rappeler l’importance de Telecom, explique Hamadoun Touré. J’ai vu autant des décideurs politiques que des entreprises». Le Malien, secrétaire général de l’UIT depuis janvier 2007, avait travaillé auparavant, entre autres, à l’Organisation internationale des télécommunications par satellite.

Sur la liste des exposants figurent des trous béants. Nokia, Motorola ou encore Sony Ericsson sont absents. Microsoft a un stand deux fois plus petit que celui de l’Azerbaïdjan, alors même que la firme présentait, en février 2009 au Mobile World Congress de Barcelone, son nouveau système Windows 6.5 pour mobiles… qui sera justement commercialisé la semaine prochaine. «Je comprends que des firmes high-tech aient réduit leurs budgets pour participer à moins de salons, concède Hamadoun Touré. Mais des sociétés telles Cisco ou Ericsson sont présentes en force, de même que de nombreuses sociétés asiatiques.» Le responsable de l’UIT a par ailleurs approché des responsables de ­Google, pour l’heure sans résultat tangible.

Forte présence chinoise

Cette année, 34 entreprises chinoises, dont les grands équipementiers ZTE et Huawei, seront de la partie. Soit environ autant que de firmes suisses. Du coup, la présence du salon en Suisse se justifie-t-elle pleinement? «Les sociétés asiatiques étaient contentes de la tenue du salon à Hongkong en 2006, mais ne sont pas insatisfaites de revenir en Europe: c’est un marché très intéressant pour elles. En chinois, crise signifie opportunités», assure Hamadoun Touré. C’est ainsi China Mobile qui sera le sponsor de la cérémonie d’ouverture.

Pour son 40e anniversaire, Telecom se tiendra, en 2011, à Genève. Et après? «Rien n’est décidé, même s’il est clair que le siège de l’UIT est à Genève. De plus, il serait préférable que ce salon se tienne tous les deux ans.»

Le but serait de maintenir un intérêt constant pour le salon. Reste que la concurrence est rude. A lui seul, le Mobile World Congress – centré sur les téléphones portables – a attiré 1300 exposants et 47 000 visiteurs à Barcelone. «Nous ne sommes pas concurrents, mais complémentaires, se défend Hamadoun Touré. Telecom est le seul événement où les mondes politiques et économiques se rencontrent. De nombreux chefs d’Etat africains seront présents.» Le secrétaire général insiste sur ces échanges: ils doivent permettre aux pays en voie de développement de créer un cadre régulatoire permettant d’accélérer le développement de l’Internet à haut débit «pour éviter une fracture numérique similaire à celle qui a prévalu en téléphone mobile», martèle Hamadoun Touré.

Le responsable de l’UIT estime aussi que les télécoms doivent contribuer à lutter contre le réchauffement climatique via de nouvelles solutions: à Genève, des forums y seront consacrés.