L’économie, en Suisse et dans le monde, sera mise à l’épreuve sur tous les fronts au cours de cette année: emploi, industrie, finance, régulation et climat. Des défis herculéens, au vu des risques conjoncturels et politiques qui se profilent. La rubrique économique du «Temps» en a identifié douze, pour lesquels elle se risque au jeu des pronostics.

Le premier volet: Au travail en 2020: des paniers de fruits, mais du sens aussi

2100, 2050 ou 2030. Parfois même 2025. Mais pas 2020. Aucun des objectifs de réduction des émissions de CO2 que se sont fixés en 2019 les gouvernements et les entreprises ne vise cette année. Personne, sauf quelques rares exceptions, ne sera zéro carbone.

2020, c’est l’an 1. L’année où l’on est censé se rapprocher d’une économie dont l’activité ne nuit pas à l’environnement. En termes d’engagements écologiques, 2019 aura été l’année la plus intense de l’histoire industrielle. Les résultats devraient commencer à se voir. Jusqu’ici, cela n’a pas été le cas. Les émissions progressent, tout comme la déforestation ou la production de plastique. Et les prévisions ne laissent pas entrevoir de vrai changement.

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Pourtant, dans l’UE, en Suisse, au Japon et même en Chine, premier pollueur du monde, des milliards devraient pleuvoir sur les énergies renouvelables, les cleantechs et tous les processus visant à décarboniser l’économie et à compenser ses effets. Les Allemands, par exemple, se sont décidés il y a quelques jours: cette année, les taxes sur les billets de train longue distance vont baisser et des incitations financières seront mises en place pour l’isolation des bâtiments et les voitures électriques.

Sur le plan institutionnel, novembre sera sans conteste le mois le plus chaud pour le climat. Le 9, les gouvernements se retrouveront à Glasgow pour la COP26, dont l’issue ne peut pas être moins timide que sa prédécesseure à Madrid.

La planète vote démocrate

Et même si les décisions prises sont plus offensives qu’à la COP25, elles seront moins cruciales pour l’avenir de la planète que l’échéance du 3 novembre, jour de l’élection présidentielle américaine. Celui où le monde saura si le climatosceptique Donald Trump obtiendra un nouveau mandat présidentiel.

Personne n’ignore que sous sa présidence, les Etats-Unis sont sortis de l’Accord de Paris. Concrètement, sur le terrain, il y a des conséquences. Afin de soutenir les secteurs miniers et pétroliers, ou au moins de leur simplifier la vie, son administration a, pêle-mêle, allégé les lois contre la déforestation en Alaska, détricoté celle contre la propagation du méthane et proposé d’en réformer deux autres. Celle pour la protection des espèces menacées ainsi que le Clean Water Act, qui offre des garanties sur la propreté de l’eau dans le pays.

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Trump, un désastre pour l’environnement? 2019 aura aussi été celle de la fonte record des glaciers. A une collègue qui l’interrogeait sur cette accélération, un scientifique est sorti de ses gonds académiques. Pour lui, le président américain est l’homme à abattre. «Il faudrait qu’il disparaisse!»

Nous n’irons pas jusqu’à soutenir ce propos. Mais il a le mérite d’être clair et succinct. Si l’on veut faire fléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre rapidement, il faut commencer par ne pas le laisser œuvrer à la destinée d’un pays qui émet à lui seul 14% du total des émissions de CO2.

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