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Avec ses satellites, Starlink tisse davantage sa toile en Suisse

L’exploitant californien de flottes de satellites dirigé par Elon Musk a signé un accord avec l’opérateur helvétique Salt. En parallèle, il commercialise déjà son accès à internet dans tout le pays

Une fusée Falcon emportant des satellites de Starlink. — © DR
Une fusée Falcon emportant des satellites de Starlink. — © DR

Les satellites de Starlink se rapprochent un peu plus de la Suisse. La société dirigée par Elon Musk proposait déjà depuis des mois son accès à internet à partir de l’espace aux consommateurs suisses. D’ici peu, il offrira également un service de téléphonie mobile aux clients de l’opérateur helvétique Salt , le troisième du pays en nombre d’abonnés. Sans faire beaucoup de bruit, la firme californienne tisse ainsi une toile de plus en plus fine dans le ciel, commençant ainsi à concurrencer les opérateurs télécoms traditionnels.

L’accord annoncé mercredi par Salt est une première en Europe. L’opérateur de téléphonie mobile basé à Renens (VD) sera le premier du continent à profiter des satellites de Starlink pour offrir davantage de services à ses clients. Salt parle de «couverture totale du territoire suisse» grâce à la technologie satellitaire. Aujourd’hui, l’opérateur, fort de 1,449 million d’abonnés en téléphonie mobile, revendique une couverture de la population de 99,9%. Par contre, comme Swisscom et Sunrise, Salt propose une couverture du territoire total moindre – mais sans la chiffrer.

Lire aussi: Les satellites d’Elon Musk concurrenceront Swisscom

Pour tous les téléphones

C’est là où son réseau est faible ou inexistant que les satellites de Starlink prendront le relais des antennes traditionnelles. Salt évoque des endroits actuellement difficiles à couvrir, «notamment dans les montagnes, les vallées et les zones rurales telles que la région du grand glacier d’Aletsch en Valais et le canton des Grisons.» L’opérateur suisse l’assure, tous les téléphones actuels pourront se connecter aux satellites américains, ceux-ci devant proposer les mêmes fréquences que celles utilisées sur terre.

Ce service, qui doit être lancé en 2024, sera disponible gratuitement pour les clients ayant des abonnements «premium» chez Salt, mais l’opérateur ne les définit pour l’heure pas. Les autres devront payer une somme supplémentaire non définie. Dès l’année prochaine, l’envoi de SMS via Starlink sera ainsi possible. L’année suivante, les appels et l’accès à internet seront aussi proposés par satellite.

Complément «intéressant»

«Utiliser Starlink en complément du réseau existant est intéressant. Il permet d’éviter de tirer des câbles en fibre optique et d’ériger des antennes de téléphonie mobile dans des régions isolées. Reste à savoir si cela permettra vraiment de créer un réseau complet et sans faille dans toute la Suisse», estime Oliver Zadori, spécialiste télécom au sein du site de comparaison Dschungelkompass.ch. A noter que Salt évoque aussi des services de roaming à l’étranger via Starlink.

Un parallèle est à faire entre ces services futurs et ce que développe Apple: aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Allemagne, en Irlande et au Royaume-Uni (il n’y a pas encore de date de lancement en Suisse), les iPhone les plus récents (modèles 14) peuvent envoyer des SMS aux services de secours, via satellite. Apple a signé un accord en ce sens avec l’opérateur américain Globalstar.

Témoignage en Valais

Aujourd’hui, environ 4000 satellites de Starlink ont été déployés en orbite basse, Elon Musk ayant l’ambition d’en mettre plus de 20 000 au total en service. En décembre 2022, Starlink atteignait le million d’utilisateurs. Parmi eux, il y a des Suisses, qui payent un abonnement de 94 francs par mois, plus un forfait unique de 672 francs pour le kit de démarrage. Le débit moyen pour les données est de 100 à 150 Mbit/s, suffisant pour un ménage.

Contacté par Le Temps, un habitant d’une vallée alpine en Valais raconte son expérience: «Sans connectivité par fibre optique, avec de gros problèmes dans l’accès par le câble car je suis en bout de ligne, et avec des antennes 5G et 4G qui sont trop lointaines, j’ai opté pour ajouter un accès Starlink. Tant le débit descendant (téléchargement), que le débit montant (téléversement), devenu critique pour l’envoi de gros fichiers telles les vidéos, sont excellents. Bien qu’en vallée, avec montagnes, maisons et forêts voisines, en plaçant l’antenne sur une perche improvisée à 3 mètres, les liaisons avec les satellites sont parfaites.»


Incertitudes en Ukraine

Dans quelle mesure l’armée ukrainienne pourra-t-elle continuer à utiliser l’accès à internet fourni par Starlink? La question demeure après qu’Elon Musk a annoncé, début février, des restrictions dans l’utilisation de ses services. Environ 25 000 terminaux de connexion ont été livrés en Ukraine, utilisés tant par des civils que par des militaires.

Début février, Elon Musk a demandé à l’Ukraine de ne plus employer la connectivité de Starlink pour contrôler des drones destinés à mener des attaques, provoquant la colère de Kiev. Des discussions sont en cours à ce sujet. «Starlink est la colonne vertébrale de communication de l’Ukraine», avait tweeté Elon Musk avant d’affirmer que SpaceX «ne permettra pas l’escalade d’un conflit qui pourrait conduire à la troisième guerre mondiale».

Lire également: L’Ukraine peut-elle encore compter sur les satellites Starlink d’Elon Musk?

Fin décembre 2022, Elon Musk avait par ailleurs annoncé que près d’une centaine de terminaux internet du réseau Starlink étaient actifs en Iran, afin d’aider la population à contourner les restrictions de connexion imposées par le régime.